Volume 19

Rencontre du troisième type

La théorie de l’immortalité physique, c’est d’abord le personnage qui la porte, corps et âme. Quartier Libre s’est entretenu avec Ghis, « feu la citoyenne Ghislaine Lanctôt », de passage au Salon du Livre de Montréal pour y rencontrer son éditeur français.


 

 

 

« Je ne suis plus ce que l’on voit, donc je ne me fais plus prendre en photo », avance Ghis lorsqu’elle décline la proposition de lui tirer le portrait. Courtoisie Ghis

 

 

 

 

Quartier Libre : Qui êtes-vous, Ghis ?

Ghis : Je suis Diesse, qui est la contraction de divin et de déesse. C’est-à-dire une personne souveraine sous la seule gouvernance de son âme, créatrice d’elle-même.

Quartier Libre : Votre réflexion sur l’immortalité physique est-elle une quête ?

G. : Pas du tout. Je ne cherche rien, j’ai trouvé, c’est évident et c’est en moi ! Le défi de mon humanité reste de manifester dans la matière l’immortelle que je suis. Est-ce que le programme de mort va me rattraper avant que j’y parvienne tout à fait ? Peut-être. Mais ça n’a pas d’importance, je n’ai rien à prouver, j’ai à faire.

Quartier Libre : Programme de mort ?

G. : L’être humain est un être de transition entre l’animalité et la diessité. Nous possédons tous les attributs de l’immortalité. Mais tout un programme de survie existant depuis l e début de l ’humanité nous empêche d’y accéder. Ce programme, c’est travailler, vieillir, souffrir et mourir.

Quartier Libre : Et vous proposez d’y échapper par la transformation physique vers la «vie-sans- mort ». Concrètement, comment la matière corporelle devient-elle immortelle ?

G. : En chacune de nos cellules nous sommes séparés de notre âme, c’està- dire de qui nous sommes vraiment. En nous le rappelant et en agissant en adéquation avec notre âme, nous nous unifions. C’est difficile à concevoir avec le mental parce qu’il divise tout. Ça ne peut pas se comprendre, ça se vit. C’est long et complexe, et je ne cherche pas à convaincre, seulement à informer.

Quartier Libre : Vous vous gardez au moins à l’abri des accusations de prosélytisme !

G. : J’agis en être diessique, cohérente avec qui je suis. Je fais fi du scepticisme. Le choix de la jument ailée comme symbole de l’être éternel parfait, par exemple, peut susciter la moquerie. Peu importe! Un ami l’a dessinée, l’image m’inspirait et mon âme m’indiquait de la choisir.

Quartier Libre : La gouvernance de l’âme telle que vous la concevez, n’est-ce pas l’individualisme à son paroxysme ?

G. : L’individualisme, c’est quand on obéit à notre ego. Or en obéissant à notre âme, il ne peut y avoir que des situations parfaites. Une fois l’univers transformé et l’immortalité advenue, il n’y aura plus de divergence parce que l’âme est la vérité. Je ne peux pas vous l’expliquer, mais l’âme sait. Alors que le mental divise, les personnes qui seront sous la gouvernance de leur âme seront unies, puisqu’il n’y a qu’une vérité.

Quartier Libre : Vous rejetez toute autorité extérieure à celle de votre âme. Au quotidien, qu’est-ce que cela implique ?

G. : Il y a un contrat tacite entre l’État et le citoyen: le premier procure services et protection au second en échange de quoi celui-ci se soumet à tous les devoirs et à toutes les obligations qui lui sont prescrits. Le prix de ce contrat – l’assujettissement – était trop élevé, j’y ai donc mis fin. Ça veut dire d’abord renoncer à tous les privilèges et à tous les droits du citoyen. Je n’ai pas d’assurance maladie, pas de pension, pas de permis de conduire, de passeport…

Quartier Libre : Et les obligations qui lient le citoyen à l’État ?

G. : J’y ai mis fin par le fait même, c’était le but. J’ai cessé de produire des déclarations de revenus en 1995.

Treize ans plus tard, j’ai été arrêtée.

J’ai expliqué au juge qu’il n’avait pas juridiction sur moi puisque je me trouve sous la gouvernance de mon âme, seule autorité légitime. J’ai quand même été incarcérée deux mois. À ma sortie en mai 2008, j’ai fait mourir la citoyenne Ghislaine Lanctôt par avis de décès.

Quartier Libre : Vous dénoncez vertement la mainmise d’une poignée de puissants, « l’élite », sur la population mondiale. Comment évitez-vous toute collaboration à leur système ?

G. : Ma démarche est en développement, j’y vais par étape. Par exemple, bien que je conduise sans permis, je dois quand même acheter de l’essence, donc contribuer à la taxation.

L’important, c’est de me souvenir de qui je suis et de me comporter comme tel.

Quartier Libre : D’accord, mais concrètement, n’êtes-vous pas en contradiction avec ce que vous prônez ?

G. : Je n’ai pas encore de solution à tout. Ma démarche n’est pas absolument aboutie, aujourd’hui je peux dire qu’environ 80 % de ma vie se passe sans taxe. C’est en évolution constante. Je mets en oeuvre chaque jour le principe de diessité et me rapproche ainsi de l’immortalité physique.

Mon essentiel est là !

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