À 24 ans, Annabelle Brazeau vient de publier sa première bande dessinée, Astra, en autoédition. La titulaire d’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQAM a exploré plusieurs régions du Québec ces dernières années, ce qui nourrit aujourd’hui son travail. À quelques jours du FBDM, où elle compte parmi les exposant·e·s, Quartier Libre l’a rencontrée.
Quartier Libre : Pour commencer, quelle est ton histoire avec la bande dessinée ?
Annabelle Brazeau : Je suis une grande lectrice de bande dessinée depuis le cégep, surtout celles des éditions Pow Pow et de La Pastèque, mais je n’avais pas du tout l’intention d’en faire moi-même. Quand j’ai eu un accident de voiture, en janvier 2022, j’ai écrit un texte pour me libérer de ce que j’avais vécu, puis j’ai eu envie de mettre cette histoire en bande dessinée. Finalement, j’ai aimé le support, alors j’ai eu envie de continuer.
Q.L.: De quoi parle cette bande dessinée, justement ?
A.B. : Mon accident de voiture constitue le point de départ. Sur le moment, j’étais intacte, mais je me suis ensuite rendu compte que j’avais développé des petites peurs, des obsessions. La bande dessinée représente toutes celles que mon accident a engendrées, et elle me permet de les extérioriser.
Q.L.: Pourquoi avoir choisi l’autoédition pour ton premier ouvrage ?
A.B. : Parce que c’est ce qu’il a de plus accessible. J’ai contacté l’autrice de bande dessinée Iris Boudreau, car je voulais une mentore qui me suive dans mon travail, et elle m’a conseillé de faire plusieurs petits zines[1] plutôt qu’une grande bande dessinée. L’autoédition permet aussi de rendre le projet plus concret, et de ne pas avoir à faire de compromis sur le contenu. Il y a aussi l’aspect financier : une autrice ou un auteur publié en maison d’édition ne touche qu’un plus petit pourcentage du prix de vente de son livre; ce pourcentage est plus important dans l’autoédition. En faisant ce choix, je peux toucher une somme plus élevée sur chaque exemplaire vendu, même si c’est sûr que je vais en vendre moins que si j’étais publiée par une maison d’édition. C’est un équilibre financier à trouver.
Q.L.: Tu vas compter parmi les exposants du FBDM, comment appréhendes-tu cette expérience ?
A.B. : Je suis vraiment contente, car ça va me permettre d’entrer en contact avec des gens du milieu de la bande dessinée au Québec, où tout le monde se connaît plus ou moins, et de me faire un petit réseau. À côté de ça, rencontrer les visiteurs est ce qui me stresse le plus, car c’est la première fois que je présente mon travail.
Q.L.: Quels sont tes projets futurs en ce qui concerne la bande dessinée ?
A.B. : J’aimerais vraiment être éditée par une maison d’édition. L’histoire que je viens de sortir va compter trois tomes, et j’aimerais vraiment qu’ils soient publiés en un seul volume. En ce moment, j’effectue des recherches sur le Cyclorama de Jérusalem, sur lequel va porter le deuxième tome. Ça me fait vraiment du bien de travailler là-dessus, et je n’ai pas encore vraiment d’idée pour une prochaine bande dessinée.
Q.L.: Pour finir, aurais-tu des conseils pour celles et ceux qui aimeraient se lancer dans la bande dessinée ?
A.B. : Me trouver un mentor m’a beaucoup aidée. J’ai contacté une autrice que j’aime beaucoup, et ça a fait toute la différence. Pour ne pas se décourager, je conseillerais aussi de faire des petites histoires de moins d’une dizaine de planches au début, et de conserver ses grandes idées pour plus tard. Enfin, il y a plein de cours de bande dessinée à Montréal, comme au Collège de Rosemont, à l’Université de Montréal, ou dans les centres d’artistes.
[1]. Selon l’Office québécois de la langue française, un zine se définit comme une « publication à diffusion restreinte (faible ou moyenne) dont la périodicité est irrégulière et qui est éditée par un petit groupe de personnes sur des sujets qui les passionnent (bandes dessinées, science-fiction, cinéma, musique, artistes ou auteurs favoris) ».
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