À la suite d’une présentation d’une quinzaine de minutes, le président du CRSNG a échangé avec les professeurs, administrateurs et étudiants présents dans la salle pendant près de deux heures.« Nous devons tous travailler ensemble et saisir de nouvelles opportunités si nous voulons obtenir un financement d’échelle, souligne le D r Pinto plusieurs fois. Comment s’assurer la pérennité de notre financement ? »
Durant sa conférence, le Dr Pinto a invité les membres de la communauté de la recherche scientifique de l’UdeM à envoyer des messages en ligne afin d’élaborer la stratégie finale du CRSNG. « La stratégie est simple, vous allez m’écrire, je synthétise les réponses et je fais de la représentation auprès des élus afin d’obtenir ce dont vous avez besoin, explique-t-il. Nous devons avoir des messages clairs et singuliers. »
Selon le professeur au Département de physique Normand Mousseau, il existe toutes sortes de manières de construire des réflexions . « Si on regarde la réunion d’aujourd’hui, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire pour construire ce type de réflexion, pour dépasser les banalités », croit-il.
Éducation scientifique
Le président du CRSNG indique vouloir favoriser la culture scientifique au Canada.« Sans cela, nous n’aurons jamais le financement nécessaire auprès du gouvernement, avance le Dr Pinto. Il faut le faire jusqu’à ce que le sigle STEM [NDLR : Science-Technologie-Engineering-Mathematics – Science, technologie, ingénierie et mathématiques] devienne un mot reconnu. Nous étendrons les mesures de promotion de la science auprès des jeunes de la garderie jusqu’en douzième année. Nous sensibiliserons aussi les parlementaires. »
Selon Normand Mousseau, la présentation de ce point contenait des contradictions. « Si je regarde l’aspect communication, il faut parler à l’ensemble des Canadiens et ensuite vous restreignez tout ça aux jeunes, aux moins de 15 ans », a-t-il affirmé en réunion.
Et les étudiants dans tout ça ?
Le coordonnateur à la recherche de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM, Nicolas Bérubé, a demandé durant la réunion quelle serait la place des étudiants au sein des comités du CRSNG. « Je ne peux pas m’empêcher de faire des parallèles avec les fonds de recherche du Québec, pour lesquels les étudiants ont des sièges réservés sur les comités et les conseils d’administration afin de préserver la perspective étudiante, et c’est quelque chose de très apprécié considérant que les étudiants font leur part de recherche à la maîtrise et au doctorat, a-t-il affirmé. Je me demandais, au Canada, quelle place vous comptez réserver aux étudiants considérant que cela n’existe pas. »
Selon les principes régissant la composition des comités permanents du CRSNG, au moins un « jeune chercheur » doit siéger aux comités permanents. « Beaucoup de nos comités ont des diplômés postdoctoraux et des étudiants qui siègent parce que nous valorisons cette contribution », a rétorqué le Dr Pinto.
Le professeur au Département de physique Richard Mackenzie s’est inquiété pour sa part de la baisse des bourses d’études du CRNSG, et également de celles concernant les postdoctorants. « 2 500 bourses étudiantes en 2011, 1 500 cette année. […] Est-ce que cette tendance se renversera ? », s’interroge-t-il.
Le Dr Pinto a envoyé une réponse claire. « Oui absolument, a-t-il répondu. Nous admettons qu’il doit y avoir une augmentation à ce niveau. »
En misant sur une base de recherche diversifiée et concurrentielle grâce à la recherche axée sur la découverte, le CRSNG compte notamment favoriser la présence des femmes en recherche (voir graphique), et des communautés autochtones, selon la présentation de la stratégie.« Cela peut être une bonne stratégie [NDLR : pour assurer notre financement], parce que plusieurs régions du Canada peuvent s’unir autour du même intérêt pour la science », affirme le directeur.
Recherche appliquée ou fondamentale ?
Des questions ont également été posées sur le financement de la recherche fondamentale. À ce sujet, le CRSNG veut renforcer la synergie entre la découverte et l’innovation, selon le document de présentation. « Je sens depuis de nombreuses années que le soutien à la recherche fondamentale a tendance à stagner pour laisser la place à d’autres programmes qui prônent l’innovation, qui sont formidables aussi, de partenaires avec l’industrie, etc. Mais sans le cœur [NDLR : sans la recherche fondamentale], à long terme on ne pourra pas continuer », affirme le professeur au Département de mathématiques de l’UQAM François Bergeron.
Le Dr Pinto a observé quant à lui que les récents discours politiques faisaient de plus en plus référence à la recherche en découverte. « Quand j’ai commencé, je disais aux gens que tout ce que je voulais, c’était que le mot recherche fondamentale fasse partie du lexique des ministères , assurele président du CRSNG.[…] C’est un bon départ, je ne désespèrerai pas. Mais premièrement, je prendrai une approche plus proactive, agressive. Ne dites pas que la recherche fondamentale est dévaluée, dites qu’elle est absolument essentielle. »
La tournée de 16 conférences se terminera le 14 mai prochain à l’Université Laval.