Volume 21

(infographie : Ludivine Maggi)

Quoi de neuf, docteur?

Près de 6 % des étudiants de l’UdeM s’engagent dans la voie du doctorat. Toutefois, des doctorants décident d’abandonner leur thèse en cours de route, notamment pour des raisons économiques. L’Université et la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM) déclarent que des efforts sont faits afin de mieux répondre aux besoins des étudiants.

L’année dernière, 650 étudiants de l’UdeM ont obtenu leur doctorat. Selon le vice-doyen exécutif de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, Richard Patry, les inscriptions au troisième cycle ont augmenté de 20 % depuis les dix dernières années.

Cependant, près de 40 % des doctorants de l’UdeM finissent par abandonner leur thèse. « L’abandon est un problème sérieux sur lequel l’Université travaille», avance M. Patry. Parmi les causes soulevées, la question financière occupe une place de premier plan.

L’étudiant partage souvent son temps entre sa thèse et un emploi. Cependant, des bourses sont distribuées pour soutenir financièrement les étudiants. Ce n’est pas ce qui manque, explique M. Patry. « L’UdeM distribue des bourses à près de 5000 étudiants, souligne-t-il. Cela ne s’arrête pas là. Les bourses disponibles provenant du fédéral, du provincial ou de fondations privées sont listées par centaines sur le site internet de l’UdeM.»

Répartition inégale des bourses

Roger Alfani, doctorant en sciences des religions et père de deux jeunes enfants, regrette que les bourses destinées aux familles soient réservées aux mères uniquement. M. Alfani fait référence à la bourse de maternité destinée aux doctorantes enceintes. Selon lui, il existerait donc une répartition inéquitable des bourses. Le docteur en communication Cheick Oumar Traoré soutient que c’est le cas. «Un étudiant étranger se voit régulièrement refuser des bourses à cause de son statut d’immigré bien qu’il possède un dossier académique aussi impeccable qu’un étudiant résidant», déplore-t-il.

D’autres éléments peuvent jouer en défaveur des candidats pour l’obtention de bourses, comme le manque de certaines expériences sur un curriculum vitæ. «Avoir été rédacteur d’articles ou conférencier, par exemple, sont des avantages pour l’étudiant, déclare le doctorant Roger Alfani. Choses que je n’ai pas faites. Si j’avais su.» Ce sont des activités à privilégier avant et pendant son doctorat, conseille-t-il.

La durée normale des études doctorales est de quatre à cinq ans. L’étudiant moyen l’effectue en six ans et demi. Les plus rapides sont récompensés par des bourses de mérite. Tel est le cas de M. Traoré. «Ayant terminé mon doctorat en trois ans et demi, j’ai pu bénéficier de trois bourses supplémentaires », explique-t-il.

Des ressources disponibles

La FAÉCUM est une des instances qui dessert la communauté doctorante à plusieurs niveaux. Afin d’encourager les contacts humains pour briser l’isolement qui accable les doctorants, elle organise des activités sociales destinées aux cycles supérieurs. La Fédération met aussi à leur disposition des documents pour les aider à postuler pour des bourses, régler un malentendu avec leur directeur de projet, et demeure à l’écoute des besoins ainsi que des plaintes des étudiants.

D’autres services sont disponibles à l’UdeM. «L’aide au placement, l’offre de cours pour développer des compétences transversales comme la gestion de projet, les relations avec les médias ou les demandes de financement, par exemple, mais aussi l’École d’été pour les doctorants, des journées de réseautage ou des séminaires pour favoriser l’insertion professionnelle sont des aides pour les doctorants», énumère la coordonnatrice aux affaires académiques des cycles supérieurs de la FAÉCUM, Maud Laporte-Roy.

Le vice-doyen, M. Patry, révèle que le soutien va être renforcé à partir de l’automne prochain avec l’implantation du Groupe de soutien à la réussite. «C’est une stratégie institutionnelle destinée entre autres aux étudiants du troisième cycle, expose-t-il. C’est une consolidation de plusieurs services, dont le Centre de santé et consultation psychologique de l’UdeM.» Il explique aussi que l’UdeM soutient de plus en plus les directeurs de recherche au doctorat afin «de les conscientiser aux questions actuelles et de leur donner des formations dans l’intérêt des étudiants», dit-il fièrement.

La direction que prend un projet de recherche est évaluée lors de la deuxième année d’études. L’examen général de synthèse, étalé sur quatre à six semaines, évalue l’adaptation, le rendement de l’étudiant dans l’avancement de sa recherche et la qualité de celle-ci. «C’est une épreuve très stressante, car un échec est lourd de conséquences, explique Maud Laporte-Roy. L’étudiant peut se voir refuser de poursuivre ses études.» Elle précise toutefois qu’environ 90 à 95 % des doctorants réussissent à surmonter cette épreuve.

Le stress qui accompagne la poursuite d’études doctorales n’est qu’une parcelle de la réalité, car le sentiment de satisfaction qu’on peut en retirer est pour plusieurs supérieur. « Compléter un doctorat est un signe d’accomplissement incroyable, avance Mme Laporte-Roy. Pour toutes les épreuves à travers lesquelles l’étudiant passe, mais aussi pour toutes les connaissances que ça apporte. » Elle ajoute qu’il est important de « savoir ce qu’on veut faire avec son projet de recherche » avant de commencer ses études afin qu’il soit évocateur de sens.

L’approche réflexive au doctorat est un processus en continu. Au fur et à mesure que la recherche progresse, les éléments superflus tombent. «Mes études m’ont permis de donner un sens à ce que j’étudiais, commente le doctorant en sciences des religions Roger Alfani. Je travaille sur un sujet qui me passionne et le doctorat, contrairement aux autres cycles d’études, me permet de faire de la recherche sur le terrain, de récolter des éléments pratiques.» Le doctorant souligne que ses recherches lui ont permis de remettre en question certaines connaissances qu’il croyait être réelles, et d’autres, lues dans des livres.

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