« J’ai déjà eu besoin de financement pour un projet dans le passé, alors je tiens à encourager mes amis qui se lancent à leur tour », soutient la titulaire d’un certificat en santé et sécurité au travail de l’UdeM Ingrid Rissoan. Cette dernière a contribué en 2017 à la campagne de sociofinancement du troisième album de l’auteure-compositrice-interprète jazz Annie Comtois. « Je suis particulièrement touchée quand il s’agit des causes créatives », ajoute-t-elle.
Elle n’a toutefois jamais financé le projet d’une personne inconnue. « Il faut que ce soit un produit que j’aimerais vraiment voir sur le marché pour contribuer fiancièrement », précise-t-elle.
Même son de cloches du côté de l’étudiante au baccalauréat multidisciplinaire en musique et psychologie à l’UdeM Laura Molzan. Elle a donné son appui à la campagne du groupe musical Perdrix* en 2017. « Ce sont des amis avec qui j’ai étudié, c’était donc important pour moi de les aider », explique-t-elle. Soutenir la musique locale et francophone est aussi l’une de ses motivations. « Je sais ce que c’est que d’essayer de se faire une place dans le milieu et c’est important pour moi que mes proches puissent y parvenir », confie-t-elle.
Modèle différent
La professeure en philanthropie et gestion des entreprises culturelles à HEC Wendy Reid explique la différence entre le modèle traditionnel de financement et le sociofinancement. « Dans le modèle traditionnel, présent depuis plusieurs décennies dans le domaine des arts, on s’appuie sur des bases de données pour approcher les gens qui ont déjà manifesté un intérêt pour l’organisation en assistant à un spectacle, à un concert ou à une exposition, affirme-t-elle. On développe une relation avec eux et on espère obtenir leur soutien. » Elle indique que le financement participatif ou sociofinancement a lieu, quant à lui, sur une période donnée avec un objectif fixe, et la plupart de temps, l’entourage est visé.
Le groupe de musique Saligaude a lancé une campagne de sociofinancement pour réaliser son premier album, sorti cet hiver. L’étudiant au baccalauréat en écriture à la Faculté de musique de l’UdeM Olivier Renaud a choisi de lui donner un coup de pouce. « Je suis particulièrement touché par le rôle qu’il veut jouer dans la communauté, admet-il. Il souhaite amener un changement à la musique traditionnelle pour la faire évoluer et ainsi repositionner certaines valeurs dans un nouvel environnement. »
Selon Olivier, le sociofinancement rejoint une tendance dans l’économie moderne, celle de rapprocher le producteur du consommateur à un stade particulier d’un projet. « Le fait de contribuer au projet d’un artiste a un effet important sur sa production finale », précise-t-il. Il affirme que cette façon de financer demande l’implication et la confiance du consommateur à un moment sensible du processus de production d’un album.