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Quel lien existe-t-il entre l’implication sociale étudiante et l’anxiété ?

L’étudiante au baccalauréat en administration des affaires à HEC Amy Guyon de Chemilly a reçu la médaille du Lieutenant-gouverneur pour la jeunesse. « On s’implique pour différentes causes, on le fait par motivation intrinsèque, parce que ça nous fait plaisir d’aider, parce qu’on veut avoir un impact, parce qu’on veut redonner et on ne s’attend pas forcément à ce qu’il y ait un retour, une reconnaissance », témoigne-t-elle. Cette médaille récompense « l’engagement bénévole soutenu et l’attitude inspirante ayant des répercussions positives dans la société. » *

Le professeur agrégé de clinique au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’UdeM Lionel Cailhol, également chef du Département de psychiatrie pour le CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal, reconnait les bienfaits de l’implication sociale sur l’anxiété. « L’implication sociale a un gros avantage, souligne-t-il. Plus on s’implique socialement, plus on est soudé aux autres et plus on diminue l’anxiété. On améliore sa qualité de vie. »

Le professeur aborde la liberté, et notamment la question identitaire, comme vecteur d’anxiété. « L’une des choses frappantes avec la génération d’étudiants à laquelle on est confronté est son implication sociale, mais aussi le degré de liberté auquel elle est confrontée, explique-t-il. La liberté de mœurs est accrue quand on pense à la liberté de genre, par exemple. Le champ des possibles est important, mais quand il y a de la liberté, il y a de l’anxiété. La liberté n’est pas un gage de bonheur, elle vient avec son lot d’angoisses existentielles. »

Cailhol ajoute que définir son identité est probablement plus compliqué aujourd’hui qu’hier. « Ce que nous devions être ou faire était plus normatif », déclare-t-il au sujet des sociétés antérieures. Au-delà de l’identité de genre, il suppose que l’identité professionnelle, résultat des changements de carrière que permettent nos sociétés actuelles, génère également de l’anxiété. « On a beaucoup plus de questionnements identitaires », révèle le professeur.

Si M. Cailhol admet qu’aujourd’hui, le poids sur l’individu et ses valeurs est plus grand, il se questionne également sur le rôle des réseaux sociaux face à l’anxiété. « Est-ce une source d’angoisse, de soutien ou les deux ? », se demande-t-il.

Prévenir l’anxiété avec l’implication sociale ?

Selon le professeur au Département de psychologie de l’UdeM Jean-Sébastien Boudrias, distinguer anxiété et tristesse est important. « Ce qui génère l’anxiété ou l’angoisse, c’est quand il y a un écart entre comment on est ou comment est la situation, et comment on pense que l’on est ou que la situation devrait être, développe-t-il. La tristesse serait plutôt générée par la non-atteinte des idéaux d’une personne. »

La théorie de l’autodétermination, établie par les professeurs de psychologie Edward Deci et Richard Ryan dans les années 1980, établit le fait que tout être humain détient trois besoins psychologiques fondamentaux : l’autonomie, la compétence et l’appartenance. « L’implication sociale étudiante permet de combler un ou plusieurs des besoins fondamentaux de l’être humain, affirme M. Boudrias. S’impliquer dans une association permet de combler ce besoin d’appartenance et de diminuer l’anxiété. » L’implication peut également combler les autres besoins fondamentaux.

Boudrias ne pense pas que le niveau d’anxiété actuel des étudiants soit lié à leur conscientisation, qui se ressent dans leur implication sociale étudiante. Il mentionne que d’autres époques ont été à leur tour très militantes, comme les années 1960-1970, sans pour autant que la population de l’époque ressente la même anxiété que celle d’aujourd’hui. « Le niveau d’anxiété est plutôt le reflet des exigences de performances de nos sociétés actuelles, estime-t-il. Je n’ai pas d’études pour le prouver, mais je pense qu’il y a d’autres facteurs qui rentrent en compte. »

*Amy Guyon de Chemilly a participé à une mission humanitaire au Mexique et coordonné une collecte de fonds pour une recherche en oncologie pédiatrique. Elle a réalisé le Projet Trousses pour récupérer du matériel scolaire à distribuer aux parents-étudiants de HEC Montréal. L’étudiante a également fondé Hévidance, un comité qui vise à développer la confiance en soi des futurs gestionnaires à travers la danse. Enfin, elle a été coordonnatrice du programme de mentorat de l’année préparatoire de HEC.

 

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