Quel héritage nous laissera 2015 ?

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Par Etienne Galarneau
mardi 12 janvier 2016
Quel héritage nous laissera 2015 ?
Ian Fraser Kilmister dit Lemmy Kilmister est décédé le 28 décembre 2015. Ce musicien britannique est le fondateur du groupe de heavy metal Motörhead. (photo : courtoisie wikimedia.org)
Ian Fraser Kilmister dit Lemmy Kilmister est décédé le 28 décembre 2015. Ce musicien britannique est le fondateur du groupe de heavy metal Motörhead. (photo : courtoisie wikimedia.org)
L’actualité musicale des deux derniers mois a été ternie par les disparitions d’artistes influents et respectés. Le heavy metal a perdu son légendaire Lemmy Kilmister; le jazz, la voix soul de Nathalie Cole; la chanson française, Michel Delpech; la musique classique, Pierre Boulez et depuis dimanche, le rock pleure David Bowie. Le choc est grand pour les mélomanes, mais l’année 2015 nous aura montré qu’il ne faut pas associer ces événements à la fin de l’Histoire.

Au cours des douze derniers mois, le monde des musiques populaires nous a montré que nous nous situons actuellement dans une période de transition. Les artistes qui ont produit les grands classiques des dernières décennies disparaissent à vue d’œil. Il n’en demeure pas moins que de nouveaux classiques commencent à apparaître. Du moins, la table est mise pour un changement dans les perceptions du grand public.

La plupart des radios FM annonceront, avec raison, que les succès populaires de l’année sont partagés entre Taylor Swift, Drake et Bruno Mars. Il suffit pourtant de regarder la liste des nommés aux prix Grammy pour avoir une vision tout autre du portrait musical de 2015. Kendrick Lamar, rappeur californien de 28 ans, est nommé onze fois pour le prochain gala qui aura lieu le 15 février prochain. Ce nombre fait de lui le deuxième artiste ayant le plus de nominations au courant de la même soirée, le premier étant Michael Jackson pour son album Thriller, en 1984.

Lamar a fait paraître en 2015 un album intitulé To Pimp a Butterfly qui, sans avoir eu droit à un traitement de faveur de la part des radios commerciales, a connu un grand engouement auprès de la critique et du public. Sa manière de s’attaquer aux problèmes très actuels de la communauté afro-américaine à l’ère des manifestations de Ferguson au Missouri, tout en restant très personnel dans son discours, a marqué les auditeurs tous azimuts. De fait, sa chanson Alright est devenue, par récupération, un hymne associé aux manifestations du mouvement Black Lives Matter.

De la musique engagée

L’association de la musique et de la politique est d’ailleurs de plus en plus prononcée sur la place publique. Un autre rappeur, Killer Mike, devient rapidement dans les médias un défenseur des droits des Afro-Américains ainsi qu’un défenseur de la campagne présidentielle du candidat démocrate Bernie Sanders. Sans avoir fait paraître de nouvelle musique au cours de l’année, cet habitué des festivals est invité sur de nombreux plateaux de télévision pour rapprocher la musique et le monde politique.

Au-delà du rap, l’enchevêtrement entre politique et musique s’est fait sentir dans d’autres sphères. Les amateurs de rock retiendront 2015 comme une année où le groupe canadien Viet Cong, en plein essor, s’est vu mêlé à une controverse liée à son nom, jugé offensant par la communauté vietnamienne, ce qui a obligé le groupe à faire marche arrière.

Avec les manifestations, les crises et les renversements politiques et sociaux, 2015 a été une année mouvementée. Des artistes ont pris position dans les médias sur ces sujets. Si certains considèrent que l’année 2015 n’a pas été celle de la plus grande richesse artistique, tout laisse croire que 2016 produira les classiques de demain, porteurs de la parole d’une génération. Alors, si vous pensez que la perte des grands d’hier annonce la fin de toute une période de grâce, n’ayez crainte; we’re gonna be alright. Tout ira pour le mieux.