Danse, chant et jeu théâtral sont au rendez-vous dans Stars Wars, une parodie musicale. Il semble difficile d’imaginer les célèbres stormtroopers armés se déhancher sur la chanson Sweet Dreams Are Made of This d’Eurythmics. Pourtant, cette scène absurde ouvre le spectacle. Raphaëlle Proulx-Tremblay et Catherine Bastien, les créatrices du spectacle ont voulu offrir un spectacle hilarant qui allie guerres intergalactiques, personnages légendaires et dramatiques, en passant par la danse et le chant. « On se retrouve dans une exploration d’univers complètement déjantée qui fait des raccourcis pas possibles, mais tellement drôles », se réjouit Mme Bastien, metteuse en scène et directrice artistique du spectacle.
Les 16 comédien·ne·s qui se partagent la petite scène du théâtre La Comédie de Montréal sont confirmé·e·s et amateur·rice·s. Pour certain·e·s, c’est même leur première expérience professionnelle. « Tous les comédiens ont des niveaux différents ; la troupe accueille tout le monde, et ça permet d’apporter diverses expériences et beaucoup d’entraide » témoigne Noor Maghraoui, interprète du personnage de Maître Yoda et étudiante de deuxième année au baccalauréat en art dramatique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
LA GUERRE DU DÉTOURNEMENT
L’engouement est palpable chez les créatrices de cette parodie car s’attaquer à ce mastodonte cinématographique populaire n’est pas une mince affaire : « on aime aller chercher des choses que personne ne penserait imaginer sur la scène, en adaptant des œuvres qui peuvent sembler inadaptables. »
Selon Mme Proulx-Tremblay, il est essentiel de transformer les textes originaux des films pour les adapter au format de la comédie musicale. « Faire un spectacle comme celui-là demande une réécriture complète », souligne-t-elle. Si la parodie musicale s’articule autour des personnages connus, les créatrices se sont pourtant donné le droit de les détourner. Ainsi, le célèbre empereur Palpatine devient « l’impératrice Palpatine ». Un moyen pour les créatrices d’ajouter un personnage féminin à l’œuvre originale qui en contient peu. Ces dernières ont également pris la liberté de détourner les traits de caractère des personnages iconiques. « Dans le spectacle, Obi-Wan est très agacé par la stupidité de Luke, contrairement à l’œuvre originale où il apparaît paternel et bienveillant, explique Jean-Philippe Thériault, interprète du mentor Jedi. Le propre de la parodie, c’est de croire en tous les personnages et de suivre leur évolution, même si leurs traits de personnalité sont poussés à la puissance 1000. »
En effet, l’époque a changé depuis la diffusion du premier Star Wars. Pourtant, les grands thèmes du synopsis restent présents dans l’adaptation parodique. Deuil, quête de liberté, aventure, amour, trahison, amitié et famille sont à retrouver dans ce spectacle haut en couleur. « On veut garder les thèmes de base qui sont universels, tout en en ajoutant d’autres, plus actuels, comme l’environnement par exemple, détaille Mme Bastien. Dans notre spectacle, la quête des rebelles est comparable au défi environnemental. » Dans Stars Wars, une parodie musicale, les rebelles se battent aux côtés de la princesse Leia en espérant sauver la galaxie de graves problèmes environnementaux causés par une usine de sacs de plastique. Une référence directe à la quête de la célèbre militante écologiste Greta Thunberg, représentée par la princesse. La légendaire réplique « Je suis ton père » est prononcée sur scène et quelques clins d’œil à la culture populaire sont, au passage, intégrés au script. Par exemple, le style comique et absurde du classique québécois Dans une galaxie près de chez vous est reconnaissable dans le spectacle.
LA POP CONTRE-ATTAQUE
Mme Proulx-Tremblay précise que la sélection d’extraits musicaux est importante pour que l’histoire se tienne sans pour autant sembler morcelée. La bande sonore du spectacle est originale et conçue spécialement pour l’évènement par l’ingénieure du son et spécialiste des arrangements musicaux, Florence Brizard. Le choix des chansons n’a pas été laissé au hasard. Dans ce type de spectacle, le risque que les spectateur·rice·s décrochent est grand, alors pour éviter que cette situation se produise, Mmes Proulx-Tremblay et Bastien se sont assurées que chaque chanson fasse référence à un élément dramatique de l’histoire. Selon les thèmes, elles apportent de l’humour ou de la profondeur à la scène jouée.
« La musique est un personnage en soi, elle est omniprésente, déclare Mme Proulx-Tremblay. Il y a des moments musicaux tout au long du spectacle. » Influencée par la culture pop, Mme Brizard propose alors au public de chanter et danser, accompagné des titres de Bruno Mars, Lady Gaga, ou encore Stromae. Une expérience musicale appréciée par les spectateurs, visiblement ravis d’assister à l’explosion d’une planète sur la chanson « Skyfall » d’Adele.