La somme en question servirait aux stages payés 15,25 $ de l’heure, et dont la durée est de 12 semaines de 28 heures chacune. C’est le constat de deux chercheuses affiliées à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), Milène Lokrou et Julia Posca.
« Nous sommes restées très conservatrices dans la manière de calculer [la rémunération des stages], explique Mme Lokrou. Nous utilisons beaucoup de parcimonie, avec des paramètres minimalistes. »
Même dans ce scénario conservateur, l’étude révèle que les bourses de stage obligatoire, provenant du programme de soutien provincial, représentent un soutien financier inférieur au salaire minimum en vigueur. « Il y a des stages encore plus longs, et les programmes qui existent ne les prennent pas pleinement en charge », avance la chercheuse-collaboratrice à l’IRIS.
Les deux responsables de l’étude ont aussi estimé le montant si les taux horaire des stages étaient les mêmes que ceux offerts dans la fonction publique, variables selon le niveau d’études. Dans ce cas, la rémunération coûterait 501,5 millions de dollars, toujours pour couvrir 12 semaines de 28 heures chacune. Le salaire horaire dans le secteur public est en effet de 18,65 $ pour un·e stagiaire du collégial et de 23,71 $ pour un·e étudiant·e universitaire.
L’absence de rémunération des stages relève aussi du travail gratuit, particulièrement prévalent dans les secteurs à prédominance féminine, décrit Mme Lokrou. « Ce qu’on constate dans les études et les sondages, c’est que les personnes en stage réalisent des tâches qui s’apparentent au travail d’une personne salariée de l’entreprise », cite-t-elle. Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur constitué jusqu’en 2020 est l’une de ses sources.
Dans un rapport publié en 2019 sur les enjeux des stages étudiants, celui-ci évalue également que les stages principalement pédagogiques, soit les stages « d’observation » et « d’acquisition de compétences », constituent la moitié des stages universitaires, et près du tiers des stages collégiaux.
Le reste — l’autre moitié des stages universitaires et les deux tiers des stages collégiaux — est dit « de mise en œuvre des compétences », et nécessite une autonomie professionnelle. C’est le cas, par exemple, des internats en psychologie.
Les stages servent ainsi non seulement à la formation, mais aussi aux organisations et aux entreprises, soutient Mme Lokrou. « On ne peut pas avoir ce double argument, qu’on utilise des stagiaires pour compenser la pénurie de main-d’œuvre, puis à côté dire que [le stage] ne bénéficie qu’aux stagiaires », souligne-t-elle.
La coalition étudiante pour la rémunération des stages planifie une manifestation le mercredi 1er novembre devant l’édifice de l’Assemblée nationale, à Québec. C’est un deuxième rassemblement en la matière, le premier ayant eu lieu devant le bureau du ministère de l’Enseignement supérieur, à Montréal, le 10 octobre dernier. La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, y a réitéré son engagement quant à la rémunération des stages, et a demandé au mouvement estudiantin de faire preuve de patience.