Culture

Quand un message vocal permet d’aborder des sujets sensibles

Dans Après le bip, 10 messages laissés à qui veut bien les entendre, recueil de nouvelles sorti aux Éditions de la Bagnole en septembre dernier, dix auteur·rice·s colligent des messages laissés sur des répondeurs après un appel manqué. Quartier Libre s’est entretenu avec deux membres du collectif à l’origine de ce projet : l’éditrice et directrice de l’ouvrage, Geneviève Morin, et l’autrice de la nouvelle Juin plus huit, Laurence Beaudoin-Massé.

« Pour le projet Après le bip, nous avons lancé le défi “rétro” à dix auteurs et autrices de laisser un message sur un répondeur [sous forme de monologue] », explique l’éditrice Geneviève Morin. Le recueil compile ainsi les retranscriptions de ces messages, tirés d’histoires personnelles ou complètement fictives. La démarche témoigne d’un retour aux sources, d’un besoin inconditionnel de poser à l’écrit ce que toute personne pourrait dire à ses proches.

À l’ère des mémos vocaux

« Le livre a pour mission de parler à tout le monde », précise Mme Morin, qui a chapeauté les dix auteur·rice·s derrière le projet. Pour mener celui-ci à bien, elle a décidé de leur donner carte blanche, avec pour seule contrainte que leur récit tienne compte du répondeur.

En raison de la possibilité d’envoyer des messages vocaux par le biais des applications de messagerie des téléphones intelligents, se donner des nouvelles et s’épancher partout et en tout temps est désormais monnaie courante. « On est donc dans une époque où les mémos vocaux font partie de notre vie, constate l’autrice Laurence Beaudoin-Massé. Moi-même, j’en laisse plusieurs chaque jour. »

Un exercice presque théâtral

Mme Morin admet que si elle a « sauté dans le wagon » lorsque la maison d’édition lui a proposé le projet, c’est avant tout parce qu’elle était emballée à l’idée de diriger un livre qui prenait cette forme d’écriture.

Pour Mme Beaudoin-Massé, écrire un monologue ne constituait pas un exercice habituel. « Il y avait quand même un petit défi, mais comme je viens du monde de la scène, c’est tout de même revenu très rapidement », précise-t-elle. L’autrice ajoute qu’elle a aimé aborder ce genre littéraire. « C’est à mi-chemin entre la littérature et le [langage parlé], il faut qu’on y croie », poursuit-elle. Pour son texte, elle a choisi de traiter d’une relation difficile du passé. « C’est basé sur une histoire vraie, mais j’ai plusieurs fois pensé à changer le sujet », confie-t-elle.

Pour l’autrice Laurence Beaudoin-Massé, écrire un monologue ne constituait pas un exercice habituel. Crédit photo : Clément Souchet

En raison de sa démarche intimiste, Après le bip, 10 messages laissés à qui veut bien les entendre est l’occasion d’aborder certains problèmes du quotidien comme les enjeux de santé mentale. L’autrice Gabrielle Boulianne-Tremblay aborde par exemple la disparition d’un être cher dans son texte intitulé Fièvre, et son homologue Josiane Ménard a choisi de consacrer son récit Délai de traitement à l’anxiété. «C’était important de parler de sujets sérieux d’une manière assez légère, avec le message vocal », estime Mme Beaudoin-Massé.

Sous la direction
de Geneviève Morin
Après le bip,
10 messages laissés
à qui veut bien
les entendre

Montréal, Éditions
de la Bagnole, 2024
22,95 $ (format papier)
19,99 $ (format numérique)

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