Quand un film québécois sort en France

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Par Anh Khoi Do
mercredi 26 janvier 2011
Quand un film québécois sort en France

Le dernier film de Denis Villeneuve, Incendies, est sorti en France il y a deux semaines! Désolé
de gâcher les festivités, mais la fébrilité de certains chroniqueurs cinématographiques étouffe
mon envie de sabler le champagne chaque fois qu’un film québécois sort dans l’Hexagone.

Soyons clairs : je veux que les films canadiens s’exportent. Or, chaque fois qu’un film québécois sort en France, certains de nos médias se prêtent à un exercice aussi pertinent que les analyses de Benoît Brunet lors des matchs de hockey des Canadiens de Montréal à l’antenne de RDS : recenser toutes les critiques que reçoit un de nos films en France. Cette pratique me tape sur les nerfs.

Sérieusement, pourquoi devraisje savoir que le quotidien français Le Monde n’a pas aimé le dernier film de Denis Villeneuve ? Même si le magazine L’Express a qualifié Incendies comme étant « la première grande claque de 2011, dont on gardera sans doute la marque toute l’année », ai-je besoin qu’on me répète que le film est excellent ? Sommes-nous un peuple immature en manque d’alphabètes cinématographiques capables de séparer le bon grain de l’ivraie dans notre cinéma ? Le seul moment où le recensement des critiques en France a été utile, c’était pour se faire dire que Les amours imaginaires, de Xavier Dolan, est une oeuvre légère et non cérébrale !

Pourtant, au lieu d’essayer de savoir ce que des Français pensent d’Incendies, certains chroniqueurs québécois auraient pu rapporter une nouvelle d’une autre teneur, à en juger par la bande-annonce fournie par Happiness Distribution, le distributeur français :

1) contrairement aux acteurs de Nouvelle-France ou Les amours imaginaires, qui ont tous voyagé en France, ceux d’Incendies ne se donnent pas un faux accent français insupportable pour se faire comprendre, n’est-ce pas Xavier ?

2) même si le français parlé dans Incendies est châtié, les passages en français ne seront ni sous-titrés ni doublés, pour des raisons que j’ignore, même si les acteurs québécois du film parlent avec leur accent naturel. De plus, considérant que la chaîne généraliste TV5 Monde a décidé de diffuser la télésérie Les Boys dans sa version originale en mars dernier, on peut croire que les distributeurs (ou même les chaînes télévisuelles) arrêteront d’insulter l’intelligence de nos cousins.Bref, l’espoir est permis!

Malheureusement, je doute que certains de mes collègues aient remarqué cette nouvelle sur Incendies qui est réellement d’intérêt public pour tout le Québec. D’ailleurs, au Québec, nous aimons rire du complexe d’infériorité culturelle qu’ont certains Anglo- Canadiens par rapport aux Américains.

Or, j’ai l’impression que beaucoup de Québécois ne veulent pas admettre qu’ils voient les Français non pas comme des cousins, mais bien comme des grands frères.