Quand Shakespeare redessine le pouvoir

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Par Romeo Mocafico
mardi 15 janvier 2019
Quand Shakespeare redessine le pouvoir
Statue de Shakespeare, dans sa ville natale de Stratford-upon-Avon (crédits Pxhere).
Statue de Shakespeare, dans sa ville natale de Stratford-upon-Avon (crédits Pxhere).
William Shakespeare est à l’honneur les 15 et 22 janvier dans le cadre des Belles Soirées de l’UdeM. Le conférencier Paul Lefebvre revient sur la façon dont le contexte social et politique a façonné la vision du dramaturge anglais.

« Je m’intéresse à Shakespeare en tant qu’homme de théâtre, indique le conseiller dramaturgique au Centre des auteurs dramatiques, Paul Lefebvre. Et plus particulièrement au contexte historique dans lequel il a développé son art. » L’ancien professeur de l’UdeM profitera des représentations de Coriolan au Théâtre du Nouveau Monde pour consacrer deux soirées à la carrière du poète à la BAnQ Vieux-Montréal.

D’après M. Lefebvre, Shakespeare a été un précurseur dans sa façon de considérer le pouvoir et de le mettre en scène. Il rappelle que le dramaturge s’est illustré dans ce que l’on considère aujourd’hui comme la période transitoire entre le Moyen Âge et la Renaissance. « Il s’intéresse de façon ambiguë à quelque chose qui naît à ce moment-là : la question du libre arbitre de l’être humain. » Il estime que la place de l’homme comme agent de changement du monde est en train d’évoluer. « Avant, l’idée de changer le monde ne se pensait pas, explique-t-il. Mais ça se met en place, et c’est vraiment le moteur de son théâtre. »

Le conférencier rapporte que l’époque est, entre autres, marquée par un retour de la Bible, avec les thèses de Luther ou encore l’avènement de l’anglicanisme par Henri VIII en 1534. « C’est une période où les gens se disent que ce n’est plus Dieu qui décide de tout, mais c’est quand même Lui qui décide de ce à quoi ils ont droit. » C’est une dynamique religieuse et politique, qui, selon M. Lefebvre, s’incarne dans des pièces emblématiques telles que Macbeth et Hamlet.

La force de la forme

La carrière théâtrale de Shakespeare est marquée par une œuvre très diverse. L’expert en dramaturgie précise que son intérêt persistant pour la question du pouvoir se retrouve dans tous les registres, des comédies aux tragédies en passant par les pièces historiques. Ces idées étaient alors renforcées par sa maîtrise de l’écriture.

« Il avait cette clairvoyance unique, souligne-t-il. Sa grande force est sa capacité à créer des situations dramatiques très simples, dont la justesse fait qu’on peut les extrapoler jusqu’à des niveaux de pensée très complexes. On comprend toujours tout. » Il cite à titre d’exemples les successions de scènes de grandes simplicités et les dialogues toujours très contrôlés.