Qui n’a pas déjà passé de longs moments à faire défiler (scroller) des vidéos sur son téléphone, toutes plus futiles les unes que les autres ? Sans s’en rendre compte, voici déjà une heure de passée. La plupart du temps, se rappeler le contenu, ne serait-ce que d’une seule vidéo, est impossible.
Ce cellulaire qui loge paisiblement dans une poche peut être un formidable outil de communication et de progrès, mais peut aussi se révéler un objet chronophage qui replie les personnes sur elles-mêmes. Parmi l’offre abondante de réseaux sociaux aux interfaces colorées, ergonomiques et dopaminergiques1, vivre sans ces plateformes est désormais très difficile.
Une dépendance conçue sur mesure
Dans cet océan de données que constituent les réseaux sociaux, le concept de vie privée ne semble pas signifier grand-chose pour beaucoup d’utilisateur·rice·s. Cependant, « par nos actions et notre attention, nous sommes la matière première qui constitue les réseaux sociaux », explique Emmanuelle Parent dans son ouvrage.
TikTok, YouTube, Facebook ou encore Instagram ont construit un modèle d’affaires qui dépend des revenus publicitaires. Les données que recueillent ces plateformes et l’attention que leur octroient leurs utilisateur·rice·s ont donc une grande valeur. Les marques l’ont compris et sont prêtes à y dépenser énormément en publicités. Les concepteur·rice·s de ces applications regorgent donc d’ingéniosité pour pousser encore plus loin les performances des algorithmes. Ces interfaces sont « conçues sur mesure pour plaire à notre cerveau », précise Mme Parent.
Des nouveaux codes s’invitent
Ces réseaux permettent de rester en contact de façon permanente avec ses proches. Les adolescent·e·s et les jeunes adultes ont toujours eu besoin de se réunir. Dorénavant, grâce à un écran, n’importe qui peut être accessible à tout moment. De nouveaux repères de communication et de politesse sont instaurés tacitement.
De nombreuses questions fusent dans Texter, publier, scroller quant à la manière de gérer une relation virtuelle. Combien de temps faut-il laisser un message sans réponse ? Est-ce bien perçu de laisser un·e ami·e en « vu » ? Puis-je insister et inonder de messages une personne si j’attends une réponse ?
Ce nouveau code de conduite permet à tous·tes de survivre socialement. « Être disponible continuellement est aujourd’hui une norme sociale », souligne l’autrice. Une pression supplémentaire pèse sur les épaules d’une nouvelle génération qui doit se construire sous les regards virtuels et pixelisés.
Mode d’emploi
Mme Parent offre un guide pour naviguer sainement sur les réseaux sociaux. Grâce à une approche centrée sur l’équilibre et l’authenticité, elle invite les utilisateur·rice·s à repenser leur relation avec ces plateformes, à privilégier des échanges naturels, à définir des moments de disponibilité pour interagir et à se rappeler que leur valeur dépasse la quantité de likes reçus et de partages de leurs contenus.
En mettant de l’avant l’importance de diversifier ses activités au-delà des écrans et de fixer des limites saines à la consommation numérique, l’essai ne guide pas seulement les lecteur·rices vers une utilisation plus consciente des réseaux sociaux, mais aussi vers une vie numérique qui reflète qui ils sont réellement.
L’idée de désigner une personne de confiance pour discuter de ses expériences en ligne souligne également le besoin de soutien et la nécessité de la communication dans son propre voyage numérique. Aussi présents que soient ces réseaux sociaux dans le quotidien, ils n’en restent pas moins très récents. Les appréhender le plus sainement possible est nécessaire pour préparer les nouvelles générations qui ont toujours baigné dedans.
1Relatif à l’action de la dopamine, une hormone qui joue notamment un rôle dans le contrôle moteur, l’attention, le plaisir et la motivation.
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