Le dernier sacrement est une pièce écrite et mise en scène par Denis Bouchard, qui y tient aussi le premier rôle. Donner la réplique dans un hôpital ne le déstabilise pas. « J’aime brouiller les frontières entre fiction et réalité, explique-t-il. Puis, j’ai l’habitude de jouer dans les lieux véritables. » Les comédiennes Sofia Blondin et Ayana O’Shun joueront aux côtés de M. Bouchard, et des employés du CHUM agiront à titre de figurants.
La pièce raconte l’histoire de Denis, qui souffre d’un cancer en phase terminale et qui s’interroge sur sa foi. « Ce n’est pas une pièce sur la maladie, mais une pièce sur la mort, confie le dramaturge. Après la mort abrupte de mon père, j’ai entendu dire que ceux qui ont la foi mourraient plus en paix que ceux qui ne l’ont pas. Ça m’a complètement rempli de doute. » Pour se sentir plus près de la réalité dans son processus d’écriture, le dramaturge est allé à la rencontre de patients en soins palliatifs au CHUM.
Tous les bénéfices de la pièce seront versés à la fondation du CHUM pour la recherche et l’enseignement en santé.
L’art dans les hôpitaux
Bien que Le dernier sacrement soit une pièce ouverte au grand public, des activités culturelles destinées aux patients sont également offertes au CHUM depuis l’adoption d’une politique d’intégration des arts en 2010. « Avec la construction et le déménagement dans les nouveaux bâtiments, on a mis ça un peu de côté pour prioriser le transfert des patients et tout ce qui concernait les soins », précise la directrice des communications du CHUM, Irène Marcheterre. Elle assure toutefois que le programme culturel sera relancé ce printemps.
D’après Mme Marcheterre, cette initiative vise à humaniser le patient. La chercheuse sur les pratiques d’art à l’hôpital de l’Université McGill Tamar Tembeck est en accord avec cet objectif. « On dédramatise le lieu, mais plus que ça, on ne réduit pas le patient à sa condition médicale, affirme-t-elle. C’est une manière d’estomper le clivage entre l’hôpital et la ville. »
Amener l’art dans le milieu des soins n’est pas une lubie contemporaine, mais une pratique courante, et ce, depuis la création des hôpitaux au Moyen Âge, d’après Mme Tembeck. « Évidemment, le but a changé, souligne la chercheuse. Auparavant, c’était pour des raisons religieuses, puis pour la gloire des professionnels de la santé. Aujourd’hui, on s’en sert pour soutenir les artistes contemporains et égayer le quotidien des patients, des accompagnants et du personnel. »
En plus des activités liées à la politique d’intégration des arts, le CHUM possède également une importante collection d’art public. Sculptures, tableaux et installations permanentes sont parsemés ici et là dans l’établissement. Leur présence ne relève pas de la politique du CHUM, mais de la volonté du gouvernement québécois en vertu de la politique du 1 %*. « Récemment, il y a eu plusieurs projets de construction et de rénovation dans les milieux hospitaliers comme au CHUM ou au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), précise Mme Tembeck. La politique du 1 % a augmenté la présence d’art public. » Les nouveaux bâtiments du CHUM et du CUSM réunissent à eux seuls 25 nouvelles œuvres d’art public.