Quand la mort devient lucrative

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Par Laura-Maria Martinez
vendredi 2 juin 2017
Quand la mort devient lucrative
La doctorante Gabrielle Pannetier-Leboeuf présentant ses recherches à la conférence 2017 de l’Association canadienne des hispanistes lors du 86e Congrès des sciences humaines de Toronto. (Photo : Meloddye Carpio Rios )
La doctorante Gabrielle Pannetier-Leboeuf présentant ses recherches à la conférence 2017 de l’Association canadienne des hispanistes lors du 86e Congrès des sciences humaines de Toronto. (Photo : Meloddye Carpio Rios )
La doctorante en études hispaniques de l’UdeM Gabrielle Pannetier Leboeuf présentait lors du 86e Congrès des sciences humaines 2017 de Toronto ses recherches sur la violence dans le narcocinéma mexicain et le capitalisme « sanglant » (gore) qui en résulte.

Gabrielle a basé sa présentation du 1er juin sur le film à petit budget de 2014 « El juego final [le jeu final] » du réalisateur mexicain Oscar Lopez. « Dans ce film, la violence est présente dans tous les éléments cinématographiques, que ce soit le type de plan, l’éclairage, les discours ou les actions des personnages », explique-t-elle pour justifier son choix.

De manière générale, les recherches de Gabrielle tentent de comprendre comment la politique néolibérale a intensifié la violence dans le narcocinéma mexicain à partir des années 1980. Les films sur lesquels se basent une partie des recherches de Gabrielle sont créés avec de petits budgets et réalisés en deux semaines à la frontière du Mexique et des États-Unis. Ce sous-genre explore le thème du trafic de drogue et met en lumière les méthodes utilisées par les acteurs de ce milieu. « J’étudie la violence dans les films, mais j’essaie aussi de voir à quel point les films eux-mêmes et le narcocinéma lui-même se basent sur la mort pour faire de l’argent, explique Gabrielle. La mort est devenue un thème lucratif qui est exploité par l’industrie du narcocinéma pour stimuler la vente des films. Ce cinéma-là participe et investit dans le capitalisme gore. »

Bien que certains cinéastes tentent de dénoncer la violence et les injustices des bastions du narcotrafic, les stéréotypes restent présents, s’attriste l’étudiante. « J’aimerais que les cinéastes aient une réflexion un peu plus profonde sur la portée possible de leurs films sur l’imaginaire et la reconstitution des stéréotypes », espère-t-elle.

La doctorante partira en juillet à Mexico pour visionner une cinquantaine de ces films à la cinémathèque nationale. Elle passera ensuite deux semaines au côté du cinéaste Oscar Lopez à Tijuana pour assister au tournage de son nouveau film.