L’Halloween approche et les résident·e·s de mon quartier ont décoré leur maison. J’ai vu des citrouilles, des sorcières, des squelettes, mais aussi des imitations de membres arrachés, comme des pieds, des mains et des avant-bras, qui traînent par terre. Parfois, je vois même l’os qui dépasse de la chair.
En cet automne particulièrement sanglant, où les conflits meurtriers font la Une, je mets en doute le bon goût de telles mises en scène.
N’est-ce pas plus que discutable que d’orner son balcon de bouts de corps démembrés quand on sait que pour certain·e·s, de telles atrocités font partie du quotidien ?
Dans ce qui semble constituer une surenchère macabre, j’ai même aperçu de faux cadavres enveloppés dans des draps ou des sacs en plastique, pendus ou entassés au sol, comme ceux que l’on voit trop souvent dans l’actualité.
En tant que Nord-Américaine, je suis attachée à l’Halloween, mais est-ce vraiment nécessaire d’arborer fièrement des cadavres emmaillotés dans son jardin ?
N’y a-t-il pas une limite à se foutre de ce que d’autres personnes qui nous ressemblent vivent ? Et même de transformer l’horreur en amusement ? Ce qui me dérange, ce sont les choix décoratifs douteux de mes voisin·e·s, qui m’apparaissent comme complètement déconnectés de la réalité et, je dirais même, insultants envers l’humanité.
En effet, avec Internet et les nouvelles en continu, le monde est devenu la porte d’à côté, pas l’autre côté d’un océan. Pouvons-nous encore agir comme si nous ignorions tout de la situation que vivent certains peuples ?
Nous ne pouvons pas regarder les nouvelles en pyjama devant notre télévision, être témoin de toutes ces atrocités, et ensuite les reproduire bêtement dans notre cour sans jamais faire de lien entre notre réalité et la leur.
En tant qu’individus privilégiés, vivant dans un pays où la guerre est inexistante, nous devons conscientiser nos gestes. De plus, nombre de nos concitoyen·ne·s proviennent de zones de guerre ou ont des liens avec ces dernières. Ne pas leur donner l’impression de revivre certaines expériences traumatisantes relève de l’empathie.
Si nous pouvons nous sentir impuissant·e·s devant toutes les horreurs du monde, nous pouvons nous montrer solidaires. En résumé : oui aux vampires et aux zombies, aux fantômes et aux chats noirs, non aux mises en scène funèbres.