Publier pour progresser

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Par Etienne Galarneau
lundi 5 décembre 2016
Publier pour progresser
La chef de pupitre de la section féministe du Sablier, Audrey Morissette, et la rédactrice en chef de la revue, Dorothée Nicholls. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
La chef de pupitre de la section féministe du Sablier, Audrey Morissette, et la rédactrice en chef de la revue, Dorothée Nicholls. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Le Sablier, revue de l’Association étudiante d’histoire de l’UdeM (AÉHUM), a fait paraître le 8 novembre dernier son premier numéro en tant que publication scientifique spécialisée en histoire et non plus en tant que journal. Elle rejoint ainsi les différentes revues scientifiques gérées par des regroupements étudiants à l’UdeM.
« Le problème, c’est qu’on te reproche de ne pas publier suffisamment et, en même temps, on ne te donne pas d’accès assez nombreux pour publier. » Aude Malkoun, doctorante en philosophie.

«Je trouvais dommage que le Département d’histoire n’ait pas de revue où les étudiants de premier cycle puissent s’exercer », explique la rédactrice en chef du Sablier et étudiante au baccalauréat en histoire, Dorothée Nicholls. Cette revue historique a pour but de servir de terrain d’essai pour les étudiants qui seront appelés, dans leur domaine, à contribuer à la littérature scientifique. « Mieux vaut commencer le plus tôt possible », ajoute Dorothée. Le Sablier, en abandonnant la formule journalistique utilisée jusqu’à présent, se rapproche davantage des Cahiers d’histoire, la revue scientifique des étudiants des cycles supérieurs du Département d’histoire.

Cette volonté d’offrir une tribune aux étudiants se retrouve également dans d’autres départements et facultés de l’UdeM. Selon la directrice de la revue du Département de philosophie Ithaque en 2015-2016 et doctorante en philosophie, Aude Malkoun, les occasions de publications sont peu nombreuses pour les étudiants du premier et deuxième cycle. « On sait tous comment ça fonctionne dans la recherche : il faut publier, constate-t-elle. Le problème, c’est qu’on te reproche de ne pas publier suffisamment et, en même temps, on ne te donne pas d’accès assez nombreux pour publier. »

Dorothée, pour sa part, considère que le réseau des publications scientifiques professionnelles nécessite un corpus de données trop important pour un étudiant commençant son parcours universitaire. « Il est impossible pour un étudiant de premier cycle d’arriver à ce niveau à moins d’avoir énormément de temps libre », remarque-t-elle.

Une démarche sérieuse

Malgré le caractère pédagogique et étudiant de ces publications, la méthodologie utilisée se rapproche de celle des revues scientifiques professionnelles. « Notre légitimité est la même que celle de n’importe quelle revue dans le domaine, croit Aude. C’est du travail, mais à partir du moment où il y a des critères de sélection précis et des étapes qui sont exactement les mêmes que dans une revue scientifique professionnelle, on peut s’établir. »

La reconnaissance des pairs pour les publications étudiantes est d’ailleurs entérinée par l’utilisation des articles par divers chercheurs. La professeure au Département d’histoire de l’UdeM et codirectrice du numéro des Cahiers d’histoire à paraître à l’hiver 2018, Michèle Dagenais, indique que la clé pour se faire reconnaître par ses pairs est la méthode de distribution. « Si ces publications sont dans des plateformes comme Érudit, à l’exemple des Cahiers d’histoire, et que je fais une recherche par mots-clés, je vais tomber dessus », remarque-t-elle. Dans cette mesure, un article qui traite d’un sujet pertinent peut être compté dans une recension de littérature.

La rédactrice en chef de la Revue juridique étudiante de l’UdeM (RJEUM) et étudiante au doctorat en droit, Valérie Parent, rapporte par exemple qu’un article de leur publication, qui en est à sa troisième année d’existence, a été utilisé dans le dernier livre du doyen de la Faculté de droit, Jean-François Gaudreault-DesBiens.

Pensée indépendante

Selon Valérie, la force des publications étudiantes est leur indépendance de pensée, ce qui ne les empêche pas d’être en phase avec leur unité d’étude. « Je pense que l’initiative devait venir des étudiants, mais que maintenant que c’est mis en place et que ça a fait ses preuves, c’est mieux accueilli par la Faculté », indique-t-elle au sujet de sa revue.

Le Sablier n’en est qu’à ses débuts en tant que revue historique au sein de l’UdeM. Dorothée espère donc, à l’image des Cahiers d’histoire, que son équipe obtiendra un soutien de la part des enseignants et du Département d’histoire pour les années à venir. En visant trois parutions par année, la rédactrice souhaite permettre aux étudiants de s’impliquer dans ce projet et de le pérenniser.

La revue historique Le Sablier est disponible gratuitement sur la plateforme numérique Issuu. Le premier numéro est principalement constitué d’actes du colloque « Iconographie et représentation » des étudiants de Premier cycle du Département d’histoire de l’UdeM, qui a eu lieu le lundi 2 mai 2016.