Programmes méconnus

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Par Administrateur
lundi 2 décembre 2013
Programmes méconnus
Le certificat en technologie et innocuité des aliments apprend aux étudiants les normes d'hygiène à respecter dans le processus de transformation des animaux. (crédit photo : Pascal Dumont)
Le certificat en technologie et innocuité des aliments apprend aux étudiants les normes d'hygiène à respecter dans le processus de transformation des animaux. (crédit photo : Pascal Dumont)

Vous vous êtes toujours demandé que pouvaient apprendre les étudiants en carriérologie, ou bien les débouchés d’un certificat en technologie et innocuité des aliments ? Quartier Libre vous fait découvrir des programmes d’études de l’UdeM et de l’UQAM.

Baccalauréat en développement de carrière (UQAM)

Qu’est-ce qu’on y étudie?

Ancrée dans l’humain, la carriérologie renvoie à la science de la carrière. «La carrière ne s’obtient pas, elle se construit durant une vie entière», avance l’étudiante à la maîtrise Marie-Noëlle de Sève. Indissociable de la psychologie, cet amalgame de sciences humaines aborde entre autres le système scolaire québécois, le marché de l’emploi, les ressources humaines ainsi que l’animation de groupe. Il considère l’humain dans toute sa complexité: personnalité, intérêts, aptitudes, performances cognitives, environnement psychosocial. «Notre vocation est d’imbriquer l’individu, pourvu de ses forces et de ses limites dans la société en l’aidant à s’accomplir à son plein potentiel», synthétise l’étudiante.

La carriérologie requiert, selon elle, un intérêt viscéral pour l’humain, des aptitudes interactives et introspectives, de l’empathie et de la détermination. S’ajoutent à cela l’écoute, la maîtrise des outils de recherche numériques et une connaissance approfondie de l’économie selon l’ancienne étudiante au baccalauréat Julie Boulet.

Nombre d’étudiants

Le baccalauréat est contingenté à 120 étudiants, parfois 130. La maîtrise en admet 30 par année. Ces contingents sont généralement atteints. C’est le cas pour ce trimestre d’automne. L’assistant de gestion de programme du baccalauréat, Ghyslain Larcher, considère les perspectives d’avenir très bonnes. «C’est une avenue qui offre beaucoup d’emplois, peu importe la conjoncture économique, soutient-il. Des propos que corrobore Julie Boulet. «Il y a constamment de l’emploi», indique-t-elle.

Les débouchés

Les secteurs scolaire, organisationnel, communautaire et gouvernemental offrent une panoplie de débouchés, tels que la psychothérapie, l’orientation de carrière et la sélection de personnel. Ramener ce champ d’expertise à l’unique poste d’orienteur pédagogique serait réducteur face aux multiples possibilités. Selon une récente étude du ministère de l’Éducation, 80 % des finissants du baccalauréat sont employés. Les autres 20 % poursuivent leurs études.

Témoignage d’une étudiante

Julie Boulet n’a pas œuvré comme conseillère en développement de carrière dès sa sortie de l’université. Elle a d’abord occupé un poste d’intervenante psychosociale dans un Carrefour jeunesse-emploi. Elle le quittera, car aider des jeunes en difficulté à intégrer le marché de l’emploi divergeait de son champ d’expertise. Il faudra qu’elle attende un poste dans un YMCA pour devenir conseillère en développement de carrière. À ce jour, elle travaille chez Parachute Carrière, une entreprise d’aide à la recherche d’emploi. «Ce poste correspond exactement à mes aspirations, se réjouit Julie Boulet. Je me vois à long terme dans cette entreprise en pleine expansion. » Son conjoint, également ancien étudiant du baccalauréat, travaille dans une entreprise d’insertion en informatique à but non lucratif Insertech Angus.

CAROLINE BERTRAND

Baccalauréat en sécurité et études policières (UdeM)

Qu’est-ce qu’on y étudie?

« Si vous voulez devenir enquêteur sur des scènes de crimes comme dans CSI: les experts, ce baccalauréat n’est pas fait pour vous», prévient d’emblée la responsable du baccalauréat en sécurité et études policières de l’UdeM, Sylvie Archambault. Ce programme de l’École de criminologie ne forme pas des policiers, mais plutôt des analystes, des enquêteurs civils ainsi que des stratèges en sécurité intérieure.

Après une première année généraliste, les étudiants se spécialisent en deuxième année et choisissent entre les profils analyse et intervention. Les premiers se destinent à la maîtrise en criminologie et à la recherche tandis que les seconds suivent des cours plus pratiques et se destinent directement au marché du travail. Enfin, en troisième année, tous les étudiants mettent en pratique leurs connaissances pendant un stage de 15 semaines à la session d’hiver. «Le stage est très important dans le bac parce qu’il est souvent la porte d’entrée sur le marché du travail pour nos finissants», fait remarquer la responsable du baccalauréat.

Nombre d’étudiants

Chaque automne, 85 étudiants sont admis dans ce programme contingenté et une soixantaine environ est diplômée trois ans plus tard. Parmi eux, entre six et dix choisissent le profil «analyse». La grande majorité restante s’oriente en «intervention». Alors que le programme comptait une majorité d’hommes à sa création en 1999, la tendance s’est inversée jusqu’à atteindre aujourd’hui une proportion de 55 % de femmes.

Les débouchés

«Avec les évènements du 11 septembre 2001, la sécurité est devenue un enjeu pour tout le monde : les entreprises privées comme le public, tout le monde pense “sécurité” maintenant», analyse Sylvie Archambault. Les débouchés sont donc variés pour ce baccalauréat. Dans la police ou à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), ils peuvent occuper des postes civils d’analyste ou d’enquêteur, majoritairement dans le crime économique. Les organismes parapublics tels qu’Hydro-Québec ou Loto-Québec, et les entreprises privées comme Rona, qui ont toutes besoin de sécurité à l’interne, sont aussi des employeurs.

Témoignage d’une étudiante

Céline Lamige a été diplômée du baccalauréat en sécurité et études policières en 2007. Elle s’est orientée vers ce programme après un refus d’admission au baccalauréat en criminologie. Elle n’a pas été déçue de son choix. «Les cours sont variés, remarque-t-elle. Ils abordent autant la sécurité que la police, et donnent aussi de beaux choix d’avenir.» Pour le futur, «la clé, c’est le stage», avoue Céline. Elle a effectué le sien au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). C’est grâce à cette expérience qu’elle a été embauchée dès 2008 comme analyste au Service de police de L’Assomption, poste qu’elle occupe toujours aujourd’hui. Pour l’instant, Céline souhaite rester dans le milieu policier. Toutefois, elle ne se ferme pas de portes et parle, pourquoi pas, de devenir enquêteuse privée dans quelques années.

CORALIE MENSA

Certificat en technologie et innocuité des aliments (UdeM)

Qu’est-ce qu’on y étudie?

Le certificat en technologie et innocuité des aliments vise à assurer un haut degré d’hygiène et de salubrité des mets qui atterrissent sur la table du consommateur. Le volet technologie renvoie au processus de transformation des animaux uniquement en produits alimentaires. L’aspect innocuité renvoie à l’hygiène, la salubrité ainsi qu’à l’analyse du risque et d’assurance qualité tout au long du processus. Selon l’enseignant au certificat et chercheur à la Chaire de recherche en salubrité des viandes à la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM, Dr Philippe Fravalo, la démarche du programme «est basée sur l’analyse de l’hygiène et du risque relié à toutes les étapes de transformation des viandes, depuis l’élevage jusqu’à l’assiette». Selon lui, l’enseignement est basé sur le modèle de production de la viande, car elle est le cœur du métier de la région et offre un accès privilégié aux abattoirs ainsi qu’aux autres usines de transformation. La viande n’est pas le seul secteur à subir un contrôle. «Les techniques et les normes sont les mêmes pour les autres secteurs de l’industrie agroalimentaire», ajoute-t-il.

Nombre d’étudiants

Selon la secrétaire en charge du suivi des étudiants, Christine Fravalo, «le certificat a attiré 11 étudiants pour l’année en cours.» Le programme en est à sa cinquième cohorte depuis son ouverture. Il compte entre 10 et 14 étudiants selon les années. Le seuil minimal de 15 étudiants est un objectif à atteindre. Les étudiants finissent le programme dans un délai de 14 à 24 mois, dépendamment de la réalisation de leur stage. Cette spécialité attire aussi quelques étudiants étrangers venus d’Afrique et de l’Europe de l’Est. Afin d’attirer les professionnels, une réflexion est en cours pour intégrer la Faculté de l’éducation permanente (FEP) afin d’aménager des cours pendant la soirée et les fins de semaine.

Les débouchés

Ce certificat permet à des étudiants ou à des professionnels d’accéder aux postes de techniciens de contrôle de la qualité des aliments, que ce soit à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) ou bien dans les abattoirs, le secteur laitier ou la distribution agroalimentaire. «Une bonne partie de nos étudiants trouvent du travail là où ils ont fait leur stage», assure le Dr Fravalo.

Témoignage d’un étudiant

Youssouf Baldé, originaire du Sénégal, a réussi à finir son certificat en une année. Après son baccalauréat en biologie obtenu en 2012, il s’est inscrit au certificat en technologie et innocuité alimentaire. À ce jour, l’ancien étudiant du certificat travaille dans la compagnie de biotechnologie Biena Inc. et poursuit une maîtrise en santé publique. «Comme je cherchais du travail, je ne voulais pas entamer une maîtrise, explique M. Baldé. Je suis finalement tombé sur ce certificat. Les cours sont diversifiés : on y apprend les aspects techniques pour les professionnels du contrôle qualité et aussi les aspects réglementaires qui régissent toutes les usines.» Avec cette formation, il regarde différemment «les restaurants et même les cuisines de ses amis», déclare-t-il. Toutefois, il regrette que les cours se déroulent sur un campus éloigné tel que celui de Saint- Hyacinthe.

SAMIR BEN