L’Institut national de santé public du Québec (INSPQ) affirme que si les agresseurs présentent tous un intérêt sexuel déviant et des distorsions cognitives – conceptions erronées de la réalité – c’est bien les seules choses qu’ils ont en commun. La personnalité, le mode de vie et le parcours des agresseurs s’avèrent très hétérogènes.
Au Québec, les spécialistes distinguent trois catégories : les agresseurs d’enfants, les agresseurs d’adultes et les mineurs auteurs d’infractions sexuelles. Chaque groupe contient plusieurs profils aux caractéristiques spécifiques associées au mode de vie, à la nature du crime, ainsi qu’à la proximité avec la victime. « Le plus dangereux des agresseurs est le sadique », affirme M. Proulx. Représentant 15 à 20 % des agresseurs d’adultes, le sadique prend plaisir à infliger de la souffrance. « Il glisse facilement vers le meurtre et tend à récidiver », explique-t-il.
Trouver le coupable
Établis grâce aux techniques de profilage criminel, les profils n’ont pas vocation à prévenir les agressions sexuelles. « On peut difficilement prévenir le passage à l’acte de ces prédateurs », explique le professeur. Il rappelle par ailleurs que quelqu’un qui possède les caractéristiques d’un profil n’est pas nécessairement un agresseur. « Établir un profil grâce aux informations recueillies sur la scène de crime priorise les individus qui y correspondent, sans pour autant négliger les autres », développe-t-il. Les antécédents judiciaires, les témoignages et la proximité avec la victime restent les informations prioritaires pour aider les enquêteurs à trouver le coupable.
Les profils facilitent le travail des soignants. « Ils permettent d’ajuster les traitements en fonction des besoins de chacun », commente M. Proulx. Les sujets apprennent à gérer la colère et à développer des habiletés sociales grâce aux traitements de type cognitifs comportementaux. « La récidive passe alors de 17 à 10 % », souligne-t-il. Pour les individus les plus dangereux, la castration chimique reste l’ultime recours s’ils sont volontaires selon M. Proulx.
Face à l’agresseur
Pour le spécialiste, difficile de reconnaître le profil d’un agresseur lorsqu’on se fait attaquer. « La victime est en état de panique, elle n’a pas les idées assez claires pour reconnaître un profil, affirme-t-il. Si elle se soumet à un sadique en pensant avoir à faire à un opportuniste, elle se met encore plus dans le trouble, car c’est exactement ce qu’il recherche. »
M. Proulx rappelle que la meilleure option, face à l’agresseur, reste la fuite. « Si vous pouvez crier, faites-le, quelqu’un pourrait vous entendre et venir à votre secours », conseille-t-il. Il recommande aussi aux femmes, qui représentent près de neuf victimes d’agressions sexuelles sur dix, de sécuriser leur logement et d’éviter de se retrouver seules dans des endroits peu familiers.