professeur cherche auteures

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Par Thomas Martin
mardi 15 décembre 2015
professeur cherche auteures
Le corpus bibliographique de M. Ringmar atteignait 15 % de textes écrits par des femmes alors que 40 % sont réclamés par l’Université. (Crédit photo : Commons Wikimedia Anton Holmquist Soasta)
Le corpus bibliographique de M. Ringmar atteignait 15 % de textes écrits par des femmes alors que 40 % sont réclamés par l’Université. (Crédit photo : Commons Wikimedia Anton Holmquist Soasta)
L’université de Lund en Suède a choisi une politique plus égalitaire dans l’enseignement donné. Les professeurs doivent utiliser au moins 40 % de textes écrits par des femmes dans leur enseignement. Pour certains, comme le professeur de sciences politiques de l’université Erik Ringmar le respect de cette norme ne va pas sans heurts.

À la fin octobre, M. Ringmar a été rappelé à l’ordre par l’administration pour ne pas avoir respecté la règle établie. Pour son cours « La société moderne et ses critiques », ce dernier n’a pas réussi à amasser assez de textes d’auteures sur les questions développées au cours du semestre, notamment l’émergence du fascisme.

Le professeur se justifie sur son blogue personnel en indiquant que la période en question n’est pas propice aux publications de femmes sur le sujet. Il décide alors d’élargir son champ de vision. « Si je définissais les anarchistes du xixe siècle comme fascistes, je pouvais améliorer mes chances, affirme-t-il. Les anarchistes n’étaient certes pas fascistes, mais ils étaient violents. Et surtout, il y avait des écrivaines parmi eux. » Malgré cela, M. Ringmar n’arrive qu’à 15 % de textes d’auteures dans son corpus.

Des étudiants proposent d’autres noms, mais le professeur refuse, arguant qu’il doit décider lui-même la façon dont son cours est conçu. Il soupçonne également certains choix proposés de cacher des motifs politiques.

L’affaire a fait grand bruit en Suède. Certains polémistes estiment que l’université tente d’imposer la « théorie des genres » à ces étudiants. Se sentant persécuté, le professeur a décidé de ne plus donner son cours. Il explique regretter ce geste du fait de l’importance des enjeux développés, surtout de nos jours.

Source : Le Monde, « En Suède, l’université en mal d’auteures », paru le 24 novembre 2017.