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Près d’un million de dollars pour les bélugas

« Ces dernières années, on a noté une augmentation du nombre de décès chez les femelles parturientes et les veaux, explique le professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM Jonathan Verreault, chercheur principal du projet. Comme les bélugas vivent très longtemps, soit environ 60 ans, ils accumulent pendant des années des contaminants dans leurs tissus. » Il précise que son projet, sur lequel des chercheurs de l’UQAR et de l’Université de Toronto collaborent, vise à dresser un tableau de la distribution et des concentrations des contaminants ainsi que de leur transfert par la chaîne alimentaire, c’est-à-dire d’une espèce à l’autre dans l’écosystème.

Comprendre la mort

Celui qui est également titulaire de la Chaire de recherche du Canada en toxicologie comparée des espèces aviaires étudie les bélugas depuis 2014. Il soulève que contrairement à ses recherches sur les goélands, il ne peut pas capturer des bélugas à des fins d’études. « Des spécialistes de Pêches et Océans Canada prélèvent des échantillons lorsque des bélugas s’échouent dans l’estuaire ou le long du fleuve Saint-Laurent », soulève M. Verrault.

Au cours des 30 dernières années, quelque 400 bélugas morts ont été récupérés sur les berges du fleuve, mais les corps d’environ la moitié d’entre eux n’étaient plus en état d’être étudiés. « La qualité des tissus des individus morts laisse souvent à désirer et nous empêche d’effectuer de bonnes analyses biochimiques », note le professeur. Dans le cas où le spécimen est suffisamment « frais », il est analysé à la faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM, où le professeur Stéphane Lair effectue une nécropsie pour déterminer la cause du décès de l’animal.

Pas de corrélation possible

Pour établir une relation de cause à effet claire entre les contaminants et l’espèce, il faudrait exposer volontairement des bélugas à des contaminants, ce qui contrevient aux règles d’éthique en recherche. L’étude vise donc à cibler les contaminants les plus dangereux pour l’espèce et de faire ensuite des recommandations à Pêches et Océans Canada. Par la suite, mettre en place une solution représente un défi, selon le chercheur. « Les contaminants proviennent des affluents, en amont du parc [marin de l’estuaire du Saint-Laurent], et il faudra agir sur les sources d’émission de ces substances, dont certaines sont peu documentées », conclut M. Verreault.

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