Société-Monde

Près de la moitié des jeunes Québécois victimes d’anxiété et de dépression

Selon une étude réalisée par l’Université de Sherbrooke (UdeS), près d’un jeune entre 18 et 24 ans sur deux (46 %) rapporte des symptômes compatibles avec un trouble d’anxiété généralisée ou une dépression majeure. Un état provoqué par le manque de cohérence et de compréhension face à la situation actuelle.

« Notre étude montre qu’un écart se creuse entre les 18-24 et l’autre extrême, les 55 ans et plus, explique la professeure-chercheuse à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, également médecin-conseil à la Direction de santé publique de l’Estrie, Mélissa Généreux. Les jeunes sont plus enclins à l’anxiété et à la dépression et moins enclins à se faire vacciner. Ils trouvent les consignes actuelles exagérées (42,4 % d’entre eux) et difficiles à comprendre (34,3 %). »

Ces résultats, tirés de la deuxième phase de l’étude québécoise sur les impacts psychosociaux de la pandémie, montrent qu’en revanche, les personnes âgées de 65 ans et plus sont davantage prêtes à recevoir le vaccin (77,9 % des sondés) et sont moins touchées par l’anxiété et la dépression (10,2 %) [voir encadré].

Un sentiment de cohérence ébranlé

Les jeunes seraient moins nombreux à percevoir la pandémie comme une menace. « Mais ils sont plus nombreux à rapporter souffrir de ses conséquences, affirme Mme Généreux. Ils sont aussi plus nombreux à rapporter des pertes financières, à avoir développé de la méfiance envers les autorités, à adhérer à de fausses croyances ou à s’informer en ligne plutôt qu’auprès des sources formelles.»

D’après la chercheuse, les jeunes perdraient leur sentiment de cohérence, cette capacité qu’a un individu à comprendre les évènements qui l’affectent et à leur trouver un sens, ainsi qu’à identifier des stratégies pour surmonter l’adversité. « Chez les jeunes, le sentiment de cohérence est beaucoup plus faible que chez nos personnes âgées, assure Mme Généreux. Ils ont plus de difficultés à donner du sens à la situation, ils perçoivent qu’il y a une injustice en termes d’effort à fournir, qui leur fait plus de mal qu’aux personnes âgées. »

L’adhésion au vaccin en baisse

Selon les résultats de l’étude, seuls six adultes sur dix (62,2 %) seraient prêts à se faire vacciner, alors que 14,1 % refuseraient et 23,7 % hésiteraient à recevoir un vaccin. « Alors que l’homologation de vaccins approche, le désir de se faire vacciner diminue, admet la chercheuse. Il ne se traduit pas par un refus, mais plutôt par une plus forte hésitation à se faire vacciner. »

Mme Généreux attribue une partie de ce phénomène au faible sentiment de cohérence et aux attitudes négatives face aux consignes gouvernementales. « Ces consignes sont perçues comme exagérées et peu claires par plus du quart de la population », relève-t-elle.  

La surabondance d’informations influence de manière négative la santé psychologique de la population, souligne l’étude. Les Québécois se trouvent confrontés à une épidémie d’informations qui peuvent se contredire. « Ce n’est pas étonnant qu’une partie de la population soit hésitante dans ce contexte », reconnait Mme Généreux.

La chercheuse reste toutefois confiante, expliquant que plus les Québécois approfondissent leurs connaissances sur la nature, l’ampleur, la distribution et l’évolution des effets psychosociaux de la pandémie et les facteurs de risque ou de protection associés, plus il est possible d’éclairer les décisions prises par les autorités.

 

ENCADRÉ : Autres faits saillants

  • Les travailleurs de la santé ont toujours, eux aussi, une prévalence élevée d’anxiété ou de dépression probable (31 %).

 

  • L’étude démontre également que les personnes en télétravail s’ajoutent maintenant au lot des personnes affectées psychologiquement par la pandémie, dans une proportion de 27 %.

 

  • Les adultes au Québec sont deux fois plus nombreux à présenter des idées suicidaires sérieuses (5,8 %), comparativement à ce qui était observé avant la pandémie.

 

  • La consommation abusive d’alcool est en hausse chez les 35 ans et plus. En novembre, près d’un adulte sur trois rapportait une consommation excessive d’alcool au moins une fois par mois (29,3 %).

 

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