Un premier débat attendu

«On n’a pas le choix de s’intéresser aux élections américaines, pense l’étudiant au baccalauréat en communication et politique Anthony Bissonnette. Surtout dans le contexte actuel où on a un candidat comme Donald Trump qui va brasser beaucoup de choses à l’international au cours de son mandat si jamais il est élu. »

Les raisons de suivre cette élection sont multiples pour les étudiants, selon la directrice de l’Observatoire des États-Unis à la Chaire Raoul-Dandurand et professeure à l’Université de Sherbrooke, Karine Prémont, invitée à la table ronde. Elle soulève par exemple le fait qu’il existe plusieurs ententes entre les États-Unis et le Canada. « On a des liens économiques avec [les États-Unis], on fait beaucoup d’échanges avec les universités et les étudiants américains », indique-t-elle. D’après la professeure, des changements de politiques de leur part pourraient avoir une influence sur ces liens étroits.

Un intérêt éducatif

Le chercheur au CÉRIUM et chargé de cours au Département de science politique à l’UdeM Philippe Fournier, commentateur invité à la table ronde, croit que les enjeux qui seront débattus lors de l’évènement touchent la jeune génération. Pour lui, il est particulièrement intéressant d’observer les décisions qui seront prises aux États-Unis en lien avec des problèmes politiques qui se retrouvent au Québec également.

M. Fournier prend comme exemple la réduction du pouvoir d’achat des jeunes. « On le voit même ici, affirme-t-il. Les jeunes ont de plus en plus de difficulté à payer leur loyer et ils ne peuvent même pas s’imaginer pouvoir s’acheter une maison un jour. » Il estime que les politiques appliquées aux États-Unis peuvent avoir un effet d’entraînement sur les autres pays.

Un débat-événement pour une campagne spectacle

D’après Mme Prémont, la continuation et l’amplification du phénomène de politique spectacle ajoutent à l’intérêt pédagogique de cette élection. « On a rompu avec les façons traditionnelles de faire campagne aux États-Unis, indique-t-elle. On a l’impression, encore plus que d’habitude, que le contenu est très, très secondaire. » Elle espère que la table ronde servira à replacer le débat dans un cadre moins spectaculaire et plus informationnel. « En discutant avec les étudiants, ça va nous permettre de contextualiser ces débats-là, d’aller un peu plus en détail et de voir qu’en réalité c’est un peu plus que du spectacle », ajoute-t-elle.

L’étudiant à la maîtrise en sciences de la gestion – développement organisationnel à HEC Jean-Christophe Gagnon se réjouit de la présence de spécialistes dans un tel endroit. « Le bar représente un excellent lieu de discussion avec des amis ou toute autre personne qui voudrait échanger sur les élections américaines », exprime-t-il.

Le choix d’un bar comme lieu de l’évènement n’est d’ailleurs pas anodin. « Il faut aller chercher les étudiants là où ils sont , insiste M. Fournier. Quand ils sortent de leur salle de cours, ils échangent sur l’actualité politique et souvent le font autour d’une bière, c’est là probablement où les meilleures discussions, ou les pires, peuvent resurgir. » Il consent que l’évènement participe à une logique inévitable de politique spectacle par le choix du lieu et son format plus décontracté, tout en réaffirmant le sérieux et la pertinence des interventions des chercheurs.

Pour le chercheur du CÉRIUM, le premier débat de la campagne présidentielle peut marquer un tournant important, notamment si le candidat républicain Donald Trump réussit à déstabiliser son adversaire. « Ça va être brutal », s’amuse-t-il. Match de boxe où les attaques personnelles feront office de rhétorique ou réelle confrontation d’idées politiques ? Selon lui, le débat du 26 septembre donnera le ton au reste de la campagne.