L’expert-conseil ne fait pas de chronique à l’eau de rose avec
chocolat, champagne et bain moussant. L’expert-conseil parle
plutôt de l’amour universitaire, forme particulière d’union,
entre coeur et raison.
L’université : microsociété du savoir
Pourquoi tomberait-on amoureux à l’université ? Question pertinente s’il
en est une. Géographiquement, notre campus montagnard est situé sur
la face nord du mont Royal (donc à l’abri du crime et de la pauvreté).
L’UdeM a un petit quelque chose de bucolique (si l’on exclut le garage
Louis-Colin). Quel bel endroit pour venir s’instruire dans un cours de
microéconométrie avec un prof qui ne parle pas français et rencontrer
l’âme soeur, passionnée elle aussi par les chiffres.
L’UdeM est un lieu propice aux rencontres intellectuelles pour ce qu’elle
représente: une microsociété instruite et cultivée carburant à l’avancement
de la science et à l’amour de la sagesse (ne venez pas me parler d’instrumentalisation
du savoir, les prophètes postmodernes ont tout faux).
Le simple fait d’être sur le campus de l’UdeM vous plonge dans une disposition
de réceptivité et de curiosité intellectuelle sans pareil. Vous êtes
beaux. Vous êtes rayonnants. Le coup de foudre peut vous frapper à tout
moment, même dans un amphithéâtre à l’éclairage glauque.
Vous ne me croyez pas ? Laissez-moi vous raconter l’histoire de l’experte-
conseil et de votre humble chroniqueur.
Qui se ressemble s’assemble
L’expert-conseil rencontra sa douce dans une séance de travail pratique
de macroéconomie en 2005. C’est véritablement lors de la manifestation
étudiante du 16 mars 2005, rue Fullum, que nos coeurs se sont ouverts :
le froid glacial força le rapprochement, l’attente prolongée, la discussion
et notre cynisme partagé envers la chose militante complétèrent le travail
; j’étais amoureux !
Après cinq ans d’union, un appartement sur le Plateau et un mur de
diplômes à faire rougir Denise Bombardier, nous sommes des êtres
rationnels, snobs, et intolérants face à l’ignorance, le tout grâce à l’UdeM !
La vie à l’université ?
Après avoir constaté la justesse de mes propos, il est possible que vous
ayez envie de passer le restant de vos jours à l’université. À ce titre, la
revue Affaires universitaires a réfléchi pas récemment (en 2004) sur
une question fondamentale du couple universitaire. Doit-on embaucher
au sein d’un même département le ou la conjoint(e) d’un des membres
de notre corps professoral ? Ce n’est pas si simple d’évoluer au sein du
même département que l’être aimé. Voilà pourquoi il faut y penser à deux
fois avant de faire un plan de carrière à deux à l’UdeM.
Il est vrai que l’université est le lieu de prédilection pour vivre un amour réaliste
et platonique, passionné et rationnel, vrai et irréfutable. Dans ces circonstances,
il est normal qu’après un bac, nimbé de romance intellectuelle,
vous ayez envie de poursuivre vos études à la maîtrise, puis au doctorat.
Toutefois, assurez-vous de faire revivre la passion à chaque demande de subvention,
rush de correction et coupe dans votre budget de recherches.
L’amour universitaire est la plus haute forme de satisfaction narcissique
qui soit. Amoureux de l’amour ? Non. Amoureux de la sagesse, des
diplômes et du décorum bidon des universités ? Certainement !
La prochaine fois, vous verrez pourquoi l’expert et l’experte-conseil sont
persona non grata à l’UQAM.
Cette chronique ne vous est pas présentée par Lavalife.