Pourquoi quitter la FEUQ ?

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Par Valentine Bourgeois
mardi 12 mars 2013
Pourquoi quitter la FEUQ ?
La présidente de la Feus, jessica Gaouette. (Crédit photo: Courtoisie Jessica Gaouette)
La présidente de la Feus, jessica Gaouette. (Crédit photo: Courtoisie Jessica Gaouette)

Les 14 000 étudiants de la Fédération des étudiants de l’Université de Sherbrooke (FEUS) pourront se prononcer pour ou contre la désaffiliation de la FEUS de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). Le vote aura lieu lors d’un référendum qui sera tenu du 25 au 28 mars prochains. À l’UdeM, une telle option n’est pas à l’ordre du jour.

« Le problème se situe au niveau de la culture de la FEUQ et de son fonctionnement, explique la porte-parole de la FEUS, Jessica Gaouette. Elle manque de transparence parce qu’elle organise souvent des huis clos. » La présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, n’est pas de cet avis. « Je crois que la FEUQ est très ouverte et a beaucoup évolué depuis 2005, dit-elle. Normalement, tous nos documents sont publics, sauf les budgets pour des raisons politiques évidentes, et tous les membres peuvent demander à leur association d’avoir accès aux documents. »

Parmi les onze associations membres de la FEUS, plusieurs se plaignent d’être mal représentées, d’où le désir de pouvoir choisir leur représentant de façon individuelle. « On essaie de plaire au plus grand nombre, alors on doit faire des compromis sur plusieurs points, explique Mme Gaouette. Certaines associations trouvent qu’on est trop radical, trop à gauche ou trop à droite, et quand on arrive à la FEUQ, les idées sont encore diluées parce qu’il faut trouver un consensus avec eux aussi. »

La nécessité d’un référendum

Pour la FEUQ, le référendum qui aura lieu à l’Université de Sherbrooke tient plus de la consultation que d’une véritable volonté de désaffiliation. Martine Desjardins se dit heureuse de pouvoir se rendre sur le terrain afin de mieux faire connaître les différents dossiers dont s’occupe sa Fédération. « Beaucoup pensent que la FEUQ, c’est seulement les droits de scolarité », déplore-t-elle.

Du côté de la FEUS, pas de doute : il s’agit bien d’un référendum sur la question de la désaffiliation. « On parle d’un gros processus qui vient de l’insatisfaction de plusieurs associations membres de la FEUS », explique Mme Gaouette. La demande vient de l’Association générale des étudiants en sciences (AGES) et de l’Association générale étudiante de la Faculté des lettres et sciences humaines (AGEFLESH).

Lors de leur assemblée générale respective, les deux associations avaient obtenu le mandat de convoquer une réunion pour demander un référendum. « C’était déjà arrivé au printemps dernier, mais on a trouvé que le moment était mal choisi et qu’on devait concentrer nos énergies ailleurs », raconte Jessica Gaouette. Le 7 novembre dernier, au cours d’une nouvelle réunion, le point a été adopté. Une campagne pour informer les étudiants membres de la FEUS a été lancée le11 mars.

 Et à l’udeM ?

La secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Mireille Mercier-Roy, affirme que la question n’a jamais été abordée de façon officielle. La désaffiliation de la FEUQ n’est pas à l’ordre du jour du congrès annuel de la FAÉCUM qui se tiendra du 22 au 24 mars.

 Il reste qu’il est possible pour les associations étudiantes qui sont insatisfaites de leur représentation de se désaffilier de la FAÉCUM ou d’avoir une double affiliation. La grande majorité des associations de l’UdeM sont affiliées à la FAÉCUM par défaut, mais une dizaine d’entre elles font aussi partie de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ)par choix, car ses valeurs se rapprochent davantage des leurs.

C’est le cas de l’Association des étudiants de philosophie de l’UdeM (ADEPUM). Son vice-président, Simon-Pierre Chevarie-Cossette, confie que son association a souvent discuté en assemblée générale de se désaffilier de la FAÉCUM. « S’il y avait la possibilité d’organiser un référendum pour que la FAÉCUM se désaffilie de la FEUQ, on sauterait sur l’occasion, explique-t-il. La raison principale pour laquelle on n’est pas à l’aise avec le système FAÉCUM/FEUQ est le manque de transparence. »

La FAÉCUM, de son côté, se dit très satisfaite du travail de la FEUQ. « Ils ont des porte-parole crédibles, et nous avons eu un bel exemple l’année dernière du bon travail qu’ils peuvent faire », confie Mireille Mercier-Roy. La présidente de la FEUQ, quant à elle, affirme qu’elle reçoit beaucoup de commentaires positifs sur le travail de sa Fédération.

Avoir le choix

L’Association des étudiants en musique de l’UdeM (AEMUM) a fait comme plusieurs autres en choisissant la double affiliation. Après s’être jointe à la Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) pendant la grève étudiante, elle est aujourd’hui membre de l’ASSÉ. « La raison de notre affiliation était d’aller chercher une représentation que l’on trouvait plus adéquate en raison de notre mandat », explique la coordonnatrice aux affaires externes, Mikhaelle Salazar. L’AEMUM défend la gratuité scolaire et affirme que sa décision n’est pas un rejet de la FEUQ, mais qu’elle découle plutôt d’une volonté d’aller chercher le maximum de représentation.

 Si les étudiants de l’Université de Sherbrooke votent pour la désaffiliation, celle-ci sera en vigueur dès la fin de la session courante. Les associations décideront ensuite de s’affilier de façon individuelle à une autre organisation étudiante ou sous la bannière commune de la FEUS, comme c’est le cas aujourd’hui. Des décisions qui devront être prises rapidement, si les associations ne veulent pas perdre leur voix au cours des chantiers du Sommet sur l’enseignement supérieur, qui se tiendront pendant les six prochains mois.