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Portraits d’étudiants endettés

Selon la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), « sur l’ensemble des étudiants à temps plein au premier cycle, 65 % s’endettent d’un montant moyen de 13967 $, et un étudiant sur quatre accumule plus de 20 000 $ de dettes ». Samuelle et Martin- Claude sont tous deux représentatifs des étudiants endettés.

Samuelle (Crédit photo : Roxanne Hébert-Ratté)

En quatre ans, Samuelle a obtenu par cumul un Baccalauréat en arts et sciences à l’UdeM, avec une majeure en études cinématographiques et une mineure en communication.

Après avoir pris une pause de l’université, elle suit présentement des cours de maîtrise en communication à temps partiel, à raison d’un cours par session seulement, tout en travaillant.

Quartier Libre : Quand as-tu eu besoin d’un prêt ? Samuelle : J’ai eu besoin d’un prêt à ma deuxième année d’université. À la première, mes parents m’aidaient beaucoup, à la deuxième, ça a commencé à faire beaucoup avec l’école, le loyer, etc. Donc à partir de la deuxième année, mes parents payaient les frais d’université, mais pas les frais de vie, et ils habitaient trop loin pour que j’habite chez eux.

Q. L. : Après avoir terminé tes études, quel était le montant total du prêt que tu avais à rembourser ? S : À peu près 10000 $. Ça me coûte environ 105 $ par mois pour le rembourser. Là, ça fait trois ans que je rembourse, alors il me reste encore 7 ans. Pour l’instant, j’ai un budget serré, mais éventuellement je verrai à augmenter mes mensualités et diminuer le nombre d’années.

Q. L. : Est-ce que le remboursement t’impose des contraintes ? S : Quand j’ai commencé à travailler et que je faisais un salaire moindre, c’était plus difficile.

J’ai dû attendre deux ans avant d’avoir une voiture parce que je ne pouvais pas me le permettre.

Au début, quand tu finis et que tu commences à payer, tu considères que c’est beaucoup par mois. Trois ans plus tard, je commence tout juste à pouvoir mettre de l’argent de côté.

Il va aussi falloir que je planifie un budget plus serré dans les prochaines années pour pouvoir mettre plus d’argent sur mon prêt étudiant. Je veux éviter de l’avoir à la gorge pendant sept ans. C’est long, sept ans. Alors il va falloir que je coupe ailleurs. C’est certain qu’il va y avoir d’autres priorités. C’est presque rien, la dette que j’ai contractée… J’ai eu recours à des prêts pendant seulement deux ans.

Q. L. : Si tu avais eu à payer 1625 $ de plus par année pour étudier, qu’est-ce que cela aurait changé dans ta vie ? Cela aurait changé beaucoup de choses. Je pense que j’aurais dû emprunter à la banque pour aller à l’école. Il aurait fallu que je m’endette d’une autre façon, avec un taux d’intérêt beaucoup plus élevé. J’allais à l’école à temps plein, je travaillais à temps partiel, je ne pouvais pas travailler plus que ça. L’été, quand j’avais congé d’école, je travaillais pour me ramasser de l’argent, et c’était à la «cenne» près.

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Martin Claude (Crédit photo : Roxanne Hébert-Ratté)

 

 

Martin-Claude a fait son entrée à l’Université Laval en septembre 2003 en Intervention sportive. Il a complété son baccalauréat en trois ans tout en travaillant à temps partiel au sein des Forces canadiennes. Il travaille toujours pour l’armée.

Q. L. : À combien s’élève le montant de votre endettement étudiant ? MC: Il s’élève à pas loin de 11000 $ au total.

Je le rembourse au mois. Au début, quand ma conjointe était sur le marché du travail, on remboursait chacun 150 $ par mois. Elle a fait un retour aux études, donc étant donné qu’il y a moins d’entrées au niveau du budget familial, j’ai réduit ça à 100 $ par mois.

Q. L. : Combien de temps estimez-vous que vous devrez travailler pour rembourser votre prêt ? MC: Il me reste à peu près 8300 $ à rembourser.

À cent dollars par mois, il me reste à peu près 7 ans. Mais je suis choyé au niveau salarial, donc ce n’est pas une contrainte qui vient m’étouffer. Ça peut être le cas pour d’autres, mais pas dans ma situation.

Q. L. : Si vous aviez eu à payer 1 625 $ de plus par année pour étudier, qu’est-ce que cela aurait changé dans votre vie ? Le nombre d’années pour rembourser mon prêt. Le taux d’intérêt sur un prêt étudiant n’est pas très élevé pour ce que je considère être vraiment un investissement qui, à le long terme, va être plus payant que d’avoir un secondaire 5 seulement.

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Selon la FEUQ, 52 % des étudiants qui bénéficient d’un prêt de l’Aide financière aux études (AFE) doivent se tourner vers d’autres sources pour payer leurs études. C’est pourquoi la FEUQ demande le gel des frais de scolarité dès 2012 et une bonification de l’AFE pour contrer les effets néfastes de l’endettement étudiant tel qu’il existe actuellement.

 

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