Culture

Portrait d’artiste engagé : Malajube

On les croyait désintéressés de la politique, voire désillusionnés. Erreur. Les membres de Malajube sont montés sur la scène de la Place du Canada pour appuyer les étudiants contre la hausse des frais de scolarité le 5 avril dernier. Lui-même en grève depuis plusieurs semaines, le batteur Francis Mineau explique les formes d’engagement politique et social du quatuor québécois.

« La grève a stoppé mon retour en classe, alors j’ai commencé à m’intéresser au dossier », explique Francis, qui entreprend, entre deux albums de Malajube, sa dernière année au baccalauréat en littérature française à l’UdeM. Il descend actuellement dans la rue au moins une fois par semaine pour manifester. «Il faut le faire, souligne le batteur de 32 ans. C’est la même chose que le gaz de schiste. Si personne n’était monté aux barricades, ça aurait passé dans le beurre.»

Quand la FAÉCUM a proposé à la formation de monter sur scène, Francis était déjà convaincu. N’étant plus étudiants, les autres membres du groupe n’étaient pas directement touchés par la cause, mais plutôt par la façon dont le gouvernement libéral gère l’État. «Pour le groupe, c’est une façon de manifester notre désaccord envers le gouvernement en général, sa façon de gérer les grands dossiers et de traiter la population», indique Francis.

Ce n’est pas la première fois que Malajube participe à ce genre d’évènement de contestation. Le mois dernier, il était du spectacle-bénéfice pour la Fondation Rivières afin de sauver une rivière à Sainte-Ursule. « C’est plus simple pour nous d’être engagé politiquement comme ça, en nous associant à des causes et sans nécessairement composer une nouvelle chanson engagée», admet-il.

Les chansons du groupe parlent souvent de relations amoureuses de façon abstraite et poétique. «On n’a jamais été un groupe engagé politiquement de manière explicite dans nos paroles ou dans nos thèmes, raconte Francis. Il ne faut pas pousser là où l’on ne se sent pas à l’aise.»

 Engagés pour le français

Chanter en français est, pour Malajube, son seul engagement explicite. « Ce n’est pas exclusivement politique, on n’a pas besoin de se battre haut et fort pour le faire, parce que c’est notre langue maternelle, explique Francis. Julien n’a jamais été intéressé par l’écriture en anglais et encore moins par l’interprétation dans cette langue.» Toutefois, pour la diffusion et la vente de disques à l’international, c’est une autre histoire, selon Francis. « Nous nous sommes coupés de la diffusion de masse, avoue-t-il

Inspirés par leur passage à la Place du Canada, les membres de Malajube se voient participer à davantage de spectacles du genre, avant d’entrer en période d’écriture pour leur cinquième album. « Nous sommes bien positionnés pour ça, et on va le faire de plus en plus, affirme le batteur. Il y a tellement de choses qui ne fonctionnent pas au Québec. »

PHOTO : Malajube : Thomas Augustin, Julien Mineau, Francis Mineau et Mathieu Cournoyer (de gauche à droite)  (Crédit : Didier Charette)

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