Culture

Plus de temps libre : plus de passe-temps

Au Canada, 63 % de la population indique avoir adopté un nouveau passe-temps pendant la pandémie, révèle un sondage
de Narrative Research et The Logit Group, datant de février 2021. Les résultats sont similaires au Québec, où un sondage de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) s’est penché à l’hiver 2021 sur les principales stratégies des adultes québécois pour garder le moral pendant la pandémie. Pour 45 % d’entre eux, ces stratégies sont les activités physiques et de bien-être comme la danse ou la méditation. Pour 19 % d’entre eux, les passe-temps relèvent de loisirs comme peindre ou bricoler. En mars 2020, le docteur Horacio Arruda, alors directeur de la santé publique du Québec, invitait d’ailleurs la population québécoise à essayer de nouvelles activités pour meubler les heures du confinement. Lui disait cuisiner des tartelettes portugaises.

Du temps pour trouver la joie

Le chroniqueur à la radio étudiante de l’Université de Montréal CISM Loïc Beauregard-Lefebvre, qui vient de commencer la rédaction d’un mémoire en recherche-création à l’UQÀM, est devenu un nouvel adepte du collage tout récemment, en janvier 2022, après avoir reçu comme cadeau de Noël un couteau de précision, de la colle, une règle et un tapis de coupe. « Le collage, c’est découper des formes dans des livres et les recoller à notre manière, explique-t-il. Ça fait un bout de temps que je veux m’y mettre ». Cette idée lui est venue alors qu’il était étudiant libre à l’Université de Montréal, après y avoir obtenu en 2018 un baccalauréat en psychologie et sociologie. « J’ai fait un cours de poésie conceptuelle, détaille-t-il. On parlait beaucoup
de collage, parce que c’est un médium qui a beaucoup été utilisé dans les mouvements d’avant-garde, les dadaïstes, les futuristes… »

Le chroniqueur déclare que le collage lui apporte beaucoup de joie. L’activité ralentit le temps ou l’accélère. « Ça dépend comment tu le vois, poursuit-il. Ça fait quelque chose de concret à voir, à regarder. » Le travail manuel lui permet d’écouter de la musique en même temps, un avantage intéressant selon lui. « Le fait d’avoir du temps, c’est sûr que c’est ça, le truc, affirme-t-il. On peut avoir des passions seulement si on a du temps. Dès qu’il a le temps, un humain a envie de créer quelque chose. Que ce soit une compagnie ou un groupe de musique, c’est la même idée : on a envie de se voir dans le monde, d’exister. »

Loïc Beauregard-Lefebvre a terminé sa chronique du 18 janvier dernier sur les ondes de CISM, à l’émission Les meilleurs partys se passent dans la cuisine où il était venu parler de sa passion pour le collage, par : « Je vais continuer à en faire, j’adore, j’adore, c’est vraiment super ! » 

Les ateliers culturels ont le vent en poupe

Au sein même de l’UdeM, les étudiants et étudiantes ont accès à des ateliers culturels en tout genre, dont certains se sont tenus et se tiennent toujours en ligne pour s’adapter aux différentes restrictions. « Ce sont des nouveaux passe-temps : les ateliers de danse, de langue, de théâtre sont tous des ateliers d’initiation », souligne la responsable des activités culturelles des Services à la vie étudiante, Chloée Ferland-Dufresne.

Juste avant la pandémie, à l’automne 2019, l’Université offrait plus d’une centaine d’ateliers. Depuis, l’offre a diminué de plus de la moitié, selon les données fournies par les Services à la vie étudiante. « Nous avons dû faire des choix, parce que nous voulions aussi que ce soit une expérience optimale, précise Mme Ferland-Dufresne. Et nous avons été surpris de l’engouement pour notre offre dans le contexte actuel, la demande est là. »

« La pandémie nous a appris qu’on n’était pas obligé de s’accomplir uniquement avec notre travail, mais aussi avec notre savoir-faire, nos idées et nos projets personnels », remarque Éléonore Escobar, titulaire d’un certificat en journalisme obtenu en 2021. Voulant créer des choses par elle-même, elle a eu une idée de baladodiffusion et a découvert que l’UdeM donnait un atelier sur le sujet, qu’elle a suivi en mai 2021. « Je voulais mettre en forme mon idée, faire un pilote et avoir la validation ainsi que les conseils d’un professionnel », détaille-t-elle.

L’élan créatif a aussi poussé Éléonore Escobar à explorer ces derniers mois de nouvelles activités pour passer le temps. « Je cherchais à passer du temps de qualité avec mon copain et que ce ne soit pas juste regarder des films », poursuit-elle. Elle a alors commencé à faire des étampes avec ses dessins, puis en a fait des broderies sur des t-shirts. « Mes amis ont beaucoup aimé, j’en ai même vendu une cinquantaine ! », se réjouit-elle.

Un passe-temps… qui s’installe

L’étudiante au D.E.S.S. en études féministes, des genres et des sexualités Lucile Ténèze a pour sa part décidé d’apprendre l’italien grâce à une application.

À l’hiver 2020, elle terminait une année d’échange à l’UQÀM dans l’objectif d’obtenir sa licence en cinéma et audiovisuel commencée en France, jusqu’à ce que, à la mi-mars, tous ses cours soient suspendus. « Aucun n’a repris en formule à distance », regrette-t-elle. Elle s’est alors retrouvée avec seulement quelques travaux à remettre et beaucoup de temps libre.

« Je n’avais pas conscience qu’on serait encore là deux ans plus tard ! avoue-t-elle en riant. Pour moi, c’était une période qui allait passer, il fallait juste occuper le trou que c’était pendant ce temps-là. » La décision d’apprendre l’italien est arrivée par hasard. « Je me disais : « C’est vrai que je m’ennuie un peu, j’aimerais bien apprendre quelque chose de nouveau. Tiens, une langue, par exemple ! » », ajoute-t-elle.

Son colocataire lui a alors parlé de Duolingo, une application mobile gratuite d’apprentissage des langues. « J’ai commencé sur Duolingo, et j’ai appris un peu les bases de l’italien, explique Lucile Ténèze. J’en ai fait pas mal pendant deux mois. » À la même période, elle a également rempli des demandes d’admission pour la maîtrise. Comme elle devait tout de suite indiquer ses préférences pour les sessions d’échange, elle a choisi l’Italie. Elle a finalement été acceptée au master international en études cinématographiques de l’Université de Lille, en France, où elle a fait sa session d’automne
2020. À l’hiver 2021, elle s’est envolée pour Udine, en Italie, dans le cadre d’un échange.

« Tous les cours étaient en italien, c’est vraiment la pandémie qui a permis ça, donc c’est incroyable, je trouve ! s’exclame-t-elle. Ça m’a ouvert le champ des possibles. Je me dis, « Tiens, si jamais un jour j’ai envie d’aller au Portugal,
eh bien, le portugais, ça s’apprend aussi ! » »

Œuvres d’Éléonore Escobar sur Instagram: @aubergine_studio.
Œuvres de Loïc Beauregard-Lefebvre sur Instagram: @appareildoptique.

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