Plonger dans le cinéma

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Par Esther Thommeret
mardi 24 septembre 2019
Plonger dans le cinéma
Ariane Mainville interprète le rôle d’une nageuse professionnelle dans le film Nadia, Butterfly. Crédit : Jacob Côté
Ariane Mainville interprète le rôle d’une nageuse professionnelle dans le film Nadia, Butterfly. Crédit : Jacob Côté
Pour renforcer la crédibilité de son film Nadia, Butterfly, le cinéaste Pascal Plante a choisi comme comédiennes des nageuses professionnelles, dont Ariane Mainville, étudiante à HEC Montréal. Poussée à la limite de ses capacités physiques, Ariane a trouvé le tournage parfois plus exigeant qu’un entraînement classique.

«Dans le film, ça va se voir que les scènes de sport sont réelles, raconte la membre de l’équipe de natation des Carabins de l’UdeM, Ariane Mainville. Après une heure d’entraînement intensif, j’étais à bout de souffle. » Le réalisateur a poussé les sportives à la limite de leurs capacités physiques en leur faisant répéter la même série dans l’eau plusieurs fois, jusqu’à l’obtention d’une séquence parfaite. Ariane est convaincue que le résultat se verra à l’écran.

En quête d’authenticité

Le réalisateur, ancien nageur professionnel, estime qu’il est rare de percevoir l’effort physique réel et extrême des sportifs dans les films de fiction. « Dans le film, quand les nageuses font un effort physique, c’est réel, on va les voir essoufflées », explique-t-il. Selon M. Plante, cette façon de faire permet d’imaginer le quotidien d’un athlète qui se prépare pour une compétition internationale. « Les compétitions sportives, comme les JO, c’est vraiment le bout infime d’un iceberg immense , raconte-t-il. C’est le moment où le monde entier a les yeux rivés sur toi, mais ce que les gens ne voient pas c’est tout le travail qui précède. »

Ariane Mainville a d’ailleurs trouvé que les scènes de natation pendant le tournage étaient plus difficiles à réaliser qu’un entraînement habituel. « Certains films de natation n’ont rien à voir avec la réalité, alors qu’ici, c’est vrai de vrai, les actrices sont de vraies nageuses, raconte-t-elle. Je vais pouvoir montrer ça à mes amis et leur dire « ça, c’est ma vie ». »

D’après le réalisateur, montrer les corps des nageuses sculptés par la discipline intensifie davantage la crédibilité du film. « Leur mode de vie est tatoué à même leur corps, raconte Pascal Plante. Nous montrons, par leur physique, l’immense travail indispensable pour arriver à ce niveau-là. » Il importait également pour le réalisateur que les personnages utilisent le jargon précis du monde de la natation. « Il y avait beaucoup de liberté dans la façon dont elles rendaient les scènes », dit-il. Cette improvisation a permis aux nageuses d’utiliser leurs termes habituels pendant les entraînements. Par cette démarche, M. Plante explique ajouter une touche de documentaire à sa fiction. « C’est cette quête d’authenticité qui a dicté tous ces choix, comme ça, le film peut devenir une incursion sociologique », affirme-t-il.

Nageuse et comédienne

3Le réalisateur a fait du repérage dans les piscines du Québec pendant un an pour trouver les actrices idéales pour son film. « Il est venu m’aborder lors d’une compétition des Carabins à Québec », raconte Ariane. Elle ne s’attendait pas à ce qu’on lui propose une telle offre. « J’ai fait de mon mieux, parce que je n’ai aucune expérience en tant qu’actrice », raconte-t-elle.

Ariane joue le rôle de la meilleure amie et partenaire d’entraînement du personnage principal, Nadia, interprété par Katerine Savard, étudiante à l’UdeM et membre des Carabins. Pascal Plante n’a pas hésité longtemps avant de choisir les deux nageuses pour les rôles principaux de son film. « La question que je me pose quand je fais un casting, c’est : « est-ce que cette personne est touchante ? », explique-t-il. Avec Ariane, la réponse était « oui ». »

Concilier études et carrière sportive de haut niveau

i avant de participer au film sachant que concilier les heures de tournage avec ses études et ses entraînements serait un réel défi. La nageuse a notamment accepté le rôle, parce que le réalisateur a organisé le tournage pendant la période hors saison de natation. « Si le tournage avait été en plein milieu de la saison, ça aurait vraiment été l’enfer, raconte-t-elle. Il aurait fallu s’entraîner de jour et tourner de nuit, je pense que je n’aurai pas été capable. »

ariane mainville - natationAriane, étudiante en entrepreneuriat à HEC Montréal, a longuement réfléchAu cours des sept prochains mois, Ariane va se préparer pour les essais olympiques prévus en avril prochain. La nageuse cumule un travail à temps plein, les cours à HEC le soir et les entraînements le matin et l’après-midi. « Je suis en mode survie, dit-elle. C’est ce que j’ai fait l’année dernière, je suis donc habituée, mais ça va être difficile. » Afin de diminuer sa charge de travail et de se concentrer sur sa préparation aux Jeux olympiques, Ariane a décidé de ne plus étudier à temps plein à l’université.

La suite du tournage de Nadia, Butterfly se déroulera à Tokyo à la fin du mois de septembre. La sortie du film est prévue pour l’été prochain, lors des Jeux olympiques au Japon.