piquées au vif

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Par Coralie Mensa
vendredi 31 janvier 2014
piquées au vif
«Le DEC donne certes une bonne formation initiale générale, mais cette dernière est insuffisante » – Charlène Joyal Présidente du Comité jeunesse de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) (crédit photo : Adil boukind)
«Le DEC donne certes une bonne formation initiale générale, mais cette dernière est insuffisante » – Charlène Joyal Présidente du Comité jeunesse de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) (crédit photo : Adil boukind)

Un diplôme d’études collégiales (DEC) ou un baccalauréat pour une seule et même profession: infirmière. Une situation complexe qui va le rester puisque le gouvernement du Québec a décidé, le 8 janvier dernier, de ne pas rendre obligatoire le baccalauréat pour exercer la profession d’infirmière. Mais qu’en pensent les principaux intéressés? À l’UdeM, les avis sont partagés.

«En tant qu’infirmière, cette décision est décevante, mais en tant que formatrice de la relève infirmière, on va faire avec», assure la vice-doyenne aux études de 1er cycle de la Faculté des sciences infirmières (FSI) de l’UdeM, Johanne Goudreau. Elle tente de se faire à la décision du gouvernement de ne pas rendre obligatoire le baccalauréat en sciences infirmières.

Pour sa part, la doyenne de la FSI, Francine Girard, qui s’est exprimée par l’intermédiaire du porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion, s’est dite «surprise» tout en précisant que «le dossier n’est pas fermé et que l’Université continue à travailler avec le gouvernement.»

Des étudiants hésitants

La déception et la surprise sont en revanche moins grandes chez les étudiants en sciences infirmières de l’UdeM, davantage attachés à la préservation de deux diplômes différents pour leur profession. L’étudiant à la maîtrise en sciences infirmières Dominique Noël a une position partagée sur le sujet. «Je pense qu’uniformiser la main-d’œuvre infirmière est un idéal noble, explique-t-il. Mais je peux comprendre les infirmiers titulaires d’un DEC qui travaillent depuis plusieurs années, qui pourraient se sentir lésés de savoir que désormais le prérequis scolaire est un bac, surtout si sur le terrain ils ont l’impression de faire le même métier.» L’étudiant regrette qu’il y ait plusieurs formations pour devenir infirmier et ajoute que selon lui, la profession est nivelée par le bas puisque tous passent le même examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) au terme de leur formation.

Contrairement à Dominique Noël, l’étudiante au baccalauréat en sciences infirmières Nacera Amraoui n’est pas favorable à l’obligation du baccalauréat. «Ce n’est pas juste d’obliger les étudiants au DEC à poursuivre leurs études à l’université si, en sortant du cégep, ils peuvent déjà exercer leur métier », observe-t-elle. Quant à l’Association des étudiant(e)s en sciences infirmières de l’UdeM (AESIUM), elle n’a pas encore abordé le sujet avec ses membres et ne souhaite pas s’exprimer à ce propos.

Une future relève compétente

C’est en 2012 que l’OIIQ a demandé au gouvernement d’établir le baccalauréat comme nouvelle norme d’entrée dans la profession infirmière. L’idée était d’améliorer le cursus de formation et de développer les compétences pour mieux faire face à la complexité des soins et à l’augmentation des besoins de la population. «Avec la loi 90 de 2002, le champ de pratiques des infirmières s’est agrandi, expose la présidente du Comité jeunesse de l’OIIQ, Charlène Joyal. Elles ont une plus grande autonomie professionnelle, et de plus en plus d’actes leur sont réservés. Mais pour être capable d’exercer toutes ces compétences, il faut faire plus d’études. Le DEC donne certes une bonne formation initiale générale, mais cette dernière est insuffisante.» Certains postes d’infirmières cliniciennes nécessitent obligatoirement un baccalauréat. Les infirmières de liaison, par exemple, s’assurent que toute personne qui quitte l’hôpital continue à obtenir des soins adéquats après sa sortie. Même chose pour les infirmières en oncologie.

Il s’agissait également de s’adapter à ce qui se fait déjà dans les autres provinces canadiennes et à l’international, où le baccalauréat est obligatoire pour exercer la profession infirmière. D’ailleurs, l’étudiante infirmière Nacera Amraoui est optimiste. «Le niveau d’études des infirmières au Québec va augmenter comme ailleurs, ça va se faire progressivement », croit-elle.

Le DEC-BAC

En attendant, il existe le compromis du programme hybride DEC-BAC. « Le DEC-BAC existe depuis dix ans et permet à une infirmière diplômée au cégep d’accéder à un programme de deux ans à l’université à la suite duquel elle obtient un baccalauréat, décrit la vice-doyenne aux études de 1er cycle de la FSI. L’avantage est que les étudiants pratiquent et accumulent ainsi de l’expérience en même temps qu’ils étudient puisqu’ils travaillent deux jours par quinzaine sur le terrain. »

C’est ce type de programme qui deviendra peut-être un jour obligatoire. Pour l’instant, le ministère de la Santé, qui n’a pas répondu à notre demande d’entrevue, a lancé une étude prospective afin d’évaluer les besoins du réseau infirmier, avant de revoir, s’il le faut, sa décision du 8 janvier dernier.

DEC infirmière-technicienne Bac infirmière clinicienne
Nombre d’heures de cours
2000 4000
Salaire annuel moyen
entre 40800 $ et 65100 $ entre 41500 $ et 79300 $
Formation
3 ans de formation collégiale qui préparent aux soins généraux et aux techniques de soins 3 ans de formation universitaire plus théorique et plus approfondie