Volume 20

Pierre Duchesne désire « que le “printemps érable” continue »

«Arrangeons-nous pour que le “printemps érable” continue. » C’est ce qu’a affirmé le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, dans une entrevue exclusive donnée à Quartier Libre, après une conférence à l’UdeM.

«Il y a eu un printemps très chaud… et l’automne sera ensoleillé», a dit le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, devant plus de 200 étudiants réunis à l’UdeM le 3 octobre dernier. «S’il y a eu un “printemps érable”, arrangeons-nous pour que ça continue, mais que ça passe peut-être par un autre stade. La mobilisation, ce n’est pas juste tenir une affiche. C’est aussi activer des cerveaux.»

M. Duchesne compare la situation actuelle avec la Révolution tranquille. «Il y avait très peu de gens dans les rues, mais il y avait toute une génération qui s’est activée autour d’un gouvernement. Ils ont créé, par exemple, le ministère de l’Éducation et la Caisse de dépôt et placement.» 

Le changement de ton est radical par rapport au gouvernement précédent. « Le temps de l’affrontement est terminé », a clamé M. Duchesne. Il dit vouloir « ramener la confiance » et ajoute avoir besoin des étudiants afin que ceux-ci participent à la discussion. Il a d’ailleurs consulté la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), la semaine suivante, dans des rencontres séparées.

C’est à l’udeM que Pierre Duchesne a donné sa première conférence devant un public étudiant. (Crédit photo : Pascal Dumont)

C’était la deuxième sortie publique de M. Duchesne comme ministre. La première a eu lieu la veille, au congrès de l’Association francophone pour le savoir.

Sa position sur le mouvement étudiant des derniers mois est claire : «Notre gouvernement ne craint pas la mobilisation sociale, dit-il. Ce n’est pas une maladie. La rue n’est pas dangereuse. Il faut arrêter de juger des jeunes qui ont un discours qui ne va pas avec une ligne officielle.» 

À propos du futur Sommet sur l’Enseignement supérieur, M. Duchesne affirme que «tout sera sur la table ». Il n’y aura «aucun tabou», a-t-il dit. «Étonnez-moi», ajoutant qu’il était à la recherche de «solutions constructives». La date du Sommet n’est pas encore fixée. Le Sommet est prévu d’ici la mi-décembre, mais pourrait avoir lieu un peu plus tard.

Gratuité ?

Lors de la période de questions, l’étudiant en sciences biologiques, Gabriel Manzano St-François, a demandé au ministre sa position sur la question de la gratuité scolaire. M. Duchesne a dit être prêt à évaluer la gratuité scolaire tant que le système universitaire ne s’appauvrira pas. L’attitude du ministre a plu à l’étudiant. «C’était vraiment bien par rapport à l’autre ministre. Il est beaucoup plus ouvert, à l’écoute », a commenté M. Manzano St-François.

La secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Mireille Mercier-Roy, a assisté à la conférence. «Ce n’était pas l’occasion de voir en profondeur les enjeux qui nous préoccupent, a-t-elle relativisé. Nous souhaitons le rencontrer pour approfondir. Quand on compare avec la précédente ministre, on aime mieux ce qu’on entend. Mais, on attend [de voir]. » M. Duchesne a précisé ensuite, en entrevue, ne pas avoir prévu de rencontrer directement la FAÉCUM pour l’instant. « D’autres rencontres restent à définir », a-t-il toutefois précisé.

Un étudiant en science politique, rencontré après la conférence, a trouvé que le ministre a montré «un manque d’expérience » en donnant des réponses imprécises aux questions. Un ancien membre de la FAÉCUM, rencontré en marge du discours, dit que le peu d’expérience de M. Duchesne avait été remarqué lors de son arrivée au ministère. 

Vincent Ranger, étudiant en droit, dit avoir trouvé « très intéressante » l’allocution de Pierre Duchesne. «C’est bien que l’on puisse voir un ministre aussi rapidement. Il est très ouvert», a-t-il ajouté.

C’était la deuxième intervention publique de M. Duchesne depuis sa nomination comme ministre le 19 septembre dernier. C’était sa première apparition devant des étudiants. «L’accueil était très bien, je crois à l’intelligence », a-t-il remarqué.

 

En collaboration avec Fanny Bourel

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