Rencontre était le thème de la 36e édition du Concours interuniversitaire de photographie. Les deux étudiantes primées, Noémie Houde et Lisa Voinea, se sont d’ailleurs rencontrées dans un local du 6e étage de la Bibliothèque des lettres et sciences humaines de l’UdeM pour s’entretenir avec Quartier Libre. Face à une fenêtre dévoilant le coucher du soleil sur le campus, elles ont partagé leur expérience et ont rapidement découvert à quel point leurs par- cours distincts étaient complémentaires.
Un hasard total
Quelques questions suffisent pour découvrir que Noémie Houde et Lisa Voinea ont toutes les deux décidé de participer au concours de manière assez spontanée. Noémie Houde, étudiante au baccalauréat en histoire, dévoile que c’est « le hasard le plus total » qui l’a amenée à poser sa candidature, après avoir pris connaissance d’un courriel de l’Université.
La chance s’est par la suite ajoutée au hasard. « Quand j’ai vu le concours, je n’avais pas remarqué qu’il y avait un thème », précise-t-elle. Elle avoue avoir envoyé trois photos au hasard qu’elle trouvait belles. L’une d’elles lui a permis de remporter le troisième prix. C’est lors de la finale du 5 mai dernier, diffusée sur Zoom, que les deux lauréates, chacune dans leur salon, ont appris la nouvelle.
Les premier et deuxième prix ont été remis à Sherine Haeck et Coralie Mimeault, étudiantes de l’Université de Sherbrooke. Lisa Voinea, étudiante au doctorat en médecine dentaire, a reçu quant à elle la mention Regard journalistique. Les photos primées ainsi qu’une sélection additionnelle de photos ont été exposées en grand format à la Bibliothèque des sciences du campus MIL. C’est grâce à l’un de ses amis, qui savait qu’elle faisait de la photographie, que Lisa Voinea a appris l’existence du concours au début de l’année universitaire 2021-2022. L’étudiante a toutefois oublié l’information, avant de s’en souvenir quelques jours seulement avant la date limite de participation. Les deux étudiantes ont soumis des photos qui ont été prises bien avant l’appel du concours.
Quand un passe-temps devient une passion Pour ses douze ans, Noémie Houde a reçu de son père un petit appareil photo. « Ça a commencé comme ça », se remémore-t-elle. L’étudiante, aujourd’hui âgée de 24 ans, fait
de la photo depuis.
« La moitié de ta vie ! », s’exclame Lisa Voinea, qui a vécu une expérience similaire. Elle révèle avoir commencé la photographie vers l’âge de 8 ans, en empruntant l’appareil photo de son père pendant ses voyages en famille. « J’avais un intérêt pour la photographie longtemps avant d’avoir une caméra dans les mains », se souvient-elle.
Bien qu’elle soit étudiante à temps plein, Lisa Voinea travaille aussi activement à professionnaliser sa pratique de la photo. Entièrement autodidacte, elle explique avoir fait « beaucoup de photographies à l’extérieur, de la photographie de rue, des portraits ». La pandémie l’a amenée à développer une pratique dans un environnement plus contrôlé. « Le fait qu’on soit confiné m’a forcée à développer ma créativité et à trouver de nouvelles façons d’utiliser ma caméra », précise-t-elle. L’étudiante travaille actuellement la photographie de branding, un type de photographie plus commerciale, qui lui a permis de fusionner son intérêt pour la photo de studio tout en conservant le contact humain. Elle a réussi à transformer son passe-temps en gagne-pain « à temps partiel très flexible », ce qui lui permet de payer son doctorat.
Pour Noémie Houde, la photographie demeure un passe-temps. « Je n’ai jamais pensé que mon travail aurait un rapport avec la photographie, confie-t-elle. J’ai toujours mis mon intérêt pour la photographie comme un hobby à part. » L’étudiante ne sait pas encore ce qu’elle aimerait faire plus tard. « En ce moment, vu que j’habite à Montréal et que je suis prise dans mes études, j’en fais beaucoup moins », explique-t-elle. Elle déplore un peu cette situation, étant surtout habituée à prendre des photos de la nature près de chez elle, à Coteau-du-Lac, en Montérégie. Elle précise néanmoins trouver souvent l’inspiration à son travail, dans un marché. « Je vois des fruits et il y a des gouttelettes dessus, décrit-elle. Je vois des fleurs et j’ai le goût de les prendre en photo. »
Les photos gagnantes
La surprise a été grande lorsque Noémie Houde a appris avoir remporté l’un des prix du concours. Sa photo représente un très gros plan de deux brins d’herbe entrecroisés, avec, en avant-plan, deux gouttes sur le point de se toucher. Comment cette passionnée de la macrophotographie et de la nature en est-elle arrivée à prendre son cliché lauréat ? « J’étais juste chez nous et il pleuvait, relate-t-elle. À un moment donné, il a arrêté de pleuvoir et le soleil est sorti. » Son Kodak sous le bras, elle s’est empressée de photographier son jardin de Coteau-du-Lac. Plus tard, en regardant ses prises, elle a tout de suite remarqué la plus belle du lot, qu’elle a choisie pour le concours.
À l’image de la photo primée de Noémie Houde, celle de Lisa Voinea a été prise lors d’un voyage en famille, pendant une promenade à Bruxelles, en Belgique. Le cliché représente, au centre à l’avant-plan, un saxophoniste flouté, et à l’arrière-plan, nets, des passants spectateurs. La prise de cette photographie contraste avec son processus de travail de photo commerciale. « J’étais juste en train d’explorer une nouvelle ville, j’ai sorti mon appareil, comme je le fais toujours, et j’ai pris des photos de gens autour de moi », explique la doctorante.
Sa passion pour la photographie de rue est palpable. « C’est l’expérience de capturer ce que tu vois autour de toi en te promenant, en parlant aux gens, poursuit-elle. Voir le monde tel qu’il est. » Impact et retombées Noémie Houde ne semble pas avoir senti d’impact direct lié à ce concours dans sa pratique de la photographie. Elle reconnaît cependant que ce prix lui a donné confiance en ses photos. « C’est le premier concours auquel je participe », souligne-t-elle. Par le passé, elle ne montrait ses œuvres qu’à ses amis proches et à sa famille. Aujourd’hui, elle songe à partager ses photos en ligne.
Similairement, Lisa Voinea ressent que les retombées de ce concours sur sa pratique sont surtout sur la confiance. La Montréalaise rappelle que la reconnaissance extérieure à l’entourage, plus encore celle d’un jury qualifié, est très importante pour donner « de la validité à ce que tu fais ». L’étudiante souligne également l’impact de ce prix dans son rapport à la photographie. « J’ose beaucoup plus de choses qu’avant, justement grâce à la confiance gagnée. » Elle a toutefois remarqué ne pas avoir reçu de commentaires pour ce concours, alors que d’autres en donnent.
Prochain thème: Différences
Le Concours interuniversitaire 2022-2023 est ouvert à l’ensemble des étudiant·e·s photographes amateurs·trices de 1er, 2e et 3e cycles, inscrits à temps partiel ou à temps complet dans l’une des 11 universités participantes1. Les personnes intéressées ont jusqu’au 8 mars 2023 pour envoyer entre une et trois photographies, sous le thème Différences. Le règlement et le formulaire de participation
se trouvent sur le site Internet des Concours interuniversitaires.