Philosophie d’aujourd’hui

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Par Sarah Molkhou
lundi 22 octobre 2018
Philosophie d’aujourd’hui
Le conférencier Maxime Rovere est un spécialiste internationalement reconnu de la pensée de Spinoza (Crédit : Benjamin Parinaud)
Le conférencier Maxime Rovere est un spécialiste internationalement reconnu de la pensée de Spinoza (Crédit : Benjamin Parinaud)
La série de conférences donnée par le docteur en philosophie Maxime Rovere dans le cadre des Belles Soirées de l’UdeM remet au goût du jour les idées de Spinoza. Entre pensées rationnelles et écologiques, le spinozisme du 17e siècle semble proche de notre époque, et ce courant de pensée peut s’avérer plus contemporain qu’il n’y paraît.

«Si nous lisons un grand philosophe, c’est justement pour nous retrouver dans le monde d’aujourd’hui », explique le journaliste et professeur de philosophie au Collège Montmorency Jérémie McEwen. Pour lui, les préoccupations des penseurs sont liées à leur époque, mais peuvent perdurer dans le temps. « La prétention à l’intemporel est justement ce qui pousse chaque personne à se poser des questions sur la vie », ajoute-t-il.

Contemporanéité des idées

Le docteur en philosophie et professeur à l’Université PUC de Rio de Janeiro Maxime Rovere estime que les grands penseurs peuvent s’inscrire dans la pensée contemporaine. « Le rationalisme est en crise, et la pensée de Spinoza peut nous aider à nous repenser en tant qu’êtres rationnels, indique-t-il. Aujourd’hui, on referme ce qu’on appelle l’épisode de la modernité, et le clan Spinoza* se situe à l’entrée de cet épisode de la modernité. Il a donc beaucoup de choses à nous apprendre pour repenser le monde autrement. »

Pour M. McEwen, la philosophie se présente cependant comme un outil de rationalisation perfectible et subjectif, ce qui décourage parfois les individus de s’en rapprocher. Un complexe subconscient apparaît alors selon lui. « Il ne faut pas avoir peur de se mettre sur un pied d’égalité avec les grands penseurs du passé quand nous les abordons, explique-t-il. Après tout, c’est nous qui sommes là et eux qui n’y sont plus. »

Genèse de la pensée écologiste

« Spinoza est un antidote contre le “désenchantement du monde”», développe M. Rovere, en faisant référence à l’expression définie en 1917 par le sociologue Max Weber. Il pense l’intelligibilité en fonction d’une évolution permanente, ce qui permet de repenser la multiplicité des points de vue.

Le docteur en philosophie tient également à souligner que Spinoza repense complètement le rapport entre l’homme et l’univers, soit une particularité du philosophe néerlandais d’origine portugaise. « D’après le spinozisme, nous suivons les lois de la nature et la nature agit à travers nous, indique-t-il. C’est pour cette raison que nous avons une responsabilité, car nous faisons partie du grand individu qu’est la nature. » Pour M. Rovere, Spinoza avait une pensée écologique très étonnante à cette époque et dont il n’avait pas forcément conscience lui-même. De quoi rendre son approche toujours plus proche des enjeux actuels.

* Le clan Spinoza est composé de Spinoza, Hobbes, Descartes, Regius, Sténon et Kerckinck.