Culture

Peur filmique

Thanatomorphose (Éric Falardeau, 2012)

« Thanatomorphose, c’est l’art de pousser à l’extrême l’horreur de la décomposition du corps », selon le professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques Bernard Perron. Réalisé en 2012 par l’ancien étudiant à l’UdeM Éric Falardeau, Thanatomorphose raconte l’histoire d’une jeune femme dont le corps se décompose progressivement.

« C’est une méditation cinématographique sur notre rapport à nous-mêmes et à la mort, explique M. Falardeau, qui a obtenu sa maîtrise en études cinématographiques à l’UdeM en 2008. Je montre à quel point le dérèglement du corps nous oblige à questionner notre existence. »

Le réalisateur regrette que le cinéma de genre ne soit pas pris plus au sérieux au Québec. « C’est tout de suite perçu comme de la mauvaise série B, commente-t-il. Selon moi, le film d’horreur est dans l’ADN du cinéma québécois. »

Thanatomorphose a remporté une quinzaine de prix dans des festivals internationaux, dont quatre prix au Housecore Horror Film Festival de San Antonio (États-Unis) en 2013.

Frissons (David Cronenberg, 1975)

« Si ce film ne vous fait pas crier et frissonner, vous devriez consulter un psychiatre ». Voici l’avertissement que l’on peut entendre à la fin de la bande-annonce de ce film de David Cronenberg. Le réalisateur canadien est un incontournable du cinéma de genre. Frissons, son troisième long métrage, est emblématique de sa filmographie.

« Ce mélange d’horreur et de sexe annonce les préoccupations thématiques de Cronenberg », analyse M. Falardeau. Dans ce film, un parasite contamine les habitants d’un immeuble de Montréal et les transforme en insatiables maniaques sexuels.

« Tourné à Montréal, ce film est à la base de l’horreur viscérale de Cronenberg et de sa thématique de la contamination du corps », relève pour sa part M. Perron.

Karmina (Gabriel Pelletier, 1996)

« Quoi de mieux qu’une comédie avec des vampires pour accompagner Halloween ? », propose le chargé de cours au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques Hubert Sabino-Brunette. Ce film comique suit les aventures d’une jeune vampire partie se réfugier chez une tante québécoise pour échapper à un mariage arrangé par son père en Transylvanie. La voilà propulsée en pleine société québécoise des années 1990.

« Pour moi, Karmina est un film familial, explique l’étudiant à la maîtrise en cinéma à l’UdeM Adam Lefloïc-Lebel. Je me souviens de l’avoir vu plusieurs fois dans mon enfance, je trouvais ça drôle. » Le film a connu un grand succès au Québec.

« Qualifié de culte par plusieurs, le film semble avoir pris quelques rides près de 20 ans plus tard, remarque M. Sabino-Brunette. Mais les dialogues écrits par le coscénariste du film, Yves Pelletier, et certains gags font encore parfois rire à en montrer les canines. »

Le film a remporté deux prix Génie pour sa direction artistique et ses costumes.

Saints-Martyrs-des-Damnés (Robin Aubert, 2005)

Entre le thriller et le film fantastique, le premier long métrage du comédien Robin Aubert traite d’un journaliste et d’un photographe qui partent enquêter sur de mystérieuses disparitions dans un village isolé au Québec. « C’est une des rares incursions réussies du long métrage québécois dans l’univers fantastique, souligne M. Sabino-Brunette. Les quelques failles du film sont largement compensées par l’audace de la réalisation et son scénario étonnant. »

M. Falardeau souligne le travail visuel du film, parlant « d’effets spéciaux assez rares dans le cinéma québécois. »

L’intrigue complexe et les qualités visuelles du film immergent le spectateur dans une ambiance mystérieuse et inquiétante. « J’ai été agréablement surpris par le film à sa sortie, se souvient Adam. Ça fonctionnait bien pour un film d’horreur québécois ! »

Robin Aubert a remporté le prix de la meilleure mise en scène au festival Fantasporto de Porto (Portugal) en 2006.

Pontypool (Bruce McDonald, 2008)

Cette liste ne serait pas complète sans un bon film de zombies. « Pontypool est un film original et peu connu qui se déroule dans une station de radio en pleine tempête de neige », explique M. Perron.

Dans ce huis clos terrifiant, les habitants d’une petite ville d’Ontario sont contaminés par un virus qui les transforme en zombies. L’équipe d’une station de radio locale vit l’invasion depuis ses studios.

« Le film est intéressant pour son usage du langage comme vecteur de contamination, estime M. Falardeau. C’est la preuve que le genre peut proposer de nouvelles choses. »

Pour le magazine américain Entertainment Weekly, c’est comme si le linguiste Noam Chomsky avait revisité « 28 jours plus tard » (Danny Boyle, 2002).

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