« C’est le fun parce qu’on a un emploi dès qu’on finit nos études », explique Liza, qui donne l’exemple de finissantes de son entourage ayant déjà obtenu des contrats à temps plein pour l’année à venir.
Le manque d’effectifs offre également des opportunités d’emploi au niveau de la suppléance, selon la présidente de l’AGÉÉÉ. « Habituellement, les étudiants de première année en enseignement n’ont pas le droit, entre guillemets, de faire de la suppléance, raconte celle qui étudie au baccalauréat en adaptation scolaire. Mais en ce moment, plusieurs commissions scolaires les invitent à poser leur candidature pour avoir une banque de suppléants. »
Elle ajoute que les demandes sont nombreuses dans les écoles primaires. « Le milieu de l’accueil, à savoir le français langue seconde et l’adaptation scolaire, est très en demande », soulève l’étudiante. Cette dernière associe ce phénomène à l’arrivée d’immigrants.
La présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel Bourdon, a confié il y a une semaine que la CSDM recevait en moyenne 250 inscriptions par semaine d’enfants issus de familles immigrantes.
Situation difficile
Si les opportunités professionnelles que le manque de personnel offre aux étudiants sont intéressantes, le contexte dans lesquelles elles prennent place n’est pas toujours favorable, tempère Liza. « On obtient des postes dans des écoles où les équipes sont fatiguées et épuisées », constate-t-elle. Elle précise que les enseignants font de leur mieux, mais que les classes sont pleines, voire débordantes, et que le manque de budget se fait parfois ressentir.
« C’est une réaction en chaîne, se désole-t-elle. Les directions sont fatiguées, elles ont moins de projets. On se concentre moins sur le positif et plus sur l’urgence du moment. » Elle explique que plusieurs classes sont encore sans enseignants et que des listes de suppléances demeurent vides.
Décrochage
La présidente de l’AGÉÉÉ ajoute qu’il est difficile de savoir quand cette pénurie se résorbera, notamment en raison du nombre important d’enseignants quittant la profession. Selon elle, cela s’explique en partie par la difficulté du milieu de l’éducation québécoise.
Selon une étude du ministère de l’Éducation menée en 2014, 25 à 30 % des enseignants renoncent à poursuivre leur activité après la première année. Ce pourcentage grimpe à 50 % après cinq ans de carrière. Ces chiffres sont basés sur les cohortes de 1992 à 2011.