Culture

Le colloque est une initiative du doctorant en études cinématographiques à l'UdeM Jérôme-Olivier Allard, des doctorantes en études littéraires à l'UQAM Faniel Demeule et Marie-Christine Lambert-Perreault et de la candidate à la maîtrise en études littéraires à l'UQAM Mario Gingras-Gagné. (Oeuvre: Karine Payette)

Penser les études animalières avec l’art

« Nous avons invité les intervenants à s’intéresser à des récits de mots ou à des récits en images, qui exposent, déconstruisent ou reconfigurent sur un mode métaphorique les rapports complexes que les humains peuvent entretenir avec les animaux », déclare le doctorant en études cinématographiques à l’UdeM et co-initiateur du projet, Jérôme-Olivier Allard. Il souligne l’importance de l’apport des chercheurs de divers champs d’études, puisque les productions esthétiques constituent une fenêtre sur l’imaginaire d’une société à un moment précis.

Parmi les intervenants, la chargée de cours en histoire de l’art Julia Roberge Van Der Donckt s’est intéressée à la controverse entourant l’exposition Art and China after 1989 : Theater of the World, présentée au musée Guggenheim de New York du 6 octobre 2017 au 7 janvier 2018. « Trois œuvres ont éveillé la colère des internautes et des militants pour les droits des animaux, indique Julia. Dans une installation de l’artiste Huang Yong Ping, des lézards, des criquets, des amphibiens et des araignées étaient livrés à eux-mêmes pendant la durée de l’exposition, soit trois mois. Ils s’entre-dévoraient. »

Présentée pour la première fois en 1993, l’œuvre n’en était pas à sa première controverse et a été censurée à maintes reprises. Le musée a ainsi choisi de retirer les animaux. « Il l’a fait à regret, il n’a pas voulu admettre le problème », constate Julia.

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L’animal comme métaphore humaine

La chargée de cours a remarqué, au fil de ses recherches, que l’animal est souvent utilisé comme métaphore. « Il représente autre chose que lui-même, explique-t-elle. Il est un symbole, un accessoire. Il représente les préoccupations humaines. » Tel est le cas, souligne-t-elle, de l’œuvre de Huang Yong Ping, qui a voulu exemplifier les relations de domination et de conflits humains qui engendrent l’impossibilité de coexistence.

Julia situe le début de l’intérêt pour la taxidermie, c’est-à-dire la naturalisation d’animaux morts, dans les années 1990. Plusieurs questions se posent, selon elle, sur cette approche qu’elle qualifie de dangereuse. « Dans quelles circonstances l’animal est-il arrivé là ? se demande-t-elle. Est-il mort à des fins purement artistiques ? Est-ce fait dans le respect ? Quel message veut-on faire passer ? » Il serait trop radical, d’après elle, d’interdire toute utilisation d’animaux morts ou vivants dans des œuvres, puisqu’il s’agirait d’empiéter sur la liberté d’expression. « Il y a toutefois lieu de se questionner sur ces usages, qui parfois, frôlent l’exploitation et la cruauté dans l’art contemporain », poursuit-elle.

Les initiateurs du colloque prévoient de poursuivre la réflexion amorcée par le biais d’une publication.

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