La distribution de solution hydroalcoolique (SHA) dans les stations de métro et sur le campus de l’UdeM n’est pas prête de cesser. Le maintien des bornes se fait par défaut, en l’absence d’une directive de la santé publique avisant de leur retrait.
Médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le docteur Jasmin Villeneuve est favorable au maintien de la distribution de SHA dans les espaces publics.
« L’accès aux produits pour l’hygiène des mains, que ce soit de l’eau et du savon ou les solutions hydroalcooliques, plus pratiques, demeure pertinent, car ça favorise l’hygiène des mains que l’on recommande », a-t-il déclaré par voie de courriel.
Préserver la distribution n’est toutefois pas un avis officiel de l’INSPQ ou du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), a précisé le médecin-conseil. À sa connaissance, aucun spécialiste n’a émis de recommandations en ce qui a trait à la distribution de SHA au-delà de la crise sanitaire.
À titre de comparaison, des spécialistes de l’INSPQ avaient recommandé le maintien de distributeurs de solution hydroalcoolique après la pandémie de la grippe A (H1N1) en 2009.
Ces recommandations avaient été formulées dans le cadre d’un rapport intitulé Utilisation des solutions hydroalcooliques dans les milieux de travail au Québec, publié en novembre 2010, à la suite d’une demande du MSSS. Les auteur·rice·s avaient donné cet avis, car « la pertinence de maintenir en place ces distributeurs dans les milieux de travail au Québec [avait été] questionnée ».
Des habitudes acquises sur la durée
La conseillère en relations publiques de la Société de transport de Montréal (STM), Isabelle Alice Tremblay, a affirmé que la Société continuera d’offrir du désinfectant dans toutes les stations de métro et n’envisage pas de revenir sur cette décision pour l’instant.
Elle ajoute que près de 75 litres de produit sont nécessaires chaque semaine pour remplir les distributeurs sans contact. Ces derniers peuvent toutefois être défectueux et, en cas de bris, leur réparation peut s’avérer plus longue que prévu, compte tenu du délai de livraison des pièces de rechange.
La situation est identique pour les bornes à pédale situées sur le campus de l’UdeM. « Pour le moment, la distribution reste la façon de faire, décrit la porte-parole de l’Université, Geneviève O’Meara. Il n’y a pas d’indication selon laquelle on les enlèverait dans les prochains mois. »
Au début de la pandémie, des bornes avaient en effet été placées à l’entrée des pavillons, mais aussi dans plusieurs lieux de rassemblement, et en 2021, à la reprise des activités sur le campus après le confinement, le personnel de la Direction des immeubles de l’Université remplissait quotidiennement les réservoirs.
Depuis l’automne dernier, leur nombre a diminué et ces derniers sont surtout présents dans les entrées principales. « La pandémie est devenue familière, précise Mme O’Meara. On n’est plus dans la gestion de crise. »
Et l’hygiène des mains ?
En matière de fréquence, les habitudes de lavage des mains des Canadien·ne·s à leur domicile n’ont pas changé au cours de la crise sanitaire. C’est le constat de la recherche qu’ont menée la professeure au Département de psychologie de l’UdeM Roxanne de la Sablonnière et son équipe.
Les chercheur·euse·s ont sondé une même cohorte douze fois entre 2020 et 2022 quant à l’adhésion aux consignes sanitaires.
Les participant·e·s, qui étaient 3 617 au début de l’étude et 1 672 au moment de sa conclusion, ont lavé leurs mains à la même fréquence du début à la fin de la recherche. « L’hygiène des mains était l’une des seules mesures demeurées stables dans le temps », explique Mme de la Sablonnière.
Les résultats de l’étude font état de cinq groupes-types. Le plus vaste d’entre eux représente 31,5 % de la population. Ses membres lavent leurs mains en moyenne 4,43 fois par jour. Au sein du deuxième plus vaste ensemble (27,7 % de la population), le lavage quotidien est de 7,34 fois par jour.
Aux points extrêmes, les personnes qui se lavent le plus les mains — en moyenne 16,9 fois par jour — forment 13,1 % de la population, tandis que celles qui se les lavent le moins — en moyenne 1,87 fois par jour — en représentent 9,8 %.
Le nettoyage hors du domicile n’a pas été mesuré pour tenir compte de la réalité du confinement au début de la crise. « Ce n’est qu’une hypothèse, mais il se peut que l’hygiène des mains hors de la résidence suive les mêmes tendances que celles qu’on a observées », estime Mme de la Sablonnière.