Pas d’âge pour étudier

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Par Romain Groussac
vendredi 31 janvier 2020
Pas d’âge pour étudier
Luc Madore, 76 ans, terminera son baccalauréat en histoire à l'UdeM au printemps 2020 Photo : Jacob Côté
Luc Madore, 76 ans, terminera son baccalauréat en histoire à l'UdeM au printemps 2020 Photo : Jacob Côté
Quartier Libre a rencontré deux retraités revenus sur les bancs de l’école. Tous deux ont des parcours opposés, des diplômes différents, mais une envie similaire : apprendre.
« Enseigner c’est apprendre, l’un ne va pas sans l’autre. »
Lise Gauvin, professeure émérite du Département des littératures de langue française de l’UdeM

Luc Madore :

le goût pour la découverte

Originaire de Montréal, Luc Madore a obtenu son baccalauréat en chimie à l’UdeM en 1966. À l’époque, la chimie était au centre de ses préoccupations. « Quand j’ai terminé mon cégep, un homme allait marcher sur la Lune, témoigne-t-il. C’était vraiment dans la tendance de mon âge de vouloir expliquer toutes les réactions, alors j’ai fait de la chimie. »

Spécialisé dans le domaine de la production manufacturière de whisky, M. Madore a énormément voyagé au cours de sa carrière. « Je suis très curieux, mais aussi profondément respectueux d’autrui », dévoile-t-il. Il a développé son envie d’avoir un apprentissage en dehors du domaine des sciences pures, c’est-à-dire dans les rues et les musées.

En 2005, M. Madore est retourné dans son ancienne université afin d’y effectuer un baccalauréat en histoire, avec un cours par session afin de profiter de ses petits-enfants. Cinquante ans après avoir quitté l’UdeM, il s’est facilement réintégré. « Des liens de complicité se sont créés avec énormément de jeunes étudiants, précise-t-il. La passion et la volonté d’apprendre sont beaucoup plus fortes que l’âge ou d’autres caractéristiques physiques. » M. Madore a gardé contact avec des étudiants et a développé un lien d’amitié avec certains. « Chaque année, je suis très complice avec deux à trois étudiants par cours, avec lesquels on s’entraide, ajoute-t-il. Nombreux sont ceux qui m’ont aidé à ce que je comprenne parfaitement StudiUM. »

M. Madore achèvera son baccalauréat en histoire au printemps 2020, ce qui marquera la fin de son retour à l’université, qui aura duré 15 ans.

Lise Gauvin :

le retour vers une autre passion

La professeure émérite du Département des littératures de langue française de l’UdeM Lise Gauvin a enseigné dans différentes universités dans le monde, dont la Sorbonne à Paris.

Arrivée à la retraite, Mme Gauvin a préféré retourner dans son passé pour écrire son présent. Après cinq années passées au Conservatoire de musique et d’art dramatique de Québec, elle a dû arrêter le piano à l’âge de 20 ans, à la suite d’une bourse obtenue pour étudier l’allemand à l’Université de Vienne. Pour l’écrivaine, ne plus jouer de piano ne pouvait être éternel, raison pour laquelle elle a décidé de reprendre des études de musique. « J’avais le sentiment que quelque chose était inachevé, la boucle devait être bouclée », confie-t-elle.

Le retour au statut d’étudiante a été facile à vivre pour Mme Gauvin. « C’était plus relaxant d’être étudiante que professeure », affirme-t-elle. Elle mentionne l’admiration particulière qu’elle a eue pour son professeur de piano, Guillaume Levy, dont elle a pu apprécier les compétences aussi bien comme professeur que comme artiste. Pour celle qui a connu les différentes facettes de l’apprentissage, en tant qu’enseignante et étudiante, les deux rôles sont importants. « Enseigner, c’est apprendre, l’un ne va pas sans l’autre », déclare-t-elle.

Mme Gauvin a particulièrement apprécié les interactions avec ses camarades de tous âges. « Je n’étais aucunement supérieure aux autres étudiants de par mon statut de professeure émérite et j’avais au contraire tout à y apprendre », précise-t-elle. Au contact des élèves, elle s’est rendu compte de l’exigence que représente le travail à faire à la maison, et était impressionnée par la rigueur des jeunes étudiants. « Je n’avais plus conscience de ce que représente le travail à réaliser pour un étudiant », avoue-t-elle.

Mme Gauvin, nouvelliste, essayiste et poète, dit aimer tout autant écrire que faire de la musique. Elle voit notamment un point commun entre ces deux arts. « Ce sont de perpétuelles créations, aucun texte ou morceau joué n’est similaire à un autre », souligne-t-elle. Pour l’ensemble de ses publications ainsi que pour son engagement envers la langue française et dans la francophonie, elle a obtenu le prix du Québec George-Émile Lapalme en 2018.

Celle qui est également membre fondatrice du Parlement des écrivaines francophones intervient encore en tant que conférencière dans les universités ou devant le grand public, tout en poursuivant ses activités d’écriture.