Selon un communiqué publié par l’UdeM le 22 janvier dernier, l’ouverture du nouveau bureau à Beijing s’inscrit dans le cadre de la mission économique du gouvernement québécois en Chine. « Il n’y a rien de mieux que les universités pour créer de la richesse », croit le vice-recteur aux affaires internationales et à la Francophonie de l’UdeM, Guy Lefebvre. Selon lui, les étudiants de l’étranger accueillis à l’UdeM deviennent parfois des gens d’affaires dans leur pays d’origine et entretiennent des projets de développement d’activités économiques avec le Canada et le Québec. D’autres vont jusqu’à intégrer la société québécoise, ajoute-t-il.
Cette dynamique est importante dans le cas des relations économiques avec la Chine, selon M. Lefebvre. « La question du réseautage est fondamentale en Chine avance-t-il. […] Ce sont les réseaux qui vont faire en sorte que l’on pourra développer des entreprises qui évolueront dans un contexte sécuritaire. » Il estime notamment qu’il faut faire attention au danger du faible encadrement de la propriété intellectuelle du pays (voir encadré).
« En Chine, on ne fait pas des affaires comme on fait des affaires à Montréal, à Saint-Hyacinthe ou à Gaspé », illustre M. Lefebvre, soulevant l’importante différence de culture entre les deux pays. Selon lui, les échanges universitaires permettent de développer et d’intégrer ces labyrinthes sociaux.
Un mois, six crédits
L’étudiante au baccalauréat en droit à l’UdeM Marilou Simard a fait partie du contingent canadien ayant participé au stage d’été de 2017 de Canada Liaisons Internationales Chine (CLIC), un consortium de neuf universités incluant l’UdeM, créé en 2016. Cette expérience l’a attirée parce qu’elle a pu compléter rapidement deux cours de droit chinois, mais également parce qu’elle s’est confrontée à une nouvelle réalité.
« Le droit d’ici [au Canada] régit vraiment notre société, mais là-bas [en Chine], dans leur droit, il y a des trous, des vides », assure-t-elle. Des vides juridiques qui soulèvent des questions auxquelles les professeurs des cours de Marilou n’auraient pas toujours eu de réponse.
Pour elle, le choc culturel s’est étendu au-delà du cursus scolaire. Les réseaux sociaux, par exemple, sont censurés ; elle a donc dû utiliser un VPN* pour accéder aux sites bloqués par le gouvernement. La barrière de la langue ainsi que la froideur des rapports sociaux qu’a vécu Marilou furent également un frein à son intégration.
Un programme pour les étudiants
CLIC vise spécifiquement à permettre aux étudiants canadiens d’aller étudier en Chine. Son administratrice, Cen Huang, explique que le nombre de jeunes profitant de ce programme national croît tranquillement. « C’est une augmentation à petits pas », dit-elle. Selon ses données, le nombre d’étudiants s’expatriant en Chine grâce au CLIC a augmenté de 40 % entre 2016 et 2017.
« Le Canada et la Chine développent de très fortes relations, souligne Mme Huang, qui agit également à titre de directrice générale du recrutement et des relations internationales et de vice-rectrice adjointe aux relations internationales de l’Université de l’Alberta. Le monde évolue, il y a de plus en plus d’entreprises qui travaillent conjointement avec la Chine. » Pour elle, le fait que peu d’étudiants connaissent bien la société chinoise rend la perspective d’une immersion en Asie particulièrement intéressante pour ceux qui souhaitent être à l’avant-garde.
Faciliter les échanges
« Plutôt que de déplacer des gens en fonction de chacun de nos dossiers, nous croyons que d’installer quelqu’un [en Chine] nous permettra de mieux faire avancer nos différents projets », estime M. Lefebvre, au sujet de l’ouverture du bureau dans la capitale chinoise. Il explique que cela facilitera notamment le développement de la formation continue de professeurs chinois au Québec et la création de ponts pour la recherche et le recrutement d’étudiants étrangers pour l’Université.
Pour ce qui est des Québécois souhaitant étudier en Asie, les perspectives de stages seront plus vastes, selon le vice-recteur. « Si l’on veut développer des stages pour les étudiants, c’est beaucoup plus facile d’avoir quelqu’un sur place pour nous aider à rencontrer les entreprises, qu’elles soient gouvernementales, civiles ou privées », affirme-t-il.
M. Lefebvre assure que l’UdeM envoie de plus en plus d’étudiants en Chine, malgré les différences démographiques entre les deux pays entre en compte. « C’est un peu illusoire d’essayer d’avoir une parité entre la Chine, qui est composée d’un milliard trois cents millions de personnes, et le Québec, où nous ne sommes que huit millions », modère-t-il.
Il n’en demeure pas moins que le flot d’échanges entre le Canada et la Chine n’est pas équilibré pour le moment. En 2015, plus de 100 000 étudiants chinois ont passé l’année dans des écoles ou des universités canadiennes, tandis que seulement 3 585 étudiants canadiens sont allés étudier en Chine**.