Parlons business

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Par Emma Guerrero Dufour
vendredi 15 février 2019
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Le Centre de formation en langues des affaires (CFLA) de HEC Montréal a été créé en 1990. Photo : pxhere.com
Le Centre de formation en langues des affaires (CFLA) de HEC Montréal a été créé en 1990. Photo : pxhere.com
L’Office québécois de la langue française (OQLF) a accordé 157 000 dollars au Centre de formation en langues des affaires (CFLA) de HEC Montréal. Le projet Le français, une valeur qui compte, vise à valoriser l’utilisation du français, dans un monde des affaires dominé par l’anglais.

«Le but est d’amener les étudiants à intégrer des milieux de travail en français », précise la chargée du projet à HEC Daphné Boisvert. Le programme, fondé en 2018, ne s’adresse pas qu’aux étudiants. « Ce projet vise à promouvoir la maîtrise du français autant chez les étudiantes et les étudiants que chez le personnel de l’École », indique le site Web du CFLA.

L’étudiant au baccalauréat bilingue en administration des affaires Guillaume Fortier voit d’un bon œil les nouvelles mesures proposées par le Centre. « HEC accueille beaucoup d’étudiants de provenance internationale qui parlent peu ou ne parlent pas du tout le français, note-t-il. L’idée de jumelage linguistique est donc très intéressante. » Selon le site Internet de HEC, plus de 4 000 élèves sont des étudiants internationaux sur les 14 000 élèves qu’accueille l’école, soit près de 29 %.

Valoriser le français au Québec

La directrice des communications de l’OQLF, Julie Létourneau, précise que la dotation de l’organisme à HEC s’inscrit dans le cadre d’un projet plus large, Le français, au cœur de nos ambitions. « Ce programme vise à accroître l’usage et le rayonnement du français dans l’espace public québécois », explique-t-elle. Cette dernière ajoute que le projet fait partie des objectifs de la stratégie partenariale de promotion et de valorisation de la langue française lancée par le gouvernement du Québec en 2016,

Mme Létourneau souligne que le projet de l’OQLF se décline en deux volets, dont l’un est dédié à la promotion du français dans les entreprises. Elle précise qu’une priorité est accordée aux projets destinés aux jeunes adultes de 18 à 35 ans, aux personnes qui ne maîtrisent pas suffisamment le français et aux membres de la direction et du personnel d’entreprises de moins de 50 employés. « Certains secteurs d’activité reçoivent également une considération particulière, notamment ceux du tourisme, du commerce de détail, de l’industrie manufacturière et des hautes technologies », conclut-elle.

Plus d’une corde à son arc

Selon Mme Boisvert, le CFLA offre déjà de façon régulière du soutien dans l’apprentissage et l’utilisation des autres langues des affaires enseignées au HEC, soit l’anglais, le mandarin et l’espagnol. « Le CFLA propose grâce à ce projet une série de nouvelles ressources et activités, mettant l’accent cette fois-ci sur le français », précise la chargée de projet.

Mme Boisvert souligne l’importance de la maîtrise de plusieurs langues dans un contexte international. « Dans un monde où les affaires sont de plus en plus mondialisées, nous estimons que la maîtrise de plus d’une langue est essentielle pour envisager une carrière dans ce domaine sans se limiter dès le départ », indique-t-elle, estimant que cela va de pair avec la mission de HEC, soit de former une élite francophone en affaires.

Le français en perte de vitesse

Pour le professeur au Département de management de HEC Louis Hébert, réaliser des affaires à l’international en français est possible, mais peu fréquent. « C’est une question de réalité démographique », insiste-t-il.

Le professeur souligne que l’anglais est la deuxième langue la plus parlée dans le monde. « Dans beaucoup d’écoles ayant des aspirations internationales, les cours vont se donner en anglais », explique-t-il.

M. Hébert ajoute que la perte de vitesse du français s’est faite de façon progressive. « Dans le cas de l’Amérique du Sud, par exemple, il y a 50 ans, la deuxième langue c’était le français, dit-il. Aujourd’hui c’est l’anglais. »

Il rappelle l’importance, dans le commerce mondial actuel, de la Chine avec qui les discussions se font surtout en anglais. « Le mandarin devient une langue importante, mais les chinois ont aussi appris l’anglais », analyse le professeur. M. Hébert conclut que dans plusieurs écoles de gestion en Chine, les cours se donnent exclusivement en anglais.

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