Parents exigeants

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Par Ethel Gutierrez
mercredi 13 novembre 2013
Parents exigeants
( Illustration : Navid Moqaddam )
( Illustration : Navid Moqaddam )

La pression parentale n’est pas seulement présente au niveau collégial et secondaire, mais aussi chez les étudiants universitaires. Elle peut engendrer des conséquences variées comme le stress ou un manque de confiance à long terme dans le cheminement académique des étudiants.

Selon une étude publiée par le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC), il existe un lien entre les attentes des parents et les résultats académiques des étudiants. La relation parents-enfants est basée de manière bidirectionnelle. Plus les étudiants réussissent à l’école, plus les attentes des parents sont élevées. L’étude démontre aussi que plus les attentes sont élevées, plus les résultats scolaires sont forts.

«En tant que parent, il faut encourager nos enfants à faire des études en vue d’obtenir un bon emploi plus tard, affirme le père d’une étudiante de l’UdeM Ricardo Sanchez. Il est important de leur inculquer de bonnes valeurs sans pour autant leur en mettre trop sur le dos. Il faut surtout prendre en considération leurs aptitudes scolaires. » Selon cette même étude, les garçons subiraient plus de pression que les filles.

La pression parentale engendre chez l’étudiant un certain découragement, un niveau de stress, ainsi qu’une faible estime de soi. Les étudiants cessent de faire des efforts et ont tendance à déprimer. «Je vivais cette pression assez mal, explique l’étudiant au certificat en administration des affaires à l’Université à distance et en ligne du Québec (TELUQ) David Said. Au cégep, les répercussions ont été énormes. Je n’étudiais plus, mes notes étaient faibles. J’ai même connu des échecs. Je voyais les études comme une punition, car mon père me forçait à étudier.»

Le professeur titulaire au Départe – ment de psychologie de l’UdeM Luc Brunet déclare que l’étudiant doit être considéré à part entière et non comme un pion. « Il faut que les parents comprennent que leurs attentes doivent être proportionnées à l’étudiant.» Selon la professeure agrégée au Département de psychologie de l’UdeM Geneviève Mageau, le parent doit être empathique face aux émotions de son enfant. Cette initiative parentale permet à l’étudiant de s’exprimer et de faire un choix éclairé.

Un soutien essentiel

Au niveau universitaire, les parents doivent avant tout jouer un rôle de soutien. « Ils doivent conseiller leurs enfants, répondre à leurs questions et donner de l’information, affirme Mme Mageau. Si les parents respectent son autonomie, alors l’étudiant va vouloir se confier à eux et sera en mesure de prendre en charge ses études.»

Le soutien à l’autonomie est un facteur déterminant de la motivation des étudiants, tant au niveau de l’apprentissage que de leur adaptation à un milieu scolaire. Selon une étude de Mme Mageau et de la professeure de psychologie de l’UdeM Élise Moreau, les étudiants qui se sentent soutenus ont plus d’intérêts envers les études et comprennent mieux l’importance de l’école. Ils se sentent également plus compétents au niveau de l’apprentissage scolaire que les étudiants ayant des parents qui les contrôlent.

Cette même pression augmente selon le niveau de scolarité des parents. «Le jour où j’ai dit à mes parents que j’allais étudier en communication, ils ont failli avoir une crise cardiaque, déclare l’étudiante en communication Sabrine Mahfoud. Ils voulaient que je fasse de l’ingénierie comme mon père ou bien que j’étudie dans le domaine du commerce. »

Des ressources à l’UdeM

Le Centre étudiant de soutien à la réussite (CÉSAR) offre des consultations pour les étudiants qui subissent une pression de ce type. Le processus comporte plusieurs étapes. «On cherche à aider les étudiants en les faisant se connaître eux-mêmes, explique la coordonnatrice par intérim du service Orientation scolaire et professionnelle du CÉSAR, France Dodier. De cette manière, ils sont moins influençables face à leur famille, amis ou même face à la société.»

Durant ces consultations, l’étudiant doit définir sa propre identité et doit revoir ses priorités par rapport à l’école ou au travail. Il doit également travailler sur ses propres valeurs et ne pas faire des choix selon les autres. «Une fois les consultations terminées, l’étudiant est en mesure de négocier avec ses parents et de diminuer la pression qu’il subit de leur part », précise Mme Dodier.

Les attentes des étudiants eux-mêmes jouent également un rôle important dans la réussite de leur cheminement académique. Plusieurs facteurs de l’environnement familial peuvent donc influencer l’attente et la réussite scolaire. Les étudiants doivent en prendre conscience et demander de l’aide en cas de besoin.