«Je suis venue avec ma fille et j’ai allaité en public à l’Université, rapporte l’étudiante au baccalauréat en histoire de l’art Mélissa Sénésac. Personne n’a émis de jugement et des gens m’ont même félicitée. »
L’étudiante raconte qu’elle fait partie du groupe Facebook Parents-Étudiants UdeM, qu’elle considère comme une importante ressource. Par l’intermédiaire de cette plateforme, Mélissa pose ses questions concernant ce qu’il est possible de faire ou non dans l’enceinte de l’UdeM, comme amener son enfant en classe, allaiter, tirer son lait, et en profite pour partager ses expériences avec d’autres parents dans la même situation. « J’y trouve conseils et réconfort, s’enthousiasme-t-elle. C’est merveilleux et je me sens à ma place. »
Un vide institutionnel
Allaiter à l’Université s’est avéré compliqué pour l’étudiante au baccalauréat en physique Valeriya Belskikh. « J’ai essayé d’amener ma fille de deux mois en classe, mais ça a été un échec, raconte-t-elle. Je suis sortie par gêne, car elle faisait du bruit et j’ai loupé mon cours. Mon professeur a été compréhensif et m’a rassurée. »
À la suite de cette mésaventure, l’étudiante a cherché à se renseigner sur les infrastructures existant à l’UdeM. « Je n’ai aucune connaissance des mesures mises en place par l’UdeM pour les mamans allaitant leur enfant, indique-t-elle. Je ne crois pas qu’il y en ait. » Selon la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, il n’y a pas de position institutionnelle sur l’allaitement. L’UdeM n’encadre pas cette pratique. « Nous n’avons pas eu de demandes spécifiques à ce sujet, détaille-t-elle. Si cela était le cas, nous serions prêts à les étudier. Les tables à langer que vous trouvez dans les salles de bain découlent directement de ce procédé. »
Solutions sur le campus
« On propose aux parents de venir allaiter librement, indique la directrice de la halte- garderie Le Baluchon, Anne Lessard. La porte est toujours ouverte, à condition de nous prévenir. Une autre solution, quand le bébé est inscrit à la garderie, c’est de nous fournir du lait maternel congelé pour le nourrir au besoin. » La FAÉCUM et Le Baluchon offrent un service de garde en fonction des besoins, en proposant aux parents des horaires flexibles.
Toutefois, Mme Lessard met en garde les parents face aux défis que représentent le monde étudiant et la parenté. « Le temps en cours devrait être consacré aux études, et un enfant ne peut rester inactif pendant trois heures, avertit-elle. La solution la plus viable est de l’inscrire en garderie en fonction de ses cours. » Pour la directrice, étudier représente déjà un défi en soi et la présence d’un enfant pourrait être source de distraction.
Droit inaliénable
L’allaitement est un droit inaliénable protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. « Si allaiter est mon droit, tirer mon lait est une extension de ce droit, déclare l’étudiante au microprogramme en statistiques sociales Émilie Noël. À mon premier cours, j’ai averti ma classe que je comptais tirer mon lait et tout le monde a accepté naturellement, professeur compris », raconte-t-elle.
Au début, par pudeur, elle admet ne l’avoir fait que pendant les pauses, mais rapidement Émilie a pris confiance en elle. « Je peux tirer mon lait deux à trois fois pendant le cours, précise-t-elle. Je l’ai fait aussi à la cafétéria et je n’ai jamais eu de remarques ou quoi que ce soit. »
C’est durant la session qu’elle a découvert l’existence d’endroits dédiés aux jeunes mères, mais leur nombre limité l’a dissuadée d’y recourir. « Je ne les utilise qu’à l’occasion avec bébé pour avoir un peu de calme », explique Émilie. Elle ajoute ne pas avoir envie de se cacher, ni pour allaiter ni pour tirer son lait, et ce au sein de l’Université ou non.