Culture

Ouïe à la qualité sonore

Il y a une vingtaine d’années, le MPEG-1/2 Audio Layer 3, plus connu sous le nom de MP3, voyait le jour. Depuis, la qualité des formats numériques a grandement augmenté, notamment grâce à des lecteurs plus performants. Malgré cela, les étudiants accordent peu d’importance aux supports d’écoute ou aux formats audio qu’ils utilisent, quitte à préférer l’aspect pratique à la qualité.

Plusieurs formats résultant de la compression de la musique numérique existent et peuvent être lus par la majorité des lecteurs audio. Chacun de ces formats de fichier a ses avantages, affirme la compositrice et ancienne professeure à l’Institut d’enregistrement du Canada Isabelle Dussault.

« Le AAC [Audio Advanced Coding] permet d’encoder les données tout en gardant une certaine qualité, indique-t-elle. Quant au MP3, il est facile à encoder et à diffuser sur internet. De ce point de vue, il est universel.»

Bien que le MP3 soit le plus répandu, il a des limites techniques. « Sa qualité est tout de même potable, mais il faut éviter d’écouter de la musique dans ce format avec des écouteurs-boutons, parce que ceux-ci réduisent la qualité du son», explique Mme Dussault.

Pour enregistrer un son en numérique, il faut relever des échantillons de son à intervalles de temps précis : l’intervalle de temps entre deux échantillons est le taux d’échantillonnage, exprimé en Kilohertz (kHz). Ce taux permet de définir la qualité d’un format. Le taux du disque compact audio est, par exemple, de 44,1 kHz.

Les étudiants, eux, ne semblent pas toujours familiers avec les différents types de formats de compression. «Je ne m’assure pas d’avoir un certain type de fichier, affirme l’étudiant à HEC Daniel Bélanger. J’essaie de télécharger de la musique de qualité CD.»

Le même constat peut être fait auprès de certains étudiants en musique. «Je ne porte pas attention aux formats, je ne les connais pas vraiment», avoue l’étudiant au baccalauréat en musique et guitariste Justin Guilbault.

Une sournoise habitude

Selon le chargé de cours en acoustique et en organologie de la Faculté de musique de l’UdeM Vincent Verfaille, tout est une question d’habitude. «Des études ont démontré que nous sommes capables d’entendre l’effet de la compression de la musique que nous écoutons et que l’oreille s’adapte à un son de moindre qualité, explique-t-il. Ainsi, le cerveau s’habitue, et si l’auditeur écoute beaucoup de musique compressée, il ne se rend plus compte de la qualité qu’il perd.»

De nombreux supports font pourtant leur apparition sur le marché afin d’augmenter l’expérience d’écoute. Un nouveau lecteur de musique de haute qualité appelé PonoMusic a notamment créé un immense engouement sur la Toile. Ses créateurs, dont le célèbre artiste canadien Neil Young, ont lancé une campagne de sociofinancement sur la plateforme Kickstarter pour lancer ce baladeur ultra-haute résolution. Résultat : en moins de 24 heures, ils ont dépassé leur objectif de 800000 $. «Ce que je trouve intéressant avec ce lecteur, c’est qu’on va chercher le plus haut échantillonnage possible, affirme Mme Dussault. Cela augmente grandement la qualité d’écoute.»

Budget et aspect pratique

Pour les étudiants, bien que la qualité de la musique soit importante, d’autres considérations doivent être prises en compte, par exemple le coût de ces supports de qualité supérieure. « J’achèterais de meilleurs lecteurs ou de meilleurs écouteurs si j’avais l’argent, s’exclame l’étudiante au baccalauréat en musique spécialisé en interprétation en chant classique Élodie Bouchard. Je mets mes priorités ailleurs, peut-être débourserais-je pour cela dans le futur.»

L’aspect pratique est également un facteur à considérer. Pour Daniel, transporter avec lui un casque d’écoute au lieu d’une paire d’écouteurs- boutons ne vaut pas la peine. «Si cela ne tient pas dans ma poche, c’est un no go», affirme l’étudiant à HEC.

Ainsi, à force d’écouter de la musique compressée sur un lecteur portatif à l’aide de petits écouteurs, les gens perçoivent plus difficilement les nuances sonores. Sans même s’en rendre compte, ils perdent dès lors leur capacité d’analyse auditive. Il n’est donc pas étonnant que les étudiants se disent majoritairement contents de la qualité de la musique sortant de leur baladeur.

LA MUSIQUE SOUS TOUS SES FORMATS

La musique peut être numérisée sous plusieurs formes.Ainsi, de nombreux formats de fichiers audio ont été développés au fil du temps.

FORMAT CD

Développé par l’entreprise d’électronique Philips dans les années 1980, il s’agit du format de référence encore aujourd’hui. La plupart des autres formats sont des compressions numériques du format CD. Il possède une résolution de 44,1 kHz/16 bits.

WAV

Aussi appelé le WAVform Audio File Format, il s’agit du format favori de Microsoft. Il est généralement utilisé sous cette interface, mais peut être lu par la majorité des baladeurs et par les ordinateurs Macintosh. Sa qualité peut être équivalente à celle d’un disque compact.

MP3

Il s’agit du format le plus utilisé. Il peut être lu par la très grande majorité des baladeurs numériques, des ordinateurs et même des consoles de jeux récentes. Sa fréquence d’échantillonnage varie entre 16 et 48 kHz.

AAC

Reconnu en 1997, l’Audio Advanced Coding est le format privilégié par Apple. Par exemple, l’iPod et le logiciel iTunes ont recours à ce format. Plus performant que le MP3, il n’a cependant pas encore réussi à le détrôner en termes de popularité. Son débit d’échantillonnage peut varier entre 8 et 96 kHz.

FORMAT PONO

Les créateurs du lecteur PonoMusic et de son format personnalisé se sont donnés pour mission d’offrir une qualité d’écoute optimale. La résolution de ce format est de 192 kHz/24 bits et est ainsi largement supérieure à celle du format CD. Il peut également emmagasiner six fois plus d’information que le MP3. Pour l’instant, seul le baladeur PonoMusic, qui n’est pas encore sur le marché, peut le lire.

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