Où est l’argent des étudiants ?

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Par Marine Gachet
lundi 27 janvier 2020
Où est l’argent des étudiants ?
Avec l'argent réclamé, les étudiants les plus pauvres pourraient gagner jusqu'à 125$ de plus par mois. Crédits : Pixabay - QuinceMedia
Avec l'argent réclamé, les étudiants les plus pauvres pourraient gagner jusqu'à 125$ de plus par mois. Crédits : Pixabay - QuinceMedia
L’Union étudiante du Québec (UEQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ont lancé la campagne « Où est notre argent ? ». Les deux organisations estiment que le Québec doit 197 millions de dollars à la communauté étudiante.

Selon le président et porte-parole officiel de l’UEQ, Philippe LeBel, deux crédits d’impôt, pour les études et pour les manuels scolaires, ont été supprimés par le gouvernement fédéral en 2016. Afin de ne pas pénaliser la communauté étudiante bénéficiaire de ces crédits, celui-ci a ainsi décidé d’effectuer un réinvestissement sur cinq ans dans le but d’améliorer ses programmes de prêts et bourses aux étudiants. Le Québec, qui dispose de son propre programme d’aide financière aux études (AFE), ne peut pas bénéficier de cet investissement et reçoit à la place un transfert compensatoire de la part du gouvernement fédéral, afin de pallier la suppression des crédits d’impôt.

En 2016, le gouvernement Couillard a accepté d’utiliser ce transfert compensatoire pour améliorer le programme de l’AFE du Québec. Un montant de 80 millions de dollars a été retourné à la communauté étudiante québécoise par le réinvestissement en AFE de 2017. Toutefois, M. Lebel estime que les étudiants de la province sont perdants avec cet arrangement. « En supposant que les crédits d’impôt n’aient pas été supprimés, la communauté étudiante aurait dû recevoir 277 millions de dollars en 2020 », calcule-t-il. En soustrayant à cette somme les 80 millions déjà versés à l’AFE en 2017, l’UEQ et la FECQ avancent que le gouvernement du Québec doit 197 millions de dollars à la communauté étudiante.

La secrétaire générale de la FAÉCUM, Sandrine Desforges, affirme que ce manque à gagner empêche le programme d’aide financière aux études d’atteindre pleinement ses objectifs. « L’AFE permet aux membres de la communauté étudiante en situation de précarité financière d’accéder à des études et à les poursuivre, déclare-t-elle. Ces aides servent notamment à payer les frais de scolarité ou les dépenses associées au logement, par exemple. »

M. LeBel souligne que l’estimation du coût de la vie aux études de l’AFE ne reflète plus la réalité des dépenses quotidienne. « Cet argent devrait servir à ce qu’une bonification des bourses soit faite pour les étudiants les plus pauvres, qui pourraient recevoir jusqu’à 125 dollars de plus par mois pour les aider à payer leur loyer », précise-t-il.

Les associations qui participent à la campagne, dont la FAÉCUM, demandent à ce que la totalité du montant perdu soit compensée et investie dans l’AFE.

Où est l’argent ?

« Pourquoi, au Québec, est-on perdant ? », demande M. Lebel, rappelant que le reste de la communauté étudiante canadienne est sortie gagnante de ce changement. « On aimerait avoir une réponse officielle de la part du ministre », ajoute-t-il. Le président de l’UEQ se désole de voir les demandes de rencontre de l’union sans cesse repoussées par le cabinet du ministre Jean-François Roberge. Il affirme que personne ne sait comment est utilisée cette somme, qui devrait servir pour la communauté étudiante.

Selon Sandrine Desforges, le but premier de la campagne est de montrer au gouvernement que la population étudiante est au courant de l’enjeu. « À l’UdeM, on est 40 000 étudiants et étudiantes, donc si tout le monde se mobilise, on peut vraiment imposer une pression au gouvernement pour qu’il nous entende. »

M. LeBel explique que la campagne va s’effectuer dans un premier temps sur les réseaux sociaux afin de gagner en notoriété. « On demande aux gens de faire des partages massifs en identifiant le cabinet, pour qu’il se rende compte que le mouvement prend de l’envergure. » Le président de l’UEQ ajoute que la réaction du gouvernement déterminera les futurs moyens de pression mis en place.