On a posé quelques questions à l’administrateur de la page Facebook « Spotted : UdeM »

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Par Romeo Mocafico
mardi 29 septembre 2020
On a posé quelques questions à l’administrateur de la page Facebook « Spotted : UdeM »
Il a 25 ans et étudie en urbanisme à l'UdeM (Crédit : capture d'écran Facebook)
Il a 25 ans et étudie en urbanisme à l'UdeM (Crédit : capture d'écran Facebook)
Les memes sur l’UQAM, son rôle de modérateur, le lien social numérique à l’heure de la COVID-19 : l’administrateur anonyme de « Spotted : UdeM » nous parle de sa gestion de la page à laquelle sont abonnées 24 000 personnes.

Quartier Libre : Quel est le but de la page ?

L’Administrateur Anonyme :Le but de la page, c’est vraiment d’avoir du fun. Moi, je veux juste ouvrir Facebook à midi, après mon cours, voir des blagues et taguer mon ami dessus, parce que je trouve ça drôle. Elle n’est pas là pour créer des polémiques.

Q.L. : Comment son rôle a-t-il évolué au fil des années ?

A.A. : Son rôle a pas mal évolué depuis sa création [27 février 2014, NDLR]. Spotted, c’était un gros phénomène quand c’est apparu il y a 5 ou 10 ans. Maintenant, notre page n’est plus vraiment un spottedà proprement parler, celle où tuspottaisla personne que tu avais vuechillerà la bibliothèque à 16 heures. Seul le nom est resté.

Q.L. : Où trouves-tu le contenu publié ?

A.A. : Je fais quelques memesmoi-même, mais la très grande majorité du contenu, ce sont les gens qui me l’envoient. Je dirais qu’environ 90 % de ce qui est publié m’est envoyé par des étudiants en privé.

Q.L. : Comment gères-tu ton rôle au sein de la page ?

A.A. : Mon travail, c’est vraiment de modérer le contenu. Si c’est trop sensible, je vais le refuser. Et si quelqu’un me demande de supprimer quelque chose, je vais le faire. C’est d’ailleurs déjà arrivé une fois.

On m’a, par exemple, envoyé des images de commentaires racistes sur Zoom, des memesciblés avec des noms, des photos avec des gens qui posent bizarrement. Moi, je ne poste pas tout ça sur la page. Je n’ai pas envie d’inciter à l’intimidation. Je ne veux pas non plus que la page disparaisse à cause de choses comme ça.

À l’inverse, j’ai reçu des trucs qui me semblent importants, que j’aurais personnellement voulu poster, mais je ne l’ai pas fait, parce que je ne voulais pas prendre position. Ce n’est pas une page pour donner mon point de vue. Mon opinion n’est pas importante.

Q.L. : Comment l’UQAM est-elle devenue une cible privilégiée des publications de la page ?

A.A. : Un jour, j’ai posté le message : « Bonne rentrée à tous nos amis du cégep de l’UQAM ». Ce petit clasha fait un hit, et j’ai trouvé que c’était une bonne façon de faire repartir la page. Ce n’est rien de méchant. Je ne dis pas que les étudiants de l’UQAM sont inférieurs à ceux de l’UdeM, et je pense que les abonnés de la page « Spotted : UdeM » pensent la même chose. Ce sont juste des blagues. Sur certains programmes, l’UdeM est meilleure que l’UQAM, mais elle aussi a ses forces.

Peut-être que ces clashsfroissent les étudiants de l’UQAM, mais on en a parfois qui viennent sur notre page pour dire « Je trouve ça le fun, et j’aimerais que l’UQAM embarque dans le memes war ».

Q.L. : La page « Spotted : UQAM » a récemment refusé de répondre aux publications que tu postes les concernant. Comment considères-tu cette décision??

A.A. : Je suis déçu. Je trouve ça plate de prendre ces choses personnellement. Je veux encore qu’il y ait du clash. Les likes et les commentaires sur notre page reflètent aussi une certaine position des abonnés par rapport à cela. Concordia, McGill, eux aussi clashentparfois, de manière même assez vulgaire. Happyland, le monde des calinours, moi, je trouve ça plate. J’aime quand il y a du feu, j’aime quand il y a des roasts.

J’espère que « Spotted : UQAM » va finir par répondre. J’invite, sinon, la communauté de l’UQAM à rejoindre notre page pour participer aux clashs. S’il y en a des bons, on pourra même les poster.

Q.L. : Penses-tu que ces contenus soient un bon moyen pour rapprocher les étudiants et les différents établissements ?

A.A. : C’est certain, surtout avec le contexte actuel de pandémie. Avec les cours en ligne, tout le monde est un peu déconnecté. Si chacun travaille de chez soi, à distance, c’est difficile de sociabiliser. Les publications créent du lien.

Q.L. : Comment en es-tu arrivé à gérer cette page, et vas-tu en rester le modérateur ?

A.A. : Pour le rôle de modérateur, on se passe le flambeau d’étudiant en étudiant. En général, dès que tu as obtenu ton diplôme, tu laisses ta place. Je ne suis pas le créateur de la page, mais ça fait un bout de temps que je suis là, quelques mois. À 25 ans, j’ai bientôt fini mes études d’urbanisme à l’UdeM.

Pour intégrer la page, j’ai simplement répondu à une annonce que le précédent administrateur avait publiée. Je gère deux autres pages à côté de celle-ci, ce n’est pas mon premier Spotted. Ça a dû jouer dans la décision.