Le 25 septembre dernier, Polytechnique Montréal a obtenu la Certification Parité de la part de l’organisme La Gouvernance au Féminin, notamment pour ses pratiques de recrutement, qui visent à augmenter la proportion de femmes au sein de son personnel. Cette initiative fait partie du plan stratégique 2018-2023 de l’École.
En quête de la zone paritaire
Atteindre la « zone paritaire » apparaît comme une nécessité pour Polytechnique. D’après la directrice associée à la
formation et à la recherche et coprésidente du Comité sur l’équité, la diversité et l’inclusion, Annie Ross, cette zone consiste à assouplir l’idée de parité théorique voulant 50 % de femmes et 50 % d’hommes au sein du personnel d’un établissement. Le but est de proposer un objectif plus réaliste de 40 % de femmes et 60 % d’hommes.
De plus, d’après Mme Ross, cette parité est essentielle à la créativité et à la performance des organisations. « Les hommes et les femmes n’abordent pas les défis de la même façon », explique-t-elle.
Polytechnique s’est également donné pour objectif d’atteindre la parité dans le corps professoral, afin de permettre aux femmes d’accéder aux postes décisionnels. « S’il y a peu de femmes dans le corps professoral, il y aura forcément peu de femmes dans les postes de haute direction », ajoute le conseiller principal en développement durable à Polytechnique, Patrick Cigana, qui a mené le projet de certification auprès de La Gouvernance au Féminin.
Si l’école d’ingénierie a obtenu la médaille de bronze auprès de l’organisme, c’est notamment à cause de la faible représentation des femmes parmi les professeurs. « Aujourd’hui, on est à 14 % de femmes dans le corps professoral, il faut donc se rendre à 40 % au minimum, déclare Mme Ross, qui est également professeure en génie mécanique. On est dans une grande mouvance actuellement pour revoir nos pratiques de recrutement, afin de reconnaître les compétences et les acquis de carrière des uns et des autres. »
Pour davantage d’ingénieures
L’École avait déjà commencé à tendre vers la parité avant de soumettre sa candidature. « On a travaillé sur la formulation de nos offres d’emploi pour utiliser un vocabulaire le plus inclusif possible », illustre M. Cigana. Cependant, Mme Ross et lui ont conscience que ce type de démarches ne suffit pas. « Avant d’arriver au poste de professeur, il faut devenir ingénieur, et quand on regarde les étudiants de Polytechnique, on n’est pas à cinquante-cinquante, note M. Cigana. Il y a plutôt entre 28 et 30 % de femmes étudiantes. » Selon lui, pour atteindre la parité dans le corps professoral, il faut déjà l’atteindre dans le corps étudiant. « On fait des présentations dans les cégeps et dans les écoles secondaires pour inciter les jeunes femmes à se tourner vers l’ingénierie », ajoute-t-il.
Polytechnique Montréal partage le programme « 30 en 30 » de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ), qui a pour objectif d’avoir au moins 30 % de femmes dans les cohortes étudiantes de première année de baccalauréat en ingénierie en 2030. « Comme la tendance est bonne, on a toutes les raisons de croire qu’on atteindra les objectifs de l’OIQ », affirme Mme Ross.
Un modèle pour les autres universités
Si Polytechnique Montréal a fait la demande de cette certification, c’est pour avoir un regard extérieur sur ses pratiques d’amélioration de la parité et obtenir un accompagnement. « À Polytechnique, on ressent une grande fierté d’avoir reçu cette certification, c’est un message d’espoir, avoue-t-elle. C’est important pour nous; cela montre qu’on est sur la bonne voie. »
Après avoir reçu la Certification Parité, l’école d’ingénierie ne compte pas en rester là. « Polytechnique s’engage pour la parité, souhaite être progressiste et si, au travers de cela, on peut être un modèle pour les autres, pourquoi pas ? », conclut Mme Ross. Annie Ross se réjouit que l’établissement soit récompensé pour ses efforts.