Numérique : Le dictionnaire en pleine redéfinition

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Par Jasmine Jolin
mardi 2 octobre 2012
Numérique : Le dictionnaire en pleine redéfinition
Monique Cormier le reconnaît elle-même, elle va parfois directement sur Google au lieu d’ouvrir un dictionnaire. (Crédit : Rémy Boily)
Monique Cormier le reconnaît elle-même, elle va parfois directement sur Google au lieu d’ouvrir un dictionnaire. (Crédit : Rémy Boily)

Le dictionnaire, l’ouvrage de référence par excellence, est-il voué à devenir un  objet de collection comme le vinyle? À l’ère du 2.0 et de l’accessibilité sans  bornes à l’information en un clic de souris, le dictionnaire sur support papier  semble avoir atteint ses limites. Gros plan sur une entité en pleine redéfinition.    

Monique Cormier, directrice du  département de linguistique et de  traduction de l’UdeM, ne s’en cache  pas : elle non plus n’ouvre pas toujours son dictionnaire«Quand j’ai une recherche rapide  à faire, je vais tout de suite sur Google,  explique-t-elle. Avec le numérique, l’information  est souvent plus à jour que dans les  ouvrages papier qui, eux, doivent être réédités.» Elle organise d’ailleurs, le 4 octobre, un  colloque international dans le cadre de la 4e  Journée québécoise des dictionnaires. Pour la  linguiste, la révolution ayant lieu dans le monde  des dictionnaires est flagrante. «Nous constatons  un changement des habitudes, autant  chez les professionnels de la langue que chez  les gens en général, dit-elle. En fait, nous ne  parlons plus de changement, il s’agit d’une  façon totalement différente de travailler.» 

L’Office québécois de la langue française  (OQLF), qui édite Le grand dictionnaire terminologique,  a lui aussi emboîté le pas vers  le numérique. «Nous ne rééditerons pas ce  dictionnaire en version papier, c’est inutile. Le français, en tant que langue vivante, est  en constante évolution, et la banque de données  en ligne permet une mise à jour régulière  », déclare Martin Bergeron, porte-parole  de l’OQLF .

Une industrie en réaction 

Les éditeurs de dictionnaires en format papier  se sont donc mis au numérique. Les Éditions  Druide, l’entreprise derrière le programme  informatique Antidote, en est un parfait  exemple. «Depuis quelques années déjà, on  assiste à un phénomène de fragmentation  du marché entre le numérique et le papier»,  affirme le président et chef de direction des  Éditions Druide, Luc Roberge. Il vante notamment  la vitesse de recherche que permettent  les applications en ligne. 

Mais est-ce donc la fin du dictionnaire papier ?  «Pour l’instant, non, répond M. Roberge. Le  numérique va continuer à progresser, mais  le support papier ne disparaîtra jamais. »  D’ailleurs, les Éditions Druide ont lancé, il y a  quelques semaines, Le Grand Druide des  cooccurrences, un dictionnaire tiré directement  d’Antidote, preuve qu’une demande pour  les ouvrages de référence en reliure existe toujours .

Même projection optimiste de la part de  Mme Cormier. «Il existe encore une grande  habitude au dictionnaire sous sa forme traditionnelle,  le numérique ne chassera pas le  livre de sitôt.» Comme le vinyle, M. Roberge  pense que le dictionnaire traditionnel restera . «Même si c’est marginal, il y aura toujours  des maniaques et des collectionneurs.»

 

Du papier au numérique : la mutation des dictionnaires

C’est le titre d’un colloque international organisé dans le cadre de la 4e Journée québécoise des dictionnaires. Il a lieu le jeudi 4 octobre à la Grande Bibliothèque de Montréal. Ce colloque réunit des spécialistes de l’édition et de la langue française, dont l’écrivain argentino-canadien Alberto Manguel.