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Plusieurs mesures ont été adoptées par l’Université afin de diminuer le niveau d’anxiété des étudiants. Crédit : Jeswin Thomas via Unsplash.

Nouvelles mesures pour la télésurveillance à l’UdeM : entre soulagement et doutes

Le trimestre dernier, la FAÉCUM a rapporté une augmentation du niveau de stress chez les étudiants et les étudiantes en raison de la télésurveillance des évaluations. Afin de mieux encadrer ces pratiques, l’UdeM a publié un nouveau guide. Comment ces pratiques sont-elles reçues par la communauté étudiante ?

Le nouveau guide sur la surveillance numérique des examens avec Zoom a été publié le 19 février dernier. Plusieurs mesures ont été adoptées par l’Université afin de diminuer le niveau d’anxiété des étudiants.

« Les professeurs doivent désormais avertir leurs étudiants deux semaines à l’avance lorsqu’un examen sera télésurveillé avec Zoom », explique la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara. C’est une consigne qui vise spécifiquement à réduire le stress des étudiants. » Afin de mieux préparer ces derniers, les professeurs devront également proposer des ateliers pratiques sur l’utilisation de Zoom avant un examen. Mme O’Meara ajoute que les grands groupes sont désormais divisés en sous-groupes de 25 personnes lors des évaluations.

Réduire le stress 

L’étudiante en année préparatoire en sciences Andrea Laroche est satisfaite de ces nouvelles mesures. « Je trouve que les consignes sont non seulement rassurantes, mais elles prouvent aussi que l’UdeM a comme but principal que nos évaluations se passent bien », déclare-t-elle.

L’étudiant en économie et politique Salif Mohamed Goïta partage le même avis. Selon lui, faire un examen télésurveillé avec Zoom est plus stressant qu’en présentiel. « Tu as peur de faire un mouvement brusque et que le professeur pense que tu es en train de tricher », explique-t-il. Dans le cas d’un futur examen, l’étudiant pense que ces nouvelles mesures permettront de réduire son niveau de stress.  

De son côté, Andrea voit des avantages à la télésurveillance. « Je trouve cela encore plus simple, car on n’a pas à se déplacer, poursuit-elle. On est assis chez soi, on clique sur le lien et on n’a pas à se soucier d’avoir peur d’arriver en retard à cause du métro ou du stationnement. »

La secrétaire générale de la FAÉCUM, Sandrine Desforges, est globalement satisfaite de la publication de ce guide. La Fédération aimerait toutefois obtenir des précisions en ce qui concerne l’interdiction du port de couvre-chef ou de tout vêtement ne permettant pas l’identification du visage durant les examens télésurveillés. « Pour certaines personnes voilées ou qui n’ont habituellement pas le visage découvert lors des évaluations, ça pose un problème, estime Sandrine. En présentiel, une démarche est mise sur pied pour s’assurer que ces personnes puissent être identifiées avant l’évaluation. Ce n’est pas disponible en ligne actuellement, ou bien si ça l’est, ce n’est pas diffusé. »

Mme O’Meara affirme que jusqu’à présent, aucune situation de ce genre n’a été rapportée. « La référence à une pièce d’habillement se voulait très générale pour inclure tout ce qui pourrait nuire à l’identification de l’étudiant ou de l’étudiante, précise-t-elle. Si la situation se présentait lors d’un examen à distance, la personne pourrait se dévoiler seule devant son ordinateur, le temps de la vérification de l’identité, en présence de la personne surveillante uniquement. » La porte-parole de l’UdeM assure que la confidentialité et l’intimité de la personne seraient assurées. 

Des mesures adaptées à la réalité ?

Selon Mme O’Meara, les nouvelles consignes ont été instaurées en se basant sur l’expérience du trimestre d’automne ainsi que sur des commentaires d’étudiants et de la FAÉCUM. Les étudiants avaient notamment partagé leurs inquiétudes quant aux éventuels problèmes techniques lors des examens.

Une autre nouvelle mesure concerne la mise en place d’un protocole établi par les professeurs, qui indique clairement aux étudiants comment réagir en cas de problèmes techniques. Pour Salif, avoir accès direct à un technicien sur la plateforme en cas de problème serait plus pertinent. « Quand tu as un problème, il faut communiquer avec le surveillant, qui, à son tour, écrit au professeur, précise-t-il. Avoir accès directement à un technicien sauverait du temps. »

L’étudiant au baccalauréat en anthropologie Thomas Garneau-Lelièvre se demande si ces nouvelles mesures sont réellement adaptées aux besoins des étudiants. « J’aimerais qu’il y ait une meilleure consultation de la communauté étudiante pour savoir quels sont les plus gros problèmes que les personnes rencontrent, avance-t-il. Après ça, il faudrait aussi voir s’il y a des alternatives à la télésurveillance par Zoom, repenser les évaluations et les adapter au domaine d’études. » Selon lui, les examens télésurveillés ne sont pas nécessaires dans son programme d’anthropologie, où il est possible d’évaluer les étudiants avec des questions à développement.

D’après Mme O’Meara, le Centre de pédagogie universitaire (CPU) a développé des guides pour que les enseignants puissent adapter leurs évaluations et trouver d’autres méthodes que les examens. « Cependant, on entendait parfois au trimestre d’automne, de la part de certains étudiants, qu’ils étaient submergés de petits travaux, détaille-t-elle. Le but est de trouver un équilibre dans tout ça. »

Vie privée et télésurveillance

Pour Thomas, les examens télésurveillés soulèvent néanmoins des problèmes éthiques. « Le fait de demander aux étudiants d’allumer leur caméra chez eux, dans l’endroit où ils sont supposément le plus en sécurité, c’est délicat, souligne-t-il. Ce n’est pas un endroit où les professeurs devraient pouvoir te dire quoi faire, ce n’est pas leur juridiction. »

Andrea pense le contraire. « Je ne comprends pas que certains étudiants soient outrés d’avoir à ouvrir leur caméra, ajoute-t-elle. Si nous étions en classe, nous pourrions voir comment les autres sont habillés ou peignés. » L’étudiante estime que sa vie privée n’est pas atteinte lors des surveillances à distance.

D’après Sandrine, les consignes du guide permettent de mieux respecter la vie privée. « Une personne qui ne voudrait pas exposer son chez-soi peut désormais s’organiser pour réserver un espace et aller faire l’examen à l’Université, affirme-t-elle. Le fait de savoir à l’avance que l’examen sera télésurveillé le permet. »  

Pour les prochaines évaluations, la FAÉCUM souhaite voir les mesures du guide dûment appliquées et bien communiquées au personnel enseignant ainsi qu’aux étudiants. 

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