L’industrie cinématographique attendait que le gouvernement fédéral pérennise la somme de 50 millions de dollars qui bonifie le budget de Téléfilm Canada lors de l’énoncé économique de l’automne 2023.
La coalition #AvenirDUSPECTACLE, qui regroupe 30 organisations canadiennes de diffusion de spectacles ou d’organisation de festivals, espérait quant à elle la reconduction de la bonification de 8 millions de dollars par année du Fonds du Canada pour la présentation des arts (FCPA), instaurée en 2019.
Le milieu musical comptait lui aussi sur le renouvellement de la subvention de 10 millions de dollars accordée au Fonds de la musique du Canada en 2018- 2019.
Néanmoins, aucune de ces annonces n’a eu lieu, semant l’inquiétude dans le secteur du divertissement.
« En 2024, on va retourner aux budgets de 2018, alors que l’inflation a fait son œuvre, a annoncé le président du Regroupement des événements majeurs internationaux (REMI), Martin Roy, à Radio-Canada en décembre dernier. C’est une situation intenable, les gens sont en colère. »
La production indépendante menacée
Malgré une année faste pour le cinéma québécois – six films ont dépassé le cap du million de dollars –, la production indépendante québécoise est de nouveau menacée.
En 2021 et 2022, celle-ci représentait environ 37 % de la valeur totale du volume de production, soit un peu plus d’un milliard de dollars. Elle représentait également l’équivalent d’environ 23 000 emplois à temps plein directs et indirects.
Dans une lettre ouverte publiée dans La Presse en décembre dernier, la réalisatrice et autrice Léa Clermont-Dion et le fondateur, président et producteur d’Item 7, Pierre Even, annonçaient qu’à la suite des annonces du gouvernement fédéral, « Téléfilm Canada [perdrait] 40 % de son budget alloué à la production et des dizaines de projets en attente de financement se [verraient] annulés ».
La présidente-directrice générale de l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM), Hélène Messier, partage les mêmes inquiétudes. « Les producteurs sont très inquiets, l’industrie est très fragile », estime-t-elle. En l’absence d’une aide financière rapide, des « coupes importantes au niveau du nombre de productions ou de la qualité des productions » auront lieu, a-t-elle précisé en décembre dernier au journaliste Jean-Philippe Angers de La Presse canadienne.
Un avenir incertain pour les salles de spectacle
Plusieurs salles émergentes sont également « en eaux troubles », alertait le journaliste Félix Morissette-Beaulieu à Radio-Canada en novembre dernier. Face à la baisse d’achalandage, à la multiplication des lieux de diffusion qui entraîne une « compétition féroce » et à l’explosion des coûts en raison de l’inflation et de la pénurie de main-d’œuvre, certains lieux de diffusion font face à l’incertitude pour leur avenir.
C’est d’ailleurs face à un constat similaire que les salles de spectacles pluridisciplinaires « ont [tiré] la sonnette d’alarme », par le biais de l’association RIDEAU, qui représente plus de 170 diffuseurs au Québec, a annoncé le journaliste au Devoir Etienne Paré en décembre dernier. L’association a ainsi demandé au gouvernement provincial de bonifier de 7,7 millions de dollars ses aides aux salles multidisciplinaires dans son prochain budget.
Le directeur général des Scènes de musique alternative du Québec (SMAQ), Jon Weisz, dont le réseau réunit des salles de spectacles émergentes, a également exprimé son inquiétude par voie de communiqué face à l’absence de mesures dans l’énoncé économique du gouvernement fédéral. « La posture d’austérité du gouvernement fédéral est compréhensible, mais risque d’entraîner la fermeture de salles de concert indépendantes, qui ne reçoivent actuellement aucune aide du gouvernement fédéral », a-t-il souligné.
Cette situation se retrouve aggravée en raison de la baisse de pouvoir d’achat de la population québécoise, qui subit déjà l’inflation au quotidien. « On sent déjà un petit effet de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt sur les ventes de billets, a indiqué la directrice de l’association RIDEAU, Julie-Anne Richard, au Devoir. […]. Si on augmente le prix des billets, ce sera encore plus difficile de vendre les billets pour les spectacles d’artistes émergents. »