Opinions

Non au démantèlement du Café Anthropologie

L’administration de l’Université de Montréal (la Faculté des Arts et des Sciences et le rectorat) a récemment annoncé sa réappropriation du backstore du Café Anthropologie, en raison du réaménagement qu’entraînera le déplacement de la Collection d’objets ethnographiques dans le local voisin du Café (C-3027 du pavillon Lionel-Groulx). Cette collection est présentement entreposée au Département de physique au pavillon Roger-Gaudry, duquel elle doit absolument être déplacée pour cause de rénovations. Sans réelle consultation préalable du Café et du Département d’anthropologie, ces mesures seraient très certainement appliquées en 2015.

Fondé il y a plus de 25 ans par des étudiant.e.s, le Café Anthropologie a comme objectif de proposer des produits à prix très modiques en favorisant des fournisseurs équitables et d’offrir un lieu de rencontre et d’échange. Sans but lucratif, il est autogéré de manière horizontale par des bénévoles provenant de plusieurs départements de l’UdeM et est aussi une plaque tournante de la vie académique du Département d’anthropologie. Son implication dans des levées de fonds (allant parfois jusqu’à fournir plus de 40% du budget annuel de certains organismes) ont contribué, pour plusieurs organisations telles que le Festival International du Film Ethnographique du Québec (FIFEQ), le Regroupement Étudiant en Archéologie de l’Université de Montréal (RÉAUM) et le Groupe d’Étude Interdisciplinaire sur la Nature Humaine (GEINH), à la poursuite de leurs activités et au rayonnement de la discipline anthropologique. Fréquenté à la fois par des étudiant.e.s, des professeur.e.s et des employé.e.s affilié.e.s à plusieurs instances de l’UdeM, il est un espace commun de rencontre pour l’implication sociale et militante à plusieurs niveaux. C’est donc toute la grande communauté de l’UdeM qui est touchée par cette décision.

De plus, il est important de noter que le rapatriement de la Collection va de pair avec nos revendications. Constituée légalement par les professeur.e.s fondateur.trice.s du Département depuis les années 1960, elle est un outil important pour la recherche scientifique, tant pour les professeur.e.s que pour les étudiant.e.s. Son rapatriement sur l’étage du Département permettrait un accès démocratisé à celle-ci. Dès lors, elle participerait plus activement que maintenant à la construction de savoirs anthropologiques.

Toutefois, ces mesures impliquent vraisemblablement une fermeture du Café durant les travaux de réaménagement, ainsi qu’une réduction substantielle de l’espace disponible pour les usager.ère.s du local, ce qui freinerait l’organisation d’événements au Café : soirées de financement, groupes d’intérêts académiques, colloques, etc. En refusant d’envisager des solutions alternatives, l’administration (Faculté des Arts et des Sciences et le rectorat) s’attaque à l’un de nos rares espaces de rassemblement étudiant. En plus d’être une perte significative pour la grande communauté de l’UdeM, la prise unilatérale et non-concertée du backstore augmente les possibilités que d’autres mesures drastiques soient imposées par l’administration. Ultimement, cette approche constitue une menace pour tous les espaces étudiants de notre institution.

Au final, leur réappropriation du backstore s’inscrit directement dans l’idéologie néolibérale de la marchandisation de l’éducation. Cette gestion des institutions universitaires à la manière d’une entreprise privée transparaît notamment dans la réduction progressive des lieux autogérés par des étudiant.e.s. Par exemple, il ne reste qu’un seul Café étudiant à l’Université McGill. Dans notre cas, le flou entretenu autour de la planification des travaux de réaménagement, ainsi que le manque de considération dont l’administration fait preuve quant à la participation des principaux acteurs concernés par cette décision, démontre que l’opinion de la communauté universitaire pèse bien peu dans le processus décisionnel de la gestion des espaces à l’UdeM.

Votre Café Anthropo

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